l’atelier…suite

Posté par traverse le 13 août 2006

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2.

 

Ils viennent de partout, écoles, usines, familles, prisons, hôpitaux, centres culturels, bibliothèques, de tous ces lieux de pauvreté secrète, ils découvrent, prennent position, s’installent, parlent d’écriture, d’emblée, ils en rêvent, ne savent plus que dire, se préparent au pire qui serait de comprendre qu’ils ne pourront jamais y arriver seuls, alors se rassemblent, s’encouragent, se soutiennent, comparent la qualité des ateliers passés, rêvent de celui-ci, anticipent leurs résultats, s’inventent de lourdes préoccupations récentes, des mariages, des naissances, des enterrements, des bouleversements métaphysiques soudains, des parents morts et des maladies secrètes, se nourrissent de malheur ou d’un excès de bonheur trop exubérant, évoquent Dieu, le Diable, le sexe, le trou, le grand  trou du remords, la vie passée a des choses trop humaines, puis se reprennent, se contredisent, reconnaissent l’importance de la durée, de l’ennui dans la naissance d’une œuvre, combattent pied à pied la peur de disparaître dans l’insuffisance de leur ambition, citent leurs dernieres trouvailles, tombent au même instant dans un modeste silence, se rapprochent néanmoins du plus important qui est d’être la, d’avoir trouve et pris le temps sur le temps, de se reconnaître le droit a cette bizarre comédie d’écriture, ils redressent la tête, se découvrent un destin, une famille, du moins une tribu d’errance, certains se connaissent depuis si longtemps, ils écrivent ensemble depuis une éternité, se lisent et se commentent avec tant de complicité qu’ils en deviennent exceptionnels, ils tournent autour de la bête, ne l’approchent que rarement, crèvent de peur, ne peuvent pas en parler encore, la dynamique doit se reconstruire a chaque fois, les présentations auront lieu ce soir, sont un peu tendus, savent que le jeu qu’ils jouent n’est pas très net, affirment le jour en rêvant de la nuit, ont peur du noir et le redoutent encore plus dans la solitude qu’ils prétendent atteindre, déballent leurs petites affaires, dictionnaires, ordinateurs portables, crayons de couleurs, fiches et outils déclencheurs d’imaginaire, ont appris que ca se travaille comme le reste, mais ne savent pas toujours comment travailler le reste, échangent des revues spécialisées, des adresses de sites Internet, des souvenirs, de la peur au ventre, du désir au cœur et des banalités.
 

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