Il n’y a pas de règle, le tout est de rendre compte des grimaces et des dérèglements de l’univers. Quelque chose de la grimace, autrement dit un reste de la Méduse qui traîne en permanence sur le visage du monde et qui devrait nous laisser dans l’effroi ou la joie d’avoir pu approcher si près tant et tant d’horreur inutile.
Sur ce visage, c’est de l’enfance, du monstrueux, de l’obscène, de la curiosité aussi qui ont survécu à ce qui mit autant d’années à nous façonner la face et la démarche et que nous appelons, faute de mieux, intelligence.
Car cette intelligence-là est probablement ce qui nous a le plus conduit au tombeau, et nous y arrivons…en grimaçant. Ces étirements de l’âme et de la peau, ces laideurs appuyées, ces affres simulés sont les signes amoureux de notre ancienne fréquentation des monstres, et que nous tentons d’oublier dans la raideur (des lois, des dictatures, des démocraties). De la raideur enfin, il nous faut oublier également l’impossible projet.
Cela tient grâce à la violence ou, au mieux, à l’absolue désinfection des comportements et des pensées. Plus propre que jamais, l’art s’éloigne et de la violence et de la purulence. Il se veut ludique, adapté, émotionnel, classe.
Les grimaces ne sont plus que des tics, les monstres, des marionnettes souples, l’obscène du porno chic et le vertige de l’oubli du « devoir de mémoire ». Un devoir de plus assigné à l’art et le voilà (re)devenu saint-sulpicien. Il régule, accueille, comprend ; il combine, organise, s’interpose (contre les « barbaries » de tous ordres) ; il rassemble au lieu de diviser, accorde au lieu de décomposer, bref, évolue.
Probablement qu’il sait qu’il ne compte plus.