L’école a brûlé (suite2)
Posté par traverse le 11 décembre 2006
Vive les vacances,
plus de pénitences,
les cahiers au feu
et les profs au milieu…
C’était pour rire, pour chahuter, pour le bazar, pour échapper un instant au sort des gamins aux têtes bien rasées. Quand les pions passaient près de nous, on chantait à tue-tête, puis on la fermait. Et l’année reprenait, les cours, l’ennui, la violence, l’humiliation, la médiocrité, les injustices qu’on avalait en douce mais qui nous pourrissaient la vie, les filles qu’on apercevait à la récréation de l’autre côté du mur, les gifles parfois, mais pas souvent, les rangs, toujours et le temps qui se traînait. On y arrivait ou pas. Certains nous quittaient à peine passé l’âge des culottes courtes, apprentis, manœuvres, coursiers, il y avait toujours moyen de s’en sortir. Les accidents de moto ont commencé à élaguer, mais c’est venu un peu plus tard.
L’école, pour beaucoup, c’était un parc d’où on regardait le monde. Un parc sombre et dangereux où la plupart apprenaient consciencieusement à devenir les salauds d’aujourd’hui. Pas bêtes, drôles souvent, amicaux à cracher par terre comme un seul pote, mais des salauds qui se promettaient de leur en faire baver.
Le temps a passé, la chanson est morte et l’école a brûlé.
Je ne sais plus ce que je suis aujourd’hui, un peu salaud, un peu perdu, un peu trahi. Et des choses à faire encore, plein les mains. Je ne sais pas ce qui a raté exactement, peut-être tout ce qui semblait avoir réussi.
Mais l’école a brûlé et cette veille chanson de gamins fabriqués dans l’écoeurement des devoirs de toutes sortes me remonte au bec ce matin.
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