…tombeau premier pour la voix

Posté par traverse le 20 janvier 2007

 …tombeau premier pour la voix rouillée de trop d’intransigeance, de trop de phrases dites pour tenter de faire tenir le monde debout, exit ces phrases et bienvenue aux nouvelles, marquées du fil rouge de la colère, bienvenue aux phrases de défaite, de délabrement et de désastre, bienvenue à vous qui êtes si peu employées en public, reléguées au profond de l’impuissance et des rêves éteints, bienvenue, tombeau deuxième ensuite pour nommer cette colère qui découpe la lame qu’elle croit lever, et frappe sur le corps de qui l’entretient, c’est alors qu’elle est la plus définitive, arrachée aux fulgurances de la voix, aux intransigeances du corps qui se fait lourd, c’est alors qu’elle se développe comme elle entend, qu’on la voit prendre place, dans le centre de ce corps trop petit pour les débordements, qu’elle invite à inaugurer d’autres lieux plus secrets, le ventre, le sexe, la croix des épaules quand la peur est là, tout le corps quand c’est trop tard, que les chairs s’affaissent et que l’âme s’élève, rions de cette élévation, cette colère blanche, oubliée des couleurs de révolte, perdue dans ses divagations, celle qui entrouvre les flots …tombeau troisième encore pour les voleurs de sang, le mien à moi, d’une certaine manière ne m’appartient pas, il coule et roule et je m’en satisfais mais les voleurs entrent et ou le prennent comme s’ils entraient dans un jardin public et ils s’en vont et vous laissent et votre sang illumine le sol autour de votre silhouette mais ils s’en préoccupent peu, ils vous ont pris le sang, l’ont laissé et s’en vont, barbares agiles et lâches sans pardon, ils frappent n’importe où, quitte à se frapper eux-mêmes, ils arrivent, frappent et s’en vont et laissent tout ce sang s’échapper des fontaines, sang perdu et fontaine vite éteinte, tombeau quatrième encore contre la généalogie, l’arbre des illusions, les pitiés et les circonstances des tribus, contre l’attachement des clans et des familles étroites, contre cette chose terrible qui fait que la reconnaissance dévore à l’instant la bonté quelconque d’un regard, qu’elle l’use, le tourmente au nom des chansons et des histoires du groupe, contre cette machine de remords et de crainte, contre la malédiction et le renoncement au nom des ors de la tribu, contre, colère, colère, colère et encore…tombeau cinquième déjà pour le carrousel des mensonges, beau carrousel et tourne et tourne, carrousel jusqu’à ne plus nous laisser voir chevaux de bois et carrosses d’élégance, carrousel de la main sur le cœur, du contentement, des yeux humides, de la voix enrouée et des raisons majeures, carrousel magnifique des soliloques du mépris et de la tentation, tourne et tourne, emporte tes enfants qui mentent comme des arracheurs de dents, emporte-les au loin, cavale et roule carrosse, cavale, vale, vale, vale…tombeau sixième enfin avant bien d’autres que vous connaissez aussi, tombeau sixième de la colère quand les baisers ne valent plus même le temps de les donner, baisers perdus, tombés du bout des lèvres, baisers d’accompagnement qui abondent chez ceux qui abandonnent, baisers de sucre roucoulés sous le couvert des mots, baisers si froids qu’ils brûlent à tout jamais la peau, baisers que j’attends et que je donne en les multipliant et colère de compter ce miracle au nombre des usages racoleurs, colère toute enfouie devant ces baisers morts, oui…

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