Va à la gare
Posté par traverse le 6 avril 2009
« C’est ça, va à la gare, fiche-moi la paix, du balai ! ».
Combien de fois ne m’avait-on pas renvoyé aux quais, aux ballasts, aux tunnels pisseux sous les voies, aux annonces maladroites et aux retards qui n’étonnaient plus personne ?
Le temps de mon adolescence avait besoin de ces endroits où le monde s’engouffre pour se défaire et se refaire sans cesse.
Les gares n’avaient plus de secrets pour moi : j’y passais le plus clair de mon temps. Elles étaient ce qui me retenait au pays. On pouvait aller et venir comme on le voulait. Les adolescents ont besoin de ce sentiment de n’être nulle part et j’allais ainsi dans les poèmes et des vides bruyants…
Les gares, ces lieux où l’on n’existe pas au milieu de la foule qui ne fait que passer. Endroits de transit pour des départs vers d’autres possibles. Rêves de voyages, retours désespérés. Dans la salle d’attente, mes pas se sont perdus. Je regarde ces rails qui ne mèneront nulle part. Je suis un voyageur en attente, qui sait qu’aucun train ne passera plus.