Les sons de l’image, les chuchotis de la mémoire
Posté par traverse le 18 avril 2009
La semaine du Récit de vie à la Maison du Livre vient de se clôturer par les Confidences des auteurs…
La photographie et le Récit photographique…voilà la matière traitée…
Un glacis, une surface sensible, une image fantomatique, une icône apparemment inerte…
Comme si le cadrage excluait le son qui déborde, qui emmène hors du cadre, qui décentre le regard dans l’écoute…
Les sons de la photographie, des bruissements, des chuchotis et des clameurs rentrées dans les obscurcissements de la mémoire, des traînées sonores qui passent à travers l’image, des tressements, des tuilages, des enchevêtrements longtemps inouïs et qui surgissent par à-coups de la photo pourvu qu’on lui tende l’oreille.
Ces exercices d’écoute de la photographie font partie des approches systémiques du matériau photographique.
Il s’agit de préciser que la photo, l’image dont nous parlons, est posée devant soi, imprimée, arrachée à l’appareillage technologique qui produit ses propres bruits, qui détourne en permanence l’attention à la matière et renvoie aux flux de pixels instables, invalides en matière de concentration mentale.
Dans l’atelier d’écriture, c’est le moment où surgisenet les fantômes sonores de la matière photographique…
Ecrits biographiques et la photographie
Rappel de quelques réflexions et consignes émergées lors de nos trois rendez-vous d’ateliers…
1. Ecrivez ce qui est dans le cadre du point de vue factuel. Pas encore d’interprétation.
2. Idem hors du cadre. (ce que vous voyez les yeux fermés)
3. Faites le récit fictionnel qui lie les deux corpus.
4. Pointer des moments et faites des « agrandissements »…
5. Quel est le bruit dans la photo (paroles, souvenirs subliminaux,…)
6. Quelle est la place du narrateur dans le récit ?
7. Comment va-t-il faire intrusion dans le récit ? 8. Quelle est la circulation du récit dans la photographie ?
9. A quels moments reviennent dans notre vie les photos de notre vie ? Ecrire est d’abord un exercice d’admiration, d’imitation, de perversion et enfin d’invention…
Les bains de révélation des photos de noirs ne sont identiques à celui des photos de blancs… Nous sommes vus comme les mêmes par les autres (ethnies, peuples, couleurs, générations, …). La photo semble faire la différence…
Le souvenir est fractal : il prend dans le détail la forme de l’ensemble… A quoi sert le récit ? Entre autres, à donner du mouvement à ce qui semble immobile dans la photo…
Une photo est toujours, mentalement et subliminalement, précédée et suivie d’autres…Invisibles mais que le regardeur voit. (L’enchaînement des séquences que la photo raccourcit et qu’il concentre dans l’ellipse photographique) Le « fantôme » (le membre –fantôme est aussi présent mentalement que le membre réel). Qu’en est-il de la photo-prothèse ? De quels lapsus la photo s’alourdit-elle ? La photo ne vieillit pas, c’est nous qui la vieillissons pour être en accord de temps ? La photo d’identité est la plus petite… La première photo serait le suaire du Christ ? On sait que c’est une fiction mais l’image tient et devient icône…
Toute photo emprunte à une certaine idée de la cosmogonie. La photo révèle ce que nous voulons soustraire et ne pas laisser disparaître… La photo peut faire choc autoscopique et renvoyer le sujet à une sorte de sidération que le récit dénoue. Qui prenait la photo ? Où est-il, elle ?
Des réf. Sur le sujet photo : La chambre claire, R. Barthes.
Sur la photographie, Susan Sontag. Les films Blow up et Reporters d’Antonioni…
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