
50 ANS APRÈS L’ASSASSINAT DE PATRICE LUMUMBA:
VÉRITÉ, JUSTICE ET RÉPARATION POUR LE PEUPLE CONGOLAIS !
50 ans après son assassinat, le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba reste le symbole de la lutte panafricaine pour l’indépendance du Congo et l’émancipation des peuples. Son combat reste une source d’inspiration à travers le monde. Premier Ministre du Congo nouvellement indépendant, élu démocratiquement par le peuple congolais à la grande surprise du gouvernement belge qui avait organisé les élections, il est assassiné six mois plus tard, ainsi que plusieurs de ses compagnons, dont notamment Joseph Okito, Président du Sénat et Maurice Mpolo, Ministre des Sports, parce qu’ils ont tenté de libérer leur pays du joug colonial et néocolonial.
De nombreuses preuves pointent la responsabilité entre autres des gouvernements belge et américain dans l’isolement puis dans le renversement anticonstitutionnel du gouvernement Lumumba, dans l’organisation de ces meurtres, et dans la mise en place du gouvernement de Mobutu, dictateur corrompu qui a servi les intérêts des gouvernements occidentaux et de leurs multinationales.
Nous estimons que pour la démocratie congolaise et pour la démocratie belge, il est essentiel que cessent la désinformation et l’impunité qui couvrent ces crimes contre l’humanité, et que les victimes et leurs familles, mais aussi les peuples belges et congolais, aient enfin droit à la vérité, la justice, et la réparation.
VÉRITÉ !
- Nous demandons que les archives coloniales soient ouvertes dans leur intégralité.
- Nous exigeons que ne persiste aucun tabou sur la responsabilité de l’Etat belge et des divers acteurs qui ont pris part d’une manière ou d’une autre à la mise à mort du Premier Ministre Patrice Lumumba et de ses compagnons.
JUSTICE !
- Ces crimes contre l’humanité étant imprescriptibles, il faut que justice soit faite. Nous soutenons notamment la plainte déposée par la famille de Patrice Lumumba visant douze Belges suspectés d’avoir participé à l’enlèvement, la torture et l’assassinat de Patrice Lumumba, et de ses compagnons.
- Les mécanismes qui entravent la souveraineté économique et financière de la RDC, réclamée par Lumumba, doivent être démantelés; la résolution du sénat belge du 29 mars 2007 sur la dette doit être mise en œuvre, et le pillage des ressources naturelles par les multinationales belges et étrangères doit cesser. .
RÉPARATION !
- L’Etat belge et les divers acteurs de ces multiples meurtres doivent reconnaître leur responsabilité et les assumer, soit spontanément, soit par l’action de la justice;
- Nous exigeons des autorités qu’elles mènent une politique active de réhabilitation de la mémoire de Lumumba et de ses compagnons qui ont lutté pour l’émancipation africaine, en corrigeant les manuels scolaires, en lançant une exposition sur ce sujet en 2011, en ouvrant un département spécial sur l’indépendance du Congo au Musée Royal de l’Afrique centrale de Tervuren, et en leur consacrant un lieu ou une institution facilement accessible à Bruxelles
- Conformément aux recommandations de la commission parlementaire belge de 2001 et aux promesses des autorités belges, nous demandons également la mise en place immédiate de la fondation Patrice Lumumba et sa dotation adéquate, incluant les arriérés.
REFUSONS L’IMPUNITE !
RENDONS HOMMAGE AUX COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ ET L’INDÉPENDANCE !
SOUTENONS LA LUTTE DU PEUPLE CONGOLAIS POUR SA SOUVERAINETE, POUR L’INTEGRITE DE SON TERRITOIRE ET LA DEFENSE DE SES RICHESSES NATURELLES !
Pour appuyer ces revendications,
nous appelons à manifester
Dimanche 16 Janvier 2011, à Bruxelles.
Départ à 14h00 place du Trône (métro Trône),
Premiers signataires:
Organisations:
Collectif Mémoires Coloniales, CADTM Lubumbashi, CADTM Belgique, Oasis Ndjili, INTAL, LCR-SAP, Égalité, Dialoge des Peupes, Organisation Guyanaise des Droits Humains, Cercle des Amis de Lumumba, FNDP (Forum national contre la dette et la pauvreté – Côte d’Ivoire), Collectif des militants du Maroc de l’immigration d’Action et de lutte, Collectif « Venezuela 13 Avril », Mouvement International de la Réconciliation, l’Internationale des Résistant-e-s à la Guerre, Links Ecologisch Forum, Attac ULB, Respaix, Conscience Musulmane, Réveil des Consciences, LHAC « Laïcité et Humanisme en Afrique Centrale », Comité pour les droits humains, Collectif patriotes congolais, Collectif Aurora, Organisation communiste marxiste-léniniste en Belgique (OCMLB), A.P.P.EL. (actions pour la pensée politique de P.E.LUMUMBA), DIASPOC (diaspora congolaise), A.A.A. (association des artistes africains), ESPACE francophone, BEPEC (bureau d’études et de développement pour le Congo), Sans logis international, OK services , OK solutions, A.F.A.F (association des familles francophones), CERDEC (centre de recherche et de développement du Congo), FORUM NORD SUD, Le Parti Communiste d’Espagne, Fundacion IEPALA (España), COMAC, Red Mexicana de Acción frente al Libre Comercio (RMALC), PTB (Parti de Travail de Belgique), Collectif AURORA (librairie, St-Gilles),
Individus:
Elikia Mbokolo (historien), Adam Hochschild (historien), Guy de Boeck (historien), Jean Van Hees, Jean-Pierre Mbelu (Groupe Epiphanie), Balufu Bakupa-Kanyinda (Cinéaste), Paul-Emile Dupret (Parlement européen, groupe GUE/NGL), Ludo De Witte (auteur), Tony Busselen (esponsable pages internationales de Solidaire), Josy Dubié (Sénateur honoraire), Francine Mestrum (Global Social Justice), Bruno Jaffre (Coordinateur de la plateforme Vérité Justice pour Thomas Sankara), Antoine Tshitungu Congolo (auteur), Karel Arnaut (anthropologue), Guy-Patrice Lumumba (Cercle des Amis de Lumumba), Didier de Lannoy, Germain Mukendi, Albert Kisonga (Comité organisateur du colloque international de Charleroi sur la pensée de Lumumba), Lucas Catherine (auteur), Céline Caudron (porte parole de la LCR), Christine Pagnoule (membre d’ATTAC Liège), Théophile de Giraud (auteur), Brigitte Baptista, Vincent Lombume Kalimasi (écrivain), Maite Mola, Vice-présidente du Parti de la Gauche Européenne (PIE), Jean-Marc Helson (architecte), Jacquie Dever, Delforge Thierry, Nordine Saïdi (militant anticolonialiste – Mouvement Citoyen Palestine), Aude Bausmens, Akis Gavriilidis (traducteur), Raf Custers (GRESEA), Eric Pauporté (réalisateur du film « Mali d’or »), Françoise Gérard (membre de l’association des Amis du Monde Diplomatique), Irénée Domboué, AmadéI Henri, Daniel Gillard (Comité pour les droits humains ), Sami Boumendjel, Kasongo Maloba Dickens, Vincent Touchaleaume (Steg-UTG Cayenne), Georges Foy (écrivain – prof. NY University, membre PEN American Center), Daniel Simon, (écrivain, éditeur), Serge Simon, Anne-Louise Flynn, Claudine Gillet, Coeckelberghs Ralph, Dimoberzo Ngeya, Lise Thiry, Christian Carez (photographie ), Philippe Gielen, Carmelo Virone (écrivain), Jeanne-Marie Sindani (Présidente de l’Union des Patriotes de la Diaspora Congolaise (UPDC e.V.), Philomène Ekouma, Kalonji Carro Kassongo, Roger Somville (artiste peintre), Marc Somville (manager artistique), Lambert Okundji Lutula (Secrétaire cercle des amis de Lumumba), Iseewanga Indongo-Imbanda (Sociologue), Yalale, Luc Delval, Mete-Lobonza, Abbé Claude Okondjo, Serge Poliart, Joëlle Baumerder (Directrice de La Maison du Livre), Roger-Shimba Kankwende, Bertrand Terlinden, Mohammed Belmaizi (Défenseur des droits humains), André Berruer, Raoul M. Jennar (Consultant en relations internationales), José Fontaine (directeur de la revue TOUDI), Chris Den Hond (réalisateur militant), Ginette Bauwens (philosophe), Jean-Claude Englebert (Président du Foyer forestois), Herman de Ley (em.prof.), Olivier Mukuna (Journaliste), Christiane Lévéque (membre du collectif Mémoires Coloniales), Wende da Dese (enseignant membre du CAL), Veronique Bragard (UCL), Bernadette Renard, Ploumhans Madeleine (pensionnée, CADTM), Diagne Roland (porte parole du collectif Afrique – CA), Hughes Van Stichel, Anatole Atlas (Jean-Louis Lippert), Luhahi Jean-Marie, Soiresse Kalvin, Moïse Essoh (secrétaire exécutif du CODE-Cameroun), Lopez Mary, André Berruer, Francis Leboutte (ingénieur civil, objecteur de croissance), Philippe DeVillé (Professeur émérite à l’Université Catholique de Louvain (UCL), Professeur Invité à la faculté des sc. économiques, sociales et politiques IRES, Institut de Recherches Économiques et Sociales, UCL), Michel Ansay (Prof hreULG), Anne Ransquin (collaboratrice de Balufu Bakupa-Kanyinda), Enrique Santiago Romero Abogado (España), Toon Mondelaers (CvS Brussel), Vincent Robeyns (enseignant), Paul BLANJEAN (Secrétaire Fédéral, MOC VERVIERS), Marco Antonio Velázquez Navarrete (Secretario Técnicov Red Mexicana de Acción frente al Libre Comercio « RMALC »), Cinzia Donadelli (Roma, Italia), Tony Busselen (Solidaire), Jean Pestieau (professeur émérite UCL), Damien de Charrette, Jean Flinker (membre d’Attac-Bruxelles, enseignant).
Discours de Patrice LUMUMBA le 30 juin 1960
Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la défense nationale de la République du Congo, à la cérémonie de l’Indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960.
« Congolais et congolaises, combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux. Je vous salue au nom du gouvernment congolais…
…A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés
… Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres
…nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir…
Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à un régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation ?… »
« A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cours, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté .
Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang . C’est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force .
Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.
Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « Tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « Vous » honorable était réservé aux seuls blancs ?
Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort, nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même. Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs : qu’un noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens, qu’un noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à un régime d’injustice ?
Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert, mais tout cela aussi, nous, que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cour de l’oppression colonialiste, nous vous le disons, tout cela est désormais fini.
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants (.) ».
…Quand je lis ce discours, je suis adolescent, c’est le temps des luttes d’Indépendance du Tiers Monde, des basculements géopolitiques…L’Histoire m’a appris aussi à quel point la tyrannie, la corruption et la lutte impitoyables des intérêts de clans font de ce pays une terre à prébendes pour les puissants de tous bords, congolais y compris…