Le souci du détail

Posté par traverse le 30 juillet 2011

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Où Jean-Claude Legros, manie l’amitié, l’humour et un certain sens du dérisoire pour tenter de cerner Dans le Parc comme il l’entend…Que les trois vertus évoquées plus haut m’habitent pour le remercier…

Il est faux de croire que tout un chacun se sente bien à sa place sur un plateau de télévision malgré cette sorte de notoriété que ce passage lui confère (J’vous ai vu à la télé), malgré cette petite titillation orgueilleuse – qui parfois donne la chair de poule, après coup, lorsque l’on revoit l’enregistrement (Tout le monde a droit à son quart d’heure de gloire).

Voilà quelques mois, j’étais invité à l’émission Mille-Feuilles (Thierry Bellefroid, RTBF) dont le thème était « Le souci du détail ». J’y présentais « un petit machin écrit » qui relate l’ascension d’un fameux pilier rocheux dans les Alpes, qui avait eu l’heur de plaire aux décisionnaires de cette émission.

L’autre invité « en plateau » était Philippe Delerm, qui présentait son dernier livre, paru chez Gallimard « Un trottoir au soleil ». Cet ouvrage décrit par le menu les impressions ressenties, au goutte à goutte, lors de rencontres ou d’éclats d’âme : du pointillisme intellectuel tout autant que matériel. Je l’avais lu, bien entendu, puisque, dans cette émission, chaque invité doit livrer l’émotion qu’il ressent à le lecture du bouquin de son « adversaire » littéraire.

Tout de suite, je me suis senti mal à l’aise car, la veille, j’avais reçu et lu le dernier livre de Daniel Simon, Dans le parc. Je me disais, perturbé par cette lecture, stressé aussi sans doute de cette apparition télévisée qu’il aurait mieux valu que Daniel soit à ma place, pour diverses raisons.

La première : il habite Bruxelles et l’émission s’enregistrait à Charleroi. J’habite Aywaille. Le trajet était beaucoup plus court pour lui.

La deuxième : il parle beaucoup mieux que moi, est à l’aise dans le monde médiatique puisque dramaturge, metteur en scène, poète, nouvelliste, critique littéraire, animateur d’ateliers d’écriture (et bien d’autres choses dont la moindre, pour moi, n’est pas celle de penseur ou, plus précisément d’ homme de réflexion. Voulant affiner mon propos, je dirais « homme qui réfléchit » ou, mieux encore, « homme qui, par expérience et par instinct, trouve la beauté et les travers du monde, parvient à les identifier, à les nommer, à en faire surgir les singularités »).
La troisième : ses gestes sont précis. Son verbe est fort.
La quatrième – et la plus importante -: son texte, Dans le parc, me semblait correspondre beaucoup mieux que le mien au thème de l’émission : Le souci du détail.
Je connais, ce Daniel Simon, depuis près de quarante ans. Depuis certaines soirées poétiques, sous la houlette de Jacques Izoard, dans la librairie « Le Quai », en Roture, à Liège.

Il ne se passe pas une semaine sans que nous ne nous donnions de nos nouvelles . Une chose (entre autres délires verbaux, téléphoniques et « de vie » ), qui correspond à ces textes brefs que l’on trouve dans son dernier ouvrage, m’a marqué. Nous nous étions donné rendez-vous dans une brasserie de Hannut. J’étais en avance, déjà attablé. Je l’ai vu arriver. Sorti de sa voiture, il a regardé la place, a parcouru le site, en a humé l’air, en a supputé l’atmosphère, s’en est imprégné, l’a mise en lui…puis s’est dirigé vers l’endroit de rendez-vous après s’être empli de l’ambiance du lieu. Il en est de même lorsque je me rends chez lui et que nous errons à la recherche d’un café, d’une brasserie, d’un restaurant : il regarde, happe l’instant, empoigne l’émotion qu’il traduira en mots.

Dans le parc, c’est cela : des respirations, des échos d’âme, des bribes de vie qui s’échangent et se percutent, des coups et des douceurs, des surgissements comme des sources de ce qui pourrait être des vies, des transmissions d’états d’âme, des cœurs et des cris. Des vies, somme toute, qui ne se dévoilent pas mais qui se soupçonnent. Qui s’inventent, sans doute ou, en tout cas, qui ont la faculté de se laisser deviner par un simple regard, un geste…voire même un rien du tout. Comme si le banal était un fanal vers lequel il fallait se diriger. Comme si la simplicité était la règle du bonheur.


Dans le parc
, c’est cela : l’énigme du zéro qui fait le tout ; la loi du rien qui englobe la vie ; le petit plus vivant que l’énorme…

Daniel Simon nous donne, dans ce livre, des chemins de (oserais-je l’écrire ?) sagesse
car il nous donne, dans ses mots, la faculté de nous dire que le bonheur est dans une perception immédiate de ce que l’on croit, à chaque moment et qui s’avère faux, pour peu que l’on respire par d’autres narines et que l’on n’entende par d’autres oreilles.

Dans le parc, un texte comme un micro tendu vers l’autre. Des larmes que l’on crache. Des bonheurs d’écriture. Des petits plaisirs de lecture…comme des bonbons que l’on suce, en regrettant qu’ils fondent si vite.

Quand je vous écrivais, en début de texte, qu’il avait mieux que moi sa place dans cette émission. J’avais raison, hein !

J-C Legros

Dans le Parc, Daniel Simon, M.E.O Editions, 2011, 145 pages, 16 euros

Une Réponse à “Le souci du détail”

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