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L’acte d’écrire ce qu’on ne vit pas

Posté par traverse le 30 octobre 2011

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Dans «Le Rêve du Celte»(1) de Mario Vargas Llosa, on trouve cette phrase surprenante «L’acte d’écrire ce qu’on ne vit pas pour le vivre contient en lui-même son châtiment: la frustration.»

…et l’acte d’écrire ce qu’on vit pour revivre ce qu’on n’avait peut-être qu’effleuré au coeur de la situation alors contient un autre châtiment: la conscience de ne vivre que des secousses plutôt que des profondeurs le plus souvent.Et l’écriture est cet endroit des descentes secrètes dans un passé inachevé.

…enfin, « L’écriture ou la vie » de Jorge Semprun…qui fit naître en moi, à l’abri des Massacres du siècle, « Il gâcha sa vie pour avoir du matériau à la mesure de l’écriture ».

(1)LE REVE DU CELTE de Mario Vargas Llosa. Gallimard/Du monde entier.

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Les bigotes ont changé de parures

Posté par traverse le 30 octobre 2011

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En clin d’œil à l’ami Brassens.

Les bigotes ont changé de parures,
elles vont d’un même pas
en fouettant le monde
de leur regard farouche,
et pas question de rire,
l’affaire est au plus grave,
on repasse les plats
sous les mêmes prétextes,
la même antienne rabat-joie,
et pas question de rire
devant ces ragots millénaires,
les bigotes sont là
et l’hiver n’est pas loin.

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Retour à Muganza, récit d’un avant-génocide

Posté par traverse le 25 octobre 2011

Le 15 novembre à 20 h dans le cadre de la Quinzaine des Femmes de la Ville de Bruxelles

Les éditions M.E.O. vous invitent à une

Lecture-spectacle d’après le livre de Marie Niyonteze

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Centre Pôle Nord
39, avenue de l’Héliport
1000 Bruxelles
Entrée aussi possible par la Chaussée d’Anvers, 208

Comédienne : Yves-Marina Gnahoua
Musiciens : Ben Ngabo, Alphonsine Nyiratunga,
Suzanne Nyiranyamibwa

Entrée libre

Un témoignage de plus sur le génocide rwandais ? N’en avons-nous pas pléthore ? Que peut-il apporter que nous ne sachions ?
Certes, comme pour la Shoah, comme pour le génocide arménien, il est essentiel d’entretenir la flamme du souvenir dans notre monde où la ronde infernale des atrocités les chasse aussitôt des mémoires. Mais surtout, le récit de Marie Niyonteze nous prouve que ce génocide était prévisible, qu’une répétition générale avait eu lieu lors de la première incursion du FPR.

En 1990, Marie Niyonteze est arrêtée pour le simple motif d’être tutsie. Elle ne doit la vie, et celle, provisoire hélas, de son bébé né en prison, qu’à un enfilement de chances. Mais un de ses frères sera exécuté. Et lors du génocide de 1994, alors qu’elle a obtenu l’asile en Belgique, toute sa famille, dont un de ses enfants, sera massacrée.
En 1996, elle retourne secrètement au Rwanda. Impossible de survivre sans avoir retrouvé leurs dépouilles, leur avoir donné une sépulture. Puis, accompli ce devoir impérieux, il faut reprendre pied : « Seule, en accord avec moi-même, j’ai donc décidé de vivre malgré tout, ma propre vie, afin de conserver votre mémoire, à vous qu’on a privés de vie. »
Une leçon de courage et de dignité, mais aussi de lucidité, qui se refuse à étouffer sous une magnanimité feinte les souffrances et les révoltes. « Ce n’est pas que je ne veuille pas pardonner, mais je ne trouve pas le pardon en moi (…) J’essaie seulement d’être sans haine. »

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Biblio-Textes sur www.traverse.be

Posté par traverse le 25 octobre 2011

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(carte postale DS)

Puisqu’on parle beaucoup de textes en ligne aujourd’hui, je vous invite, lectrices et lecteurs de passage sur ce Blog à déposer des textes sur le site… http://www.traverse.be/textes.php

N’hésitez pas, un tri des textes est opéré par des écrivain(e)s ami(e)s…Si texte refusé, renvoyé avec commentaire et retour possible…

Notre intérêt? Un corpus de textes ouverts à mettre en relation avec d’autres produits en ateliers et cie…MERCI déjà de faire circuler…

L’idée est simple : créer une bibliothèque en ligne de textes de tous horizons…

Il y a évidemment des textes des auteurs des ateliers d’écriture que j’anime mais également ceux textes issus

d’autres expériences d’ateliers…ou proposés par des auteurs hors ateliers.

Pour vous s’inscrire, rendez-vous sur la page s’inscrire :

• Préparez votre texte (corrigé) sous format .doc (un ou plusieurs textes…)
• 2 lignes biographiques (sous le ton choisi par vous)
• Une photo (facultative)

Quelques heures plus tard, votre texte sera valide ou non par notre CL (Comité de Lecture) qui garantit le respect des conditions générales (halte au racisme, à la xénophobie, aux insultes ad hominem,…). Mais cela ne représente en rien un Comité de censure : l’audace, l’exploration des limites, les coups de pieds dans les fourmilières sont souhaités et bienvenus également…

Par contre, les lieux communs, les idées toutes faites, les textes en boucles auto-admiratives resteront sans suite de publication. Un administrateur enverra un avis à l’auteur ( e) justifiant le refus ou l’invitation à un (re)travail…

Biblio-textes édite des textes en ligne gratuitement. Notre équipe prend du temps pour organiser la suite des publications. Notre plaisir est donc de garantir une certaine idée de cohérence éditoriale (et non de similitudes de styles ou de sujets, évidemment).

Textes poétiques

Textes dramatiques

Récits et nouvelles

Récit de vie

Propositions et expérimentations

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Zéro mort dans Ne trouves-tu pas que le temps change?

Posté par traverse le 24 octobre 2011

Zéro mort dans Ne trouves-tu pas que le temps change? dans Textes pdf lecrisimoncover.pdf

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La voiture s’arrête au milieu de la nuit éclairée. Pas un chat. Un night shop encore ouvert. Le moteur tourne, la musique bourdonne, les phares sont allumés, tout va bien. Là, devant, des jeunes dans une super bagnole arrêtée au milieu de la rue.

Chaque fois qu’il croise ces voitures dans son quartier, il se demande toujours comment ils font. Pourquoi ils sont si jeunes avec des bagnoles si chères ? Il connaît en partie la réponse, lui, le prof, le médiocre.

La nuit est calme, la voiture prend ses aises, portières ouvertes. Il les entend parler fort. Un de leurs copains a surgi du mur, les rejoint et se penche à l’intérieur de l‘habitacle. Qu’est-ce qui s’échange là : herbe ou chocolat ? Fumette ou haschisch plus ou moins trafiqué ? Ils se tournent vers lui en le montrant du doigt. Ils reprennent leur conversation. Une heure du matin, il est invisible.

Patience, ils vont redémarrer, patience, ils vont partir et tout continuera comme avant, patience. Ca dure, ils rient, patience.

Il se dit, si je klaxonne je fais ce que je dois faire, c’est simple, je suis bloqué au milieu de la rue à trois cents mètres de chez moi par une voiture de luxe et je me sens bizarre, mal foutu, tout coincé, je bloque les sécurités, pourront pas entrer. Ca fait clac, trop fort, vont l’entendre, ils bougent, ils vont partir, c’est fini, pas à s’en faire, vont disparaître et je rentre chez moi.

Il veut allumer une cigarette, l’air de dire qu’il est à l’aise, non c’est de la provocation, ça va les énerver, rester calme, simplement attendre qu’ils partent, patience, merde. Ne pas fumer.

Il se dit je suis un con, j’ai pas passé autant de temps devant des milliers d’étudiants à défendre les règles élémentaires du dialogue et de la négociation pour me retrouver comme deux ronds de flan en face de petits merdeux qui me narguent. Tout est calme, trop calme, ils sont chez eux et lui, un étranger planté dans une bagnole muette, les mains moites. Si je leur fais signe gentiment, peut-être qu’ils vont comprendre que je ne suis pas agressif, que je veux simplement passer, je leur ferai un signe pouce en l’air, comme pour dire qu’ils sont sympas, que je ne leur en veux pas de bloquer le passage comme des salopards, je sourirai même négligemment, faut pas qu’ils voient que j’ai peur, peur de voir ces sales gueules en face, peur de n’avoir rien à répondre s’ils me provoquent, peur que les mots soient de la fiente de prof et qu’ils ne servent à rien encore une fois, peur de me défaire de peur.

Faut rester calme, faire marche arrière, oui, rebrousser chemin, c’est plus malin, fuir l’affrontement. Mais alors qu’est-ce que je suis, moi, pédagogue de mes deux ? Un médiocre, une lope, un raté du vocabulaire qui n’a rien dans le pantalon ? Qu’est-ce que je suis, moi, un looser planté sur la route par une bagnole de petits dealers ? Qu’est-ce que je vaux en pleine nuit, seul, sans le secours des aboyeurs démocrates qui la ferment dès qu’un péquenot leur marche sur les pieds dans la file au supermarché ? Ils détournent les yeux, s’excusent d’avoir des pieds, regardent en l’air, fouillent dans leur porte-monnaie, la ferment obligeamment en attendant que l’enfoiré ait daigné dégager. Puis ça cause et ça refait la file, ça paye et ça fait de la conversation et des exemples, du vécu héroïque pour des étudiants qui s’en fichent.

Non, ne pas abandonner le terrain, j’aurais dû foncer en les insultant, doigt en l’air ou les coincer puis les attraper par les couilles et leur en foutre une sur la tronche.
C’est ça que j’aurais dû faire, c’est ce que je voudrais faire maintenant, leur faire comprendre qu’il y a des lois, que la nuit, c’est pas le territoire des bandes, qu’ils feraient mieux de la faire discrète, que c’est pas comme ça qu’ils vont nous intimider, que ça fait deux bons siècles que ça a changé, que ce n’est plus la loi du plus fort, qu’il s’agit de jouer le jeu un minimum si on veut gagner la partie, que tout le blabla des assemblées citoyennes ça vaut pas un clou devant la mauvaise foi de tous ces gosses biberonnés à la connerie généralisée de la culture de l’abandon, que ça va mal finir un jour de nous prendre pour des veaux à qui on essaye de faire comprendre le contraire de ce qu’on voit tous les jours, que c’est marre ces tronches de travers qui ricanent en nous voyant trimer à répéter des lieux communs auxquels personne ne croit. Ils devraient se réjouir, ils ont presque réussi à nous faire douter de l’intérêt de quoi que ce soit d’autre que le cul formaté ou les bonheurs marchandisés.

C’est décidé, je fonce, tant pis pour la casse, j’ai pas l’intention de me laisser intimider plus longtemps, fallait pas qu’ils exagèrent, ça fait trop longtemps qu’ils sont là, si je bouge pas ils me marcheront sur le corps la prochaine fois. Dans le train la semaine dernière j’ai essayé de discuter, de calmer le jeu, ils agressaient la contrôleuse, pute, salope, pour qui tu nous prends pour nous contrôler, femme de merde en uniforme, dégage. La femme avait tenu bon, un mec s’était levé, personne n’avait bronché, il avait craché devant ses pieds, consciencieusement, pas de réaction, j’attendais que quelqu’un bouge, j’attendais comme tout le monde, ils osent frapper eux, ils ont pas peur des lunettes cassées, des nez et des lèvres éclatés, de la morve et des saloperies de la violence, nous on nous a appris à avoir peur de tout ce qui échappe au contrôle, à la loi, aux bonnes manières de ceux qui vivent entre eux en chipotant le détournement, l’esquive et le retrait. Finalement la femme avait pleuré, de honte je me suis levé, la voix mal placée, ils m’ont renvoyé d’une main sur ma banquette, silence total, connu, reconnu par chacun, silence de la défaite devant une moelle épinière plus droite que la nôtre.

Dans la boîte à gants, rien qui puisse servir à me défendre au cas où. Rien que du papier. Va falloir que je pense à revoir mon psy un de ces jours. J’avais arrêté après quelques mois, il me disait que des stupidités que je répétais à mes étudiants en simulant la découverte de situations intéressante du point de vue de la pédagogie. Eux, ils rigolaient doucement, ils savaient que la plupart des profs vont chez un psy, qu’ils tiennent pas longtemps sans, que leur discours, c’est du vent dès qu’un balèze se lève et vous dit d’aller vous faire foutre. Vous discutez, ils se marrent, on gagne plus en un week-end que toi avec ton salaire de prof, lui a lancé un gosse un jour, vous finissez par appeler la direction qui vous explique que ça ou rien, c’est du pareil au même, qu’après ils seront dans la rue, chez eux, que ce sera alors le tour des flics de se faire pisser à la raie, qu’ils feront ce qu’ils peuvent les flics, comme vous, qu’ils emmèneront les gosses aux juges qui feront ce qu’ils peuvent les juges, qu’il les enverront chez les éducateurs qui feront ce qu’ils peuvent les éducs et puis, après un ou deux tours gratuits, ce sera les tours payants et ça rentrera dans l’ordre un moment mais que ça ne sert à rien cette roue qui tourne à vide, que tout le monde est épuisé à courir les fantômes, qu’il vaudrait mieux être logique et tirer toute de suite les conclusions que tout le monde attend, que c’est de l’embrouille cette chasse au renard où chacun se refile le soin de tirer le coup de grâce, qu’il va falloir arrêter de parler comme eux ou de parloter comme en temps de paix, que c’est la guerre totale, une guerre civile, celle de ceux qui ont quelque chose à se mettre dans la tête, des rêves, des projets, de l’égoïsme, ; de l’avenir contre ceux qui n’ont rien, que les bavures vont pas arrêter, dans les deux sens, qu’on cogne un jour trop fort et c’est toute la ville qui est sonnée, et que chacun alors se retire un peu plus dans son camp, que les paroles sont fortes quand elles disent la vérité et mortifères quand elles produisent un brouillard tellement épais que plus personne s’y retrouve , que ça commence à bien faire ces enculades de mouches au nom du grand péril, de la peste ou de je ne sais quoi d’abominable que nous fabriquons chaque jour avec un consentement proche du contentement. Qu’ils le savent, là en face, dans la bagnole et qu’ils se marrent doucement.

Il se demande maintenant ce qu’il va faire. Reculer, avancer ? Il aimerait disparaître ou les voir se fondre doucement dans la nuit, l’air de rien, en riant, comme des jeunes sympas qui font une petite virée, que ce n’est pas très important tout ça, juste une voiture arrêtée au milieu de la route. Il ne sait pas pourquoi soudain il pense à Moby Dick, à la baleine blanche, qu’il chasse depuis si longtemps, lui le capitaine Achab des banlieues, parce que c’est un prof probablement, un prof qui se sert de toute sa sacrée culture pour trouver des explications, des raisons, des prétextes à s’interroger et à expliquer le monde, le bien et le mal, le vice et la vertu, la lutte ou la fuite. Il a tellement de mots et de citations en réserve qu’il peut faire face à toutes les situations, il est le partisan du zéro mort, de ce superbe zéro mort, de cet insupportable zéro mort qui fait que chacun se planque dans des débats inaudibles au nom de la transparence, où chacun s’interrompt au nom de la clarté, du dialogue, où chacun protège sa graisse et sa frilosité. Zéro mort.

C’est ça l’objectif, le résultat à atteindre. Zéro mort et si possible, rien que des blessures d’amour propre, les plus difficiles à effacer paraît-il mais ce sont des mots, des boutades, des phrases, des rodomontades d’obèse, de légers sinistres dans lesquels ils se complaisent en jouant les martyrs de la vérité. Il sait cela, ça le met mal à l’aise en permanence, il a un surmoi très développé, un sens de la justice et du droit que personne n’a jamais pris en défaut, il est puissant et ferme dans ses interventions mais il ne sait plus que faire en ce moment. Il va falloir qu’il décide, qu’il fasse un geste, un seul, quelque chose de signifiant, un harpon à lancer, rien qu’un et sa vie va changer, il en est sûr, il va l’atteindre cette putain de baleine vicieuse, il va la frapper à mort et lui, au risque d’être emporté par cette île de graisse maléfique, il sera sauvé, il s’aimera enfin.

Un coup de klaxon, rien qu’un, le plus discret possible, comme une invite, surtout pas un ordre, un appel au civisme, un dialogue de générations, un geste sympa lancé dans la nuit. Mais il ne sait comment faire. Il se sert si peu de son klaxon, il trouve cela barbare, violent, comme un ordre lancé à un chien, il ne parle pas cette langue-là. Alors il a peur et il attend.

Ceux d’en face le savent et ils prennent tout leur temps, c’est sûr. Il faut qu’il réagisse d’une façon ou d’une autre, il effleure le cœur de son volant en retenant son souffle, il retient ses doigts comme sur l’arête d’une gâchette sensible, si il les provoque, ils sortiront un flingue, c’est déjà arrivé ou ils mettront sa voiture en pièces, c’est fréquent, ou le feu, c’est facile et lui dedans comme un rat, la main tremblante. Il en a assez, c’est Alamo, il va falloir tenir jusqu’au bout, jusqu’à l’ultime sacrifice, zéro mort, c’est fini, la baleine revient le narguer, elle remonte, il le sait, il est face à elle, il cherche son harpon, il voit son petit œil méchant, la lumière du diable qui l’éclaire, son heure est venue, c’est son dernier combat enfin, plus de plastronnades, fini de gamberger, sa main se crispe sur l’arme décisive, il retient son souffle, vise cet œil de malheur et lance son trait au centre du mal.

Le klaxon explose, pire que tout, il hurle et c’est l’effroi qui le saisit, la baleine vient de plonger et il est seul maintenant face à l’océan glauque enroulé au filin, attendant quelques secondes encore d’être emporté vers les abysses.

Rien, pas un mouvement, pas un geste, rien. Silence de mort. La voiture n’a pas bougé, ils rient maintenant, il entend très nettement les jeunes rires qui le narguent, ses forces l’abandonnent, il ne pourra pas répéter son geste, les harpons manquent, c’est l’heure de payer l’addition, le moment de passer à la caisse. Soudain, un geste, un des leurs lui fait signe d’avancer, sans ambages il l’invite à passer à côté comme un flic qui vous dit circulez y a rien à voir et il tremble maintenant, il sue, il sent ses boyaux se relâcher, il appuie lentement sur l’accélérateur, la voiture frissonne, elle avance de quelques centimètres, en face personne ne bouge, ils se sont remis à discuter, quelques centimètres de plus et c’est un mètre de gagné, il se rapproche, il les frôle, eux ne lèvent pas la tête, il les dépasse lentement, il est passé, cette fois encore il s’en est sorti, il remonte la rue en retenant son souffle, peut-être qu’ils vont le poursuivre, il n’est pas bon à la course, toujours peur de l’affrontement, il est bientôt chez lui, il va se garer devant son immeuble et il pense, peut-être qu’ils vont me suivre, qu’ils saccageront ma voiture dès que je serai rentré chez moi, alors il roule encore un peu, il cherche un endroit sous les arbres de l’allée, un peu sombre, il arrête le moteur, respire lentement, sort, le signal de fermeture automatique le rassure, il marche un peu hagard vers son appartement, cette fois, ça s’est bien passé.

Editions Le Cri
ISBN 978-2-8710-6571-5
15,00 €

Les nouvelles de Daniel Simon sont comme des prises de température régulières du monde, des façons de se remettre sur pied alors que le ciel emporte le temps au-dessus de nos têtes. Nous restons parfois dans cette immobilité qui fait de notre fin une provisoire éternité : nous regardons la lumière tomber en nous et nous en diffusons, le temps d’une vie, quelques rayonnements.
Un jour, le temps change, le monde bascule dans un ordre où nous n’avons plus toute notre place. Nous nous battons un court instant pour dilater ce temps, puis c’est fini…

Daniel Simon, né en 1952 à Charleroi, est licencié en études théÉtrales. Il collabore régulièrement à plusieurs projets culturels au Portugal, Maroc, RDCongo, Roumanie, Tunisie… Depuis trente-cinq ans il anime des ateliers d’écriture. Il a notamment publié des poèmes (dont Épiphanies, Orange bleue éditions ; D’un pas léger, éditions Le Taillis Pré ; Dans le Parc, MEO, etc.), une vingtaine de pièces représentées ou publiées (Lansman), des nouvelles (L’échelle de Richer, éd. Luce Wilquin, 2006), des articles, des essais (Je vous écoute, Couleur livres, 2009 ; La Troisième séance, Couleur livres 2010). Il réalise par ailleurs des vidéos de création, dirige la revue Récits de Vie et la collection JE aux éditions Couleur livres.

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Quand vous serez dans l’abri du passé

Posté par traverse le 12 octobre 2011

Quand vous serez dans l’abri du passé dans Textes onethousandandonenights26

Quand vous serez dans l’abri du passé et à tourner en rond dans des temps usagers, que vous serez oblique et sans foi dans le fil du présent, que vous boirez des eaux aux fontaines électriques en lapant l’infini des légendes éteintes, les yeux tombés dans de vagues promesses, le cœur tout entraîné à l’immortelle fête, caressant le tissu des histoires conquérantes où vous allez ballant dans le vent qui les chasse, quand vous serez instruit de vos oublis nouveaux, avançant dans le bleu vertige des désirs abrupts, la tête enturbannée de colères soudaines et franchissant enfin le seuil d’une chambre fertile où le Nil coule à flots dans le sable du lit, vous roulerez alors dans le limon parfumé des amours passagères, les épaules défaites et le cœur suturé, quand vous serez.

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Interdit de mémoire…en novembre

Posté par traverse le 9 octobre 2011

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“Fragments de mémoire” avait été publié il y a deux ans à Buenos-Aires…
“Interdit de mémoire” (adaptation Pierre Ergo et l’auteure, Luc Pire, septembre 2009) sera présenté au public au Grenier Jane Tony, samedi 26 novembre, 16h, à La fleur en papier doré, 1000 Bruxelles par Daniel Simon.

Depuis plus de 20 ans, je connais Ana Fernández…Poétesse, prosatrice, nouvelliste, romancière, elle a dû quitter l’Argentine en 1978 et n’a cessé de manifester sa présence dans la mémoire effilochée des exilés d’une époque où la guerre était froide et les dictatures ordinaires…
Elle m’avait demandé une préface, nos temps se relient ici une nouvelle fois dans cette présentation…

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Ne trouves-tu pas que le temps change ?

Posté par traverse le 9 octobre 2011

Daniel SIMON

Ne trouves-tu pas que le temps change ?

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Nouvelles, 124 pp, 2011

Editions Le Cri
ISBN 978-2-8710-6571-5
15,00 €

Les nouvelles de Daniel Simon sont comme des prises de température régulières du monde, des façons de se remettre sur pied alors que le ciel emporte le temps au-dessus de nos têtes. Nous restons parfois dans cette immobilité qui fait de notre fin une provisoire éternité : nous regardons la lumière tomber en nous et nous en diffusons, le temps d’une vie, quelques rayonnements.
Un jour, le temps change, le monde bascule dans un ordre où nous n’avons plus toute notre place. Nous nous battons un court instant pour dilater ce temps, puis c’est fini…

Daniel Simon, né en 1952 à Charleroi, est licencié en études théÉtrales. Il collabore régulièrement à plusieurs projets culturels au Portugal, Maroc, RDCongo, Roumanie, Tunisie… Depuis trente-cinq ans il anime des ateliers d’écriture. Il a notamment publié des poèmes (dont Épiphanies, Orange bleue éditions ; D’un pas léger, éditions Le Taillis Pré ; Dans le Parc, MEO, etc.), une vingtaine de pièces représentées ou publiées (Lansman), des nouvelles (L’échelle de Richer, éd. Luce Wilquin, 2006), des articles, des essais (Je vous écoute, Couleur livres, 2009 ; La Troisième séance, Couleur livres 2010). Il réalise par ailleurs des vidéos de création, dirige la revue Récits de Vie et la collection JE aux éditions Couleur livres.

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Duo Serge Goldwicht/Roby Comblain

Posté par traverse le 5 octobre 2011

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On y revient prochainement…

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Impressions (d’) assises

Posté par traverse le 5 octobre 2011

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Le 4 octobre à la Bibliothèque de Marche, hier…sous un soleil d’Ardennes

Assises du Livre….Le numérique, rien de nouveau. Les mêmes questions, les mêmes prophéties, les mêmes interrogations qu’il y a…Ce qui change? L’évidence que ce n’est pas clair, que l’enjeu, surtout, est de vendre des tablettes numériques, que les bibliothécaires cherchent, que les éditeurs doivent se positionner alors que les questions se durcissent et appellent réponses et que les lecteurs ont des pratiques multiples. Allez sur le Net, vérifiez, ces questions, dans le champ de l’édition francophone, sont posées à l’identique depuis dix ans…Droits, technologies, piratage, distribution, déclin de la libraire traditionnelle, …Ce qui change vraiment: le débat, sous des atours culturels est de plus en plus renvoyé au réel de l’économie de l’édition: les droits, les marges, la distribution, les cibles, les marchés,…Ce qui traduit aussi le fait que la fascination pour la « chose numérique » se transforme en appropriation de techniques au service de l’éternelle question: comment porter et faire circuler les idées et les formes dans un monde de plus en plus rapide et maillé de réseaux. On pense au domaine de l’édition musicale. Terrible. Les Majors n’ont rien vu venir. La plupart des auteurs, compositeurs sont sortis des catalogues et les bacs se vident. L’édition papier est prudente, elle a vu l’iceberg et ne veut pas s’y fracasser. Donc, louvoiements, atermoiements, observations, essais, expériences…

Le Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles (ça y est, c’est dit, c’est un peu surnaturel, mais c’est dit…), par la voix de Mme Christine Guillaume (Directrice de la Culture) rappelle le souci et les engagements du Ministère dans la mise en réseaux et en décloisonnements des départements, des matières, des compétences. Il manque aussi de budgets…

Marc Quaghebeur (poète essayiste, Directeur des Archives et Musée de la littérature), très en forme, rappelle l’histoire, les enjeux, les échecs historiques et les perspectives de l’édition en Belgique. Insiste sur la notion de francophonieS et rappelle que le 6ème arrondissement parisien n’est pas le centre du monde de la Francophonie. Je rappelle de mon côté, que Salvador Dali le situait, le centre, à la gare de Perpignan. Et nous, à Liège, probablement…

Quaghebeur insiste sur les nécessités de repositionnement transversal des francophonies, de la nécessité de relier des littératures francophones et des écrivains issus de ces francophonies, hors le centrage français.

Un constat: le livre-papier, a été souvent, lors des conflits récents en Afrique centrale, un « combustible » facile à portée de mains. Les bibliothèques, comme les personnes, sont vite consumées dans la région des Grands Lacs.

Le numérique, toujours avec l’acculturation au livre papier (il insiste), sera un des moyens de nouer de nouvelles relations éditoriales entre ces francophonies…Un Nord-Sud qui devra d’abord résoudre la question des droits d’auteurs, …

Jean-Luc Jeoffroy (Service du Livre luxembourgeois, organisateur) est heureux: près de deux cents personnes attachées aux mêmes questions et rassemblées le matin en plénière et l’après-midi en Ateliers.

J’y animais l’Atelier Création littéraire. Annemarie Trekker et Armel Job étaient témoins dans cet atelier sensible et qui a articulé des questions qui allaient de la littérature Et la vie à la nécessité d’une édition pour enfants exigeante. Bien sûr la question des ateliers d’écriture a été posée, du « thérapeutique » (tic tic tic…), de la nécessite de « déposer » sa mémoire dans des textes…

Alvéole et la Brigade des attentats poétiques ont animé la journée et parodié des conclusions de colloque de façon magistrale…Jean-Pierre Pirson était l’hôte sur le canapé qui recevait ses invités et commentait avec chaleur…


MARGE…

Pas une tablette numérique dans la salle…

Des lectrices parlant à un auteur comme s’il était un autre: « Je n’ai pas du tout aimé au début, puis plus tard, j’ai tout aimé »…Et lui d’écouter, un sourire en coin, très attentif cette déclaration d’amour littéraire. Il participe à la conversation qu’on lui ouvre comme s’il était lui-même lecteur. .Discrétion et élégance…

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Les Nouvelles Amazonies

Posté par traverse le 2 octobre 2011

Les Nouvelles Amazonies
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Le nouveau numéro de la revue MARGINALES est paru.
Son titre : « Les Nouvelles Amazonies »

Dans son éditorial, Jacques De Decker souligne les particularités de ce numéro dont la thématique, offrant plusieurs interprétations, a stimulé l’imaginaire des écrivains.
Avec la participation de Gérard Adam, João Almino, Jean-Pierre Berckmans, Véronique Biefnot, Beatriz Bracher, Huguette de Broqueville, François de Callatäy, Alain Dartevelle, Thomas Depryck, Emmanuel Donnet, Rose-Marie François, Fabrice Gardin, Marc Guiot, Évelyne Guzy, Corinne Hoex, Jean Jauniaux, Jack Keguenne, María Dulce Kugler, Françoise Lalande, Françoise Lison-Leroy, Juan-Luis De Loyola, Richard Miller, Maureen Pitz, Jean-Marc Rigaux, Silviano Santiago, Daniel Simon, Monique Thomassetie, Michel Torrekens, Bruno Wajskop et Yves Wellens.
Amazone, amazone, amazone, Amazone. Le fleuve et la guerrière, deux puissances que seule la majuscule distingue. Le plus long cours d’eau de la planète, puisqu’il s’écoule sur 6 800 kilomètres, au débit de quelque 230 000 mètres cube d’eau à la seconde, doit son nom, dit-on, à ces femmes armées d’arc aux flèches empoisonnées qui opposèrent une résistance forcenée aux conquistadors. Ceux-ci, lettrés en dépit de leur total mépris pour les cultures locales, ne purent que les comparer aux sujettes de Penthésilée, qui n’avait pour talon d’Achille, face aux hommes, que son faible pour Achille, justement.

Pour Marginales, l’occasion était trop belle, le festival Europalia s’étant donné pour thème le Brésil, d’explorer ce champ symbolique à bien des égards. [...] Éditorial de Jacques de Decker
informations sur le dernier numéro

Marginales n° 280 – automne 2011 – 216 pages – ISBN 977-0025-2930-91
Fondateur : Albert Ayguesparse
Directeur : Jacques De Decker
Rédacteur en Chef : Jean Jauniaux
La revue est disponible en librairie (10 €) ou par abonnement.
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Quand vous serez à la lisière des villes

Posté par traverse le 2 octobre 2011

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Quand vous serez à la lisière des villes en longeant des haies de parchemins éteints, que vous prendrez le vent dans le creux de la main en lisant des tempêtes anciennes, que vous irez sous des auvents de paroles frémissantes vers des silences neufs, que vous douterez des chagrins qui se gonflent de joies, que les images se bousculeront en vous jusqu’au seuil des réveils, que le temps prendra quartier dans des sursauts nouveaux où vous allez écarquillé sur le fil des souvenirs, que la joie sera là où vous ne la connaissiez, des papillons furtifs, des chansons de l’Orient, des voyages immobiles, des femmes qui fredonnent aux enfants sans colère, quand vous serez une île, et la mer et la barque, une façon de rire et de dire la joie de se perdre le matin pour découvrir le soir, quand vous serez.

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