Quand vous serez
Posté par traverse le 29 mai 2012
http://www.meo-edition.eu/quand-vous.html
Une lecture critique d’Isabelle Fable…
Quand vous serez
Proses poétiques, 2012
Photo de couverture : Daniel Simon “Quand vous serez” sonne comme l’annonce d’une époque à venir : le présent est toujours renvoyé au futur et nous allons dans des mondes instables. Le temps est notre plus précieux ennemi et nous devons l’aimer comme un amour qui s’éloigne… Comme un temps que l’on rêve
de vivre, encore.
Des échos nous parviennent de ces récits d’aventures incomplètes et le réel, par l’écriture et la lecture, se change en nous. Je vais chaque jour dans des temps disparus. Écrire me venge de cette disparition.… “Quand vous serez” signe la joie de cette rude traversée… |
Extraits
Quand vous serez passés bien au-delà du pont où vous menaient vos pas et que sans un effort vous tournerez la tête vers cet endroit lointain où vous vous prépariez à venir jusqu’ici, que votre adolescence ne fera plus obstacle aux rêves de l’enfance, que vous porterez dans le sac qui pèse à votre épaule des choses sans importance que vous abandonnez un jour sans intention particulière, l’épaule est plus légère soudain et le pas plus alerte ; quand vous ne craindrez plus la nuit qui glisse entre les hommes et les soude au plus vif de l’effroi en les jetant les uns contre les autres à coups de sexes ou de couteaux, qu’il suffira d’un souffle pour éteindre ces armes et vous laisser attendre le jour qui vient dans l’aube froide des reconstitutions, des inventaires et des listes infinies, vous hisserez alors votre corps jusqu’au seuil des lumières en laissant dans vos draps des fantômes chiffonnés que vous bordez d’un œil en ouvrant la fenêtre.
Affaire réglée
Affaire réglée, je suis un lieu commun, une histoire courte dans un passé récent, une géographie plane dans un paysage sans accidents, une parole vive dans un silence ardent, affaire réglée, je suis un corps embrouillé d’organes et de flux déraisonnables, une épopée dans un temps sans histoires, une vague perdue dans ses remous, le dommage collatéral d’une lignée enfouie dans des gènes dispersés, affaire réglée, je suis un lieu commun, pas un cliché, pas une chose indistincte emportée dans un temps soumis à la durée, un lieu commun, une zone affranchie de ses frontières anciennes, un passage obligé pour rejoindre le peu d’humanité que je crois préserver dans des allures altières, une histoire de peu et souvent de très peu, une balise enfoncée dans un vide affiché, affaire réglée, je suis l’annoncier de tout ce qui se confond avec tout, ou le contraire, l’important, c’est le contraire de tout, qui permet le débat, l’esprit, le dialogue, le destin et cette chose infime que l’on croit deviner dans l’œil des lieux communs, uniques et bien centrés les yeux, les yeux qui laissent croire qu’ils sont des miroirs ou des tiroirs, de l’âme ou bien de lames, je ne sais que dire de commun qui réunisse les signes distinctifs du lieu commun, si ce n’est qu’ils vont seuls, convaincus d’être seuls, attentifs à cette solitude plénière qui est le caractère parfait du lieu commun…
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