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2013…

Posté par traverse le 31 décembre 2012

Pour saluer le temps…

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Deux extraits de « Quand vous serez », éditions MEO, 2012

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http://traverse.unblog.fr/2012/11/15/editions-numeriques-chez-meo-editeur/

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Et si je m’allongeais un peu

Posté par traverse le 31 décembre 2012

Et si je m’allongeais un peu decembre2011-3-016-300x225

Et si je m’allongeais un peu, près de vous, dans l’ombre de ce temps qui passe et revient le matin, corps et voix apaisées, si je m’allongeais un peu avec vous qui m’aimez, ne m’aimez pas, si je m’allongeais pour voir, pour voir ce que ça donne un gisant un court moment, ce que ça donne quand on est là et qu’on est regardé d’ici, gisant dans la bibliothèque, dans cet endroit que certains aiment si peu qu’ils veulent nous convaincre de son inutilité, que tout sera gisant, lisse et froid dans le tombeau de la tablette qui n’a rien du vivant de la machination du papier et de l’encre, et si je m’allongeais un peu près de vous, dans la poussière, sans la matière, dans la poussière de Gutemberg.

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Soirée des Lettres: mes deux récents livres…

Posté par traverse le 30 décembre 2012

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Le mercredi 16 janvier dès 18h, à l’AEB, présentation de mes deux récents livres « Ne trouves-tu pas que le temps change? » (Nouvelles, Le Cri, 2012) et « Quand vous serez » (Proses poétiques, MEO, 2012) par Joseph Bodson…

AEB: Maison Camille Lemonnier 
Maison des Écrivains
chaussée de Wavre, 150
1050 Bruxelles 
Tél. : 02/512.36.57

Entrée gratuire, verre de l’amitié.

Bienvenue!

http://www.ecrivainsbelges.be/index.php?option=com_content&view=article&id=505:nos-activites&catid=2:cataeb

RENAUD DENUIT, Histoires de la Détermination, poèmes 1985-2011. Présentatrice : Annemarie Trekker
DANIEL SIMON, Ne trouves-tu pas que le temps change et Quand vous serez, nouvelle et prose poétique. Présentateur : Joseph Bodson
JOSEPH BODSON, Conjurations de la Mélancolie, poésie. Présentateur : Jean-Pierre Dopagne

 

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Une rencontre autour du Récit de vie/Collection Je

Posté par traverse le 30 décembre 2012

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A Cépages le 23 janvier 2013 à 19h

La « Collection Je » a sept ans !

et une vingtaine de titres à son actif…

« Récit de vie, entre vérité et sincérité :

la cohabitation difficile? »

Le 23 janvier à 19h, Pierre Bertrand, Directeur des Editions Couleur livres et Daniel Simon (Coordinateur des Collections « Je » et « Je Contrepoints ») vous invitent à une rencontre autour du thème « Récit de vie, entre vérité et sincérité : la cohabitation difficile ? ».

Intervention de Pierre Bertrand, Daniel Simon et de plusieurs auteurs des Collections.

Un texte à ce sujet sera disponible gratuitement dès le 23 janvier pour les personnes présentes (Formats Papier, PDF, ePub)

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A l’occasion de la sortie récente de son livre » Lee, histoire d’une adoption »,  

l’auteure,  Italia Gaeta, répondra à vos questions et lira des extraits.

Entretien avec Daniel Simon fichier mp3 Italia Gaeta Lee2-1-2013

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Un verre de l’amitié vous sera offert.

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A côté du sentier

Posté par traverse le 27 décembre 2012

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« Ecrire sur rien », Flaubert

(à propos d’Un cœur simple)

La plus sévère claustration n’était pas son fort, la débauche non plus. Il lui restait l’attente de l’événement imprévu, il attendait donc, patiemment, le regard porté sur un avenir sans relief. Cela dura une trentaine d’années. Des années de vie attentive à ce qu’il allait vivre, ça allait arriver, il en était certain. Statistiquement, c’était prévisible, il allait trouver son chemin, celui qui le rendrait légitime à ses propres yeux. Alors, il attendait avec la conscience que tout serait un jour absolu et serein.

Il rencontra une femme merveilleuse, en tomba amoureux juste ce qu’il fallait pour ne pas perdre la tête, elle avait un enfant, une petite fille. Il l’aima donc, c’était attendu et assez confortable. Ils furent heureux, tout arrivait et rien ne se passait.

C’était la vie, lui disait-on. La vie était donc infinie et prévisible. Pourtant aucun malheur, aucune peste, nulle guerre dans son horizon de contentement. Des fusées, des moments d’exception, des bonheurs inattendus, des joies de passage, oui, mais rien de quoi remplir une vie jusqu’à son terme.

Il vécut ainsi pendant une vingtaine d’années et ils se séparèrent. Sa femme s’inscrivit à une multitude de stages et d’ateliers. Sa fille était une femme maintenant et elle se débrouillait seule avec ces questions. Il ne s’éloigna pas d’elles véritablement, simplement ils ne partageaient plus que de rares nouvelles à propos de leur santé.

Les années passèrent dans le plus parfait des scénarios : il vieillissait, s’en distrayait et regardait le monde avec plus d’amusement qu’avant. Marcher à côté de son temps était même devenu son bonheur, comme on marche dans l’herbe en dehors du sentier tout en le suivant. Le plaisir était sans danger mais il savait que la jouissance n’avait pas de principe ni de morale. Il allait dans les chemins creux de son époque, dans le contrebas, sans la superbe des régiments de première ligne. Il allait en discrétion.

Il lisait peu, de rares livres occupaient son temps, il préférait pianoter les infos sur Internet, ça convenait à son esprit inconstant, ça glissait lentement sur tout, ça n’accrochait pas, ça occupait et ne remplissait rien…Il était informé et ne savait évidemment que faire de ces flux permanents si ce n’est produire les lieux communs de sa génération. Il observait, annotait l’Histoire et vérifiait chaque jour l’éternité des bassesses serties dans de somptueux discours de bénitiers new tendance. Les jeunes n’échappaient pas à la volupté des clichés et s’y donnaient à cœur joie, construits dans la bêtise du gavage et des rébellions sponsorisées.

Il lisait peu mais ne renonçait pas pour autant à quelques lectures hygiéniques, on ne sait jamais, se disait-il. En feuilletant l’un ou l’autre livre, il tomba sur un court volume, une cinquantaine de pages, un opuscule presque tant l’ouvrage était mince, Bartleby. Plus précisément, Bartleby, le scribe, de Melville. Il chercha qui était ce Melville. Une rapide visite sur Internet et il apprit que ce n’était pas le cinéaste français mais l’écrivain américain qui l’intéressait. Le sujet lui plut, la lecture en serait courte et la matière ne semblait pas ardue. Un simple scribe chez un homme de loi à Wall Street, pas de quoi fouetter un chat.

« I would prefer not to ». C’était enfin ce qui lui convenait, ce “J’aimerais mieux pas”, ce “Je préférais ne pas”, ce “Je ne préférerais pas”, qu’importe. C’était le refus sans appui, le fait de décliner sans argumenter, la pensée même de ce désintérêt systématique et affirmé qui l’avait pris à la gorge. Tout se jouait là, dans cette négligence métaphysique qui devait être au plus près de ce qu’il imaginait être le bonheur. Les stoïciens, les épicuriens, les désinvoltes du désir ne disaient pas autre chose, ce ne pas prenait toute la place, ce not to éclatait au visage d’un siècle kitsch qui se voulait du style.

La fuite pour la lutte, l’esquive pour l’être-là, le retrait pour le siège, tout était dit et il se délecta. Une vie sans histoires, un destin de caniche, des amours opportunes, tout n’avait été chez lui finalement que la traduction, en creux, d’un « ne pas » qui le tenait tout entier debout. Ce « ne pas » avait fait la fortune de sa maison exigüe et il s’y était adonné toute une vie durant. La soustraction était sa façon d’accumuler le néant au néant et il avait pris un goût vif à cette atonie sans danger.

L’ennui était devenu sa matière d’expertise et dans cet ennui il se lovait avec la grâce d’un ver de farine. Il connaissait de l’ennui toutes les facettes et les déclinaisons les plus subtiles. Il en connaissait les sources et les développements, la géographie et l’histoire, les tracés et les durées. De l’ennui, il avait fait une matière en soi, un phénomène et non un état, une position plus qu’un mouvement. L’ennui était la matière première de toutes les aventures, le principe même du désir, la source de toutes les exactions.

Sa vie se déplia encore un temps avant de se défaire à l’aube d’un jour d’avril. Il regarda le printemps picoter la fenêtre et ressentit la grande joie, l’intense bonheur de n’éprouver pour cette instant, somme toute assez banal, qu’un intense ennui qu’il confondit dans son dernier soupir avec un sentiment qu’il n’avait su entrevoir jusqu’ici que de loin : il était heureux et ça finissait bien.

 

 

Ecrit en décembre 2012 à Bruxelles, face à la pluie.

© Touts droits réservés pour l’auteur.

 

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Il ne répondait plus

Posté par traverse le 23 décembre 2012

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La pluie, le ciel gris, les nuages sans matière enveloppaient la ville de longs silences que chacun emportait chez soi en courant entre les gouttes. Il ne restait de l’automne qu’une légère ombre au pied des façades et la soirée faisait son entrée muette.

La nuit serait bientôt là et c’était trop tôt. Il allait falloir tenir encore de longues heures avant de se mettre au lit. C’était comme ça depuis des semaines. Rien n’était compliqué, la lumière déclinait jusqu’à la couture proche de l’hiver. Il allait falloir tenir encore jusqu’au printemps dont le souvenir s’avivait un peu plus chaque année.

Michel Berlin regardait le mur qui lui faisait face, un rempart de briques chaulées qui clôturait le jardin et conduisait vers le garage, comme sa carrière de prof le menait peu à peu. Il était calme ce soir-là. Pas d’inquiétude, pas de mouvement vers le frigo, pas de regard vers l’horloge. Tout filait silencieusement. Sa femme, Florence, était en voyages, un Colloque où elle intervenait dans des matières qu’il maîtrisait peu, des histoires de paramètres d’observation, d’évaluation de la qualité, de management. Elle était invitée comme Expert dans l’Enseignement des langues. Il allait être seul une semaine et ça lui convenait très bien. Il retrouverait ses habitudes de jeune homme flânant dans sa chambre, touchant aux choses sans les atteindre vraiment.

Allongé sur son canapé, il zappait quelques émissions du soir. Des jeux, de l’argent à gagner, des rires hystériques, la joie des familles. Il éteignit la télévision, saisit un livre sur la pile à côté de lui et le feuilleta en se remémorant le moment où il l’avait acheté, dans une petite librairie de quartier dédiée à la littérature étrangère. Le local était étroit, les étagères encombrées et la libraire toujours souriante. Elle connaissait chaque auteur qu’elle proposait aux clients, pour chacun une histoire, une anecdote, c’était comme si on entrait en confidence avec l’écrivain qu’on se préparait à rejoindre le temps de quelques soirées. Ca méritait bien un peu de familiarité avant les grands ébats.

Le roman disait un déclin, une sombre histoire de richesse perdue, de femmes au bord de l’effondrement et d’hommes en vrille dans un monde accéléré. Ca se déroulait à Lisbonne dans les années deux mille. La ville tortillait ses amertumes anciennes dans des modernités de rattrapage. L’auteur avait décidé de ne plus écrire, il venait de déclarer son œuvre terminée. Cette annonce dominait la lecture de l’écrivain portugais et on devinait à chaque phrase les raisons secrètes de sa décision.

L’écriture était ample, elle brassait des siècles rapprochés en un temps de vertige et les personnages déambulaient  dans un récit-labyrinthe où ils se perdaient sans jamais décider d’en sortir. Les suivre dans leur marche comme des êtres sans fin, des voix sans échos captivait Berlin. Les errances des protagonistes conféraient au roman une dimension crépusculaire dans laquelle il reconnaissait son époque. C’était joyeux et désespéré, féroce et sans illusions. Les dialogues se croisaient à des hauteurs contraires et personne ne semblait comprendre ce que disait l’autre,  les répliques étaient ajustées et chacun faisait comme si de rien n’était.

Il passa la soirée à lire et s’endormit dans le canapé.

Au milieu de la nuit, courbaturé et encore chiffonné par sa sombre lecture, Berlin se releva en titubant.

Un appel intérieur l’avait réveillé, ça revenait en boucle après chaque envol. Il se lançait dans les airs, repliait ses jambes sous ses fesses et agitait ses bras avec souplesse et force. Il sentait alors l’air se comprimer sous ses paumes en coquille et son corps s’élever dans les airs aspiré par un courant porteur comme une vague qui l’emmenait jusqu’au bout de la vallée en quelques brassées. De là, il remontait vers les nuages et planait longuement avant de venir se poser en douceur sur le faîte du toit. Comment il redescendait de là, il n’en savait rien, ça ne faisait pas partie du rêve. Mais chaque fois c’était de là qu’il décollait, ça il s’en souvenait. L’appel lui donnait la pulsion de l’envol. Ensuite tout redevait silencieux, sauf un léger bruissement d’air le long de ses flancs et dans la broussaille de ses cheveux.

Il passa à la salle-de-bains, se débarbouilla le visage d’eau fraîche, se servit un verre de lait à la cuisine en regardant les plantes de sa terrasse inondées dans leurs pots de grès. Dans la maison silencieuse, on entendait une ambulance au loin sous la lune voilée.

Il alluma l’ordinateur, pianota quelques adresses Web et se brancha sur sa page Facebook. Des réactions aux dernières nouvelles, des postures habituelles sur le réseau, des avis lénifiants, les mêmes promotions que la veille, des discours convenus, des prurits attendus, ça roulait en douceur jusqu’au copié-collé des émotions à fleurs. Ca lui servait de boîte postale et ça rompait la monotonie des obsessions d’originalité du temps.

Un message attira son attention, celui d’un certain Ballantine. Il sourit en pensant à l’autre, Bill, le faire-valoir de Bob Morane. Tout revenait d’un coup, le héros de la Guerre froide, l’Ombre jaune, ses lectures la nuit sous les couvertures, son exaltation, les premières formes d’un désir réel…

Ballantine lui écrivait en réaction à un article qu’il avait placé la veille sur le réseau. Ses mots étaient simples, directs, marqué de bienveillance, sans cliché, et lui souhaitaient une « belle suite »…Il alla vérifier qui était cet ami qu’il ne connaissait pas vraiment, qu’il avait accueilli à l’occasion d’une soirée littéraire consacrée à la littérature portugaise. Il avait répondu oui à sa demande de contact mais n’avaient jamais échangé le moindre message.

Ce soir-là, Ballantine apparut vraiment dans le flux des allées et venues du réseau. Sa photo était banale : un homme souriant, la soixantaine, les cheveux gris en bataille. Il nuançait ses commentaires avec légèreté. C’était clair et tout restait ouvert. Rare.

Berlin lui écrivit un court message de remerciement et alla se coucher.

Le lendemain se passa sans histoires, il fit la grasse matinée, ensuite du rangement en retard et retourna sur Internet. Il navigua pendant deux heures environ, puis replongea sur sa page réseau. Ballantine avait écrit quelques mots en anglais pour saluer l’automne. C’était mélancolique et léger. Une sorte de promenade sur le bord de la vie, en suivant le courant jusqu’à  l’estuaire que l’on commence à apercevoir au loin.

Il reprit le travail deux jours plus tard et rentra chaque soir chez lui après des heures d’embouteillage. Les journées rétrécissaient encore et l’hiver était à la porte. La pluie ne cessait de tomber et donna à Berlin le goût des hibernations avant l’heure. Il pensait à Ballantine et à ses passages réguliers sur sa page, toujours aussi joyeux et discrets. Il avait mené une carrière dans les chemins de fer  et était maintenant prépensionné. Berlin ne lui demanda pas pourquoi, ni ce qu’il faisait réellement aujourd’hui. Il gardait une légère distance avec son ami virtuel, comme il lui semblait devoir le faire, par courtoisie. Il vivait avec Ballantine, cette relation étrange, qui le ramenait à ses années d’adolescence et de correspondance avec ses amis du monde.

C’était le temps des échanges épistolaires entre jeunes des « deux mondes » et ça participait, disait-on, d’un désir de paix de la jeunesse des années soixante. Ces correspondances Nord-Sud avaient duré plusieurs années puis tout s’était arrêté. Berlin n’avait jamais cherché à savoir pourquoi. Il connaissait probablement le fin mot de l’histoire de ces amitiés de papier, elles ne résistaient pas longtemps à la déchirure des histoires individuelles et chacun en prenait son parti. Un léger chagrin au cœur, une dentelle mélancolique sur le front, nous allions dans le temps rude des amours et le papier des lettres se couvrit bientôt de signes bien plus dangereux.

Le mois passèrent, sa femme était rentrée du Colloque où elle avait impressionné son auditoire par la pertinence de ses interventions et Berlin fut emporté dans le sillage des nouvelles activités de son épouse. Elle était devenue Consultante et il s’était adapté à ses horaires bricolés.

L’hiver avait ouvert ses portes et le froid s’était rué comme on fait les soldes, sans aucune manière, le front en avant et les épaules rentrées.

Souvent seul le soir, il passait son temps à lire et à consulter Internet. Il avait retrouvé un rythme d’étudiant et sa vie avec Florence s’était installée dans un confort qui ne le lassait pas encore mais qui déjà l’inquiétait. Ses horaires de prof lui offraient aujourd’hui pas mal de temps libre. Il en profita alors pour améliorer, encore et encore, les façons d’enseigner sa matière jugée ingrate par trop d’étudiants.

Il adorait la physique, la morale qu’elle exaltait jusque dans ses plus extrêmes limites. Le monde trouvait des formes et des valeurs, quoiqu’il advienne, et l’homme était livré à un seul exercice : les déchiffrer au fil de l’éternité. C’était ça, le sens de la vie, pour Michel Berlin, s’asseoir au pied du mur, l’observer longuement, chercher à en comprendre l’agencement des briques, du sable qui compose le ciment, des grains de chaux qui font le liant qui emprisonne sous d’autres formes encore les atomes qui s’entremêlent dans la matière des argiles et ainsi de suite jusqu’à l’infini. C’était ça le seul sens que Berlin avait pu trouver depuis une soixantaine d’années qu’il se posait cette même et unique question, pourquoi ?

Mais la pudeur le faisait taire. Cette question était si prétentieuse et naïve, tellement idiote quand le génie est absent qu’il avait presque honte de se la poser aussi sérieusement. Il lisait, il cherchait, il faisait de la physique et il voyait le temps filer de plus en plus vite, c’est tout ce qu’il pouvait dire de sa vie aujourd’hui. Sa question avait trouvé une réponse plus légère, plus triviale, plus commode qu’il ne le souhaitait: pour ne pas s’ennuyer

Ballantine passait régulièrement le saluer sur sa page et laissait chaque fois un message agréable. C’est à ça que pensait Berlin en allumant son ordinateur, à son ami et au mystère qui l’entourait. Le mystère était tout autant virtuel que le reste. Il aurait suffi à Berlin, dans la vie réelle, d’interroger Ballantine et en deux minutes, plus de secrets de surface.

Mais là, sur la Toile, des pans entiers de la nature des hommes nécessaires généralement à entretenir une relation commune et même banale, n’étaient pas sollicités. On allait en aveugles éblouis par cette confiance nouvelle. C’était une naïveté liée à toute technologie, mais Berlin n’y échappait pas, la machine était là d’abord pour séduire et enfin maîtriser l’homme de toutes les façons. Berlin savait cela mais il ne pouvait s’empêcher de trouver encore au monde numérique quelques qualités nouvelles qui semblaient échapper à la loi des territoires et des concurrences obligées.

Ce jour-là, pas de Ballantine. Le lendemain non plus. Berlin ne souhaitait pas s’inquiéter du silence de son ami visiteur, alors il travailla très tard et s’endormit comme une masse dans les bras de Florence. Cette nuit-là, ils firent l’amour dans un demi sommeil, presque étrangers, engourdis mais heureux de cette intimité qui se livrait dans la douceur des silences conjugaux.

Berlin finit par visiter la page de Ballantine, rien de suspect mais plus aucun article, plus aucune réaction, plus aucune nouvelle depuis plus d’une semaine. Ballantine était en vacances, auprès de ses petits-enfants, malade peut-être.

Berlin lui écrivit, lui demanda de ses nouvelles, lui dit qu’il s’étonnait de plus bénéficier de son regard attentif et que ça lui manquait. Il avait écrit le mot manquer et il ne le regretta pas. Il sentait au plus profond de lui que Ballantine lui manquait, que cet homme qu’il n’avait jamais rencontré, ni vu de près ni de loin, ni entendu d’aucune façon, cet homme, ce fantôme, participait avec bonheur à la constance de sa vie. Ses phrases, sa bienveillance, son doux arbitrage étaient devenu essentiels et Ballantine ne répondait plus.

Une semaine plus tard, un matin, Florence le prit dans ses bras et lui souffla à l’oreille « Tu as l’air si triste, quelque chose ne va pas mon chéri ? ». Berlin s’entendit répondre que Ballantine ne répondait plus, mais que ce n’était rien, ce n’était pas grave, c’était un contact de réseau, un type qu’il avait jamais vu, mais sympa, vraiment sympa, il s’inquiétait un peu. Elle l’embrassa et ils partirent chacun de leur côté vers l’Ecole et le Centre de formation.

La nuit, Berlin se releva sans bruits et alluma l’ordinateur dans l’obscurité de son bureau. Il était là devant l’écran bleu pendant que ses données personnelles se chargeaient. Quand il entendit la musique de lancement de l’appareil il sentit son cœur se serrer. Vite, il pianota ses données et accéda à la page de Ballantine.

Des amis saluaient son passage sur terre, ses enfants, son épouse, des proches, des inconnus, tous le saluaient et le remerciaient. Berlin a laissé un mot discret « Merci Ballantine et good luck ! ».

Il a éteint l’ordinateur, il a posé sa tête sur ses bras croisés sur le bureau et il a pleuré, pleuré longtemps, pleuré jusqu’à cet endroit où les pleurs vous soulagent enfin et que le monde s’allège en vous pour laisser place à de nouveaux bonheurs et à de futurs chagrins. Il se leva, essuya ses yeux et alla se coucher tranquillement près de Florence.

 

fichier pdf Il ne répondait plus

Nouvelle inédite de Daniel Simon offerte aux lecteurs pour saluer la fin du monde reportée à une date ultérieure. 

 © Publication numérique autorisée sur conditions de nommer source et auteur. 

Bruxelles, décembre 2012.

Photo de l’auteur : Parc Josaphat, Schaerbeek, octobre, 2012

 

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Cabanes/9

Posté par traverse le 22 décembre 2012

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L’ogre avance et se perd, se perd et avance encore, la forêt est sans limites et l’ogre n’y voit pas très bien dans cette nuit de lait. Il se penche vers le sol et regarde courir les vers et les araignées vertes, les grosses mouches et les scarabées s’envoler dans les hauteurs humides. L’ogre entend les arbres marmonner leurs conversations d’arbres et les pierres crisser dans leur langue de pierre. La mousse des arbres bruisse et tremble contre l’écorce et les souches pourries exhale de longs soupirs en palpitant très légèrement encore.

L’ogre regrette de s’être éloigné de sa cabane, ah sa cabane, sa chère cabane où il pourrait enfermer le monde qui lui échappe et le contempler à l’aise toute l’éternité. Dans sa cabane, le temps n’a pas prise, tout est calme, silencieux, ordonné et paisible. C’est dans sa cabane qu’il voudrait toujours vivre. Mais sa mère est là, au loin, qui l’en empêche et le retient dans la maison où il cherche sa place. C’est une place de petit, une place de muet, une place de gentil alors que l’ogre est terrible et effrayant.

La pluie maintenant se met à tomber et l’ogre s’abrite sous un arbre arthritique qui gémit dès que le vent le touche. L’ogre regarde la pluie sous le feuillage bleu, elle tournoie dans les airs et valse autour des jeunes troncs agités de secousses soudaines. La pluie écrase la buée et elle crépite dans les mares où se noient les fourmis égarées.

L’ogre entend la pluie emporter les bruits de la forêt et recouvrir d’un même grésillement toutes les choses qui l’entourent. Ses oreilles sont pleines de ce grondement qui monte jusqu’au ciel et retombe dans la campagne au-delà des taillis.

L’ogre regarde sa cabane au loin et se dit que le bonheur d’être un ogre ne peut être comparé à rien quand il a une cabane pour se réfugier les soirs de grande solitude. C’est là qu’on peut parfois pleurer sans que personne n’entende ni ne voie rien.

L’ogre soupire de contentement. Il sait que demain est un autre jour.

Il est ici et ne pense plus à là-bas.

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Lettre aux pianistes

Posté par traverse le 21 décembre 2012

Lettre aux pianistes

 

Lucie Van de Walle est…Et il est coutume, d’aligner une suite d’activités qui font la fonction…

Lucie Van de Walle est d’abord précise, comme les musiciens (elle est musicienne, viole de gambe…),

Lucie Van de Walle est fidèle  à sa passion des rencontres (elle organise avec les amoureux de la musique des rencontres entre théâtre et musique depuis quelque temps, entre autres au Théâtre des Martyrs ou sous l’enseigne « Musique à la lettre » ),

Lucie Van de Walle, est écrivain (elle a publié des pièces radiophoniques créées par France Culture, RTBF et a été couronné par le prix SACD de la Création radio)

Lucie Van de Walle est curieuse (elle fait du journalisme, 17 ans de « Vif » et aujourd’hui « Entre les lignes  »

http://www.entreleslignes.be/entre-les-lignes/peregrinations/1128-quelques-tirages.html )

Lucie Van de Walle fait de la photo et aime la Correspondance, elle vient donc de créer cette Collection de Carnet de correspondance et va exposer prochainement…des photographies.

(Podcast avec interview de l’auteure ici prochainement)

« Vous rappelez-vous que le mot pianiste est un terme hermaphrodite ?

Vu le nombre exponentiel de virtuoses, combien sont-ils à tempêter, à piétiner dans les coulisses de la gloire, définitivement méconnus, mais toujours avides d’offrir à un public saturé, leur énième et néanmoins fabuleuse version d’un grand concerto ? Le tout, si possible au Carnegie Hall, où règnent pourtant d’affolants prodiges chinois. »  

(Lucie VDW)

Quelques pages bellement éditée qui mettent en valeur les divers états du ou de la pianiste, une dimension biographique certaine dans la distance d’un style qui semble éloigner la passion pour mieux la contempler. Un bijou pour les Fêtes…

Disponible dans quelques librairies.

(12 pages sur papier crème 200 grs avec des photos N/B de Joseph Herrent)

Commande Traverse: 8 euros (envoi compris)

Entretien de Lucie Van de Walle avec Daniel Simon

fichier mp3 Lucie Van de Walle. Lettre aux pianistes

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Tourner en rond

Posté par traverse le 21 décembre 2012

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Cela devait arriver, tout était fait pour que ça arrive, un jour la trajectoire se plie, s’incurve, retombe et vous êtes ramené contre vous-même, la courbe se dessine, vous ne savez pas encore où vous en êtes, mais vous savez que la ligne droite n’a jamais existé, que c’était une des plus féroces histoires qu’on vous aie racontées, cruelle et terrible menterie, comme un conte tourné vers une fin impossible et qui prétend éclaircir ce qui va être votre route. Une forme tournée, une vie qui a été jouée déjà et que l’on retrouve parfois pour mieux la chahuter, la mettre dans le désordre des fausses découvertes, mais c’est là, on sait où on en reste, on sait ce qu’il en est et ça devient plus simple, le courbe se referme et là-dedans des vies sont enfermées, vécues, ratées, rêvées, ajournées, celles encore à votre main, tout est là et on pousse alors la forme devant soi, c’est léger, de plus en plus léger, ça roule tout seul parfois, parfois aussi ça dévale et on se court après mais la boule est toujours là, de plus en plus compacte et légère à la fois, une boule transparente et pleine de fantômes, un cercle des fantômes disparus qui ne laissent que leurs traces, des mots, des rires, des plaintes, des rubans de cheveux, des odeurs de hanches et de cuisses, des parfums écrasés par le vent qui filtre toute trace et l’emporte dans la matière au loin, tourner en rond, un jour et saisir l’esquive, le champ libre d’un accident, d’un dernier amour, d’un coup sur la nuque que le temps vous assène et vous vous relevez, vacillant avant le KO et vous poussez la forme dans laquelle vous êtes autant que dans la force que vous mettez à la faire rouler jusqu’à l’endroit final. Bonheur simple de ce voyage plus silencieux qu’avant, où le seul sens, ce terrible sens convoqué par les ectoplasmes de la vanité et de la morale, le sens de la marche, le sens du lever et du coucher, tout ce sens finalement prend  forme et cela seul compte.

 

C’est arrivé.

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La fin du monde, suite…

Posté par traverse le 20 décembre 2012

Dans neuf mois, la fin du monde recommencera, nouvelles idoles,

nouveaux poupons, anciennes étreintes…

Quelques images d’autres fins du monde dont nous sommes les rescapés

avant la prochaine, ad libitum…

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Babel, « La confusion des langues »…

Celle, au coeur de notre monde…

(in Liberation… http://next.liberation.fr/arts/2012/12/20/treize-tableaux-de-la-fin-du-monde_868521 )

 

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J’ai plus pu

Posté par traverse le 20 décembre 2012

J’ai plus pu karagoz-et-hacivatphoto-782x1024-229x300

(Entendu, réécrit)

1 : J’ai plus pu.

2 : Qu’est-ce qui t’ a pris ?

1 : J’ai plus pu.

2 : Et quand tu n’en peux plus, tu frappes ?

1 : J’sais pas, quand je me sens trop mal, vraiment trop mal alors, c’est la misère, je me sens plus, je sens que ça tremble tout à l’intérieur, je sens que ça vibre jusqu’à craquer et pour pas craquer, j’ai frappé, j’ai bien essayé de ne pas le faire mais c’était comme ça, y avait une barre qui traînait, par hasard, je l’ai vue, par hasard j’lai prise et j’ai frappé, ça c’était pas un hasard, pour pas craquer ou je ne sais pas quoi, pour répondre quand même à ce … qui venait encore avec ses histoires de dialogue et toute la merde qui va avec, j’en ai plus pu de l’entendre celle-là, bla-bla-bla, dialogue, bla-bla-bla et son sourire, sourire d’hypocrite, elle vient avec son sourire et chaque fois j’en peux plus, cette fois, c’était trop, j’ai plus pu j’ai plus pu. Voilà. Ca tremblait trop, fallait que ça cesse, je lui en ai foutu une, pas de chance, j’ai frappée trop fort. Voilà.

1 : Mais ce n’est pas possible ! C’est monstrueux !

2 :Monstre, oui, peut-être. C’était pas un couteau, encore heureux. Oui, j’ai d’la chance, là. Monstre ? Si tu veux, oui, si tu veux.

1 : C’est grave ce que tu dis, tu te rends compte de ce que tu dis ?

Excuse-moi, je ne voulais pas dire « monstre », je voulais, je tentais de te dire…

2 : « Monstre ».

Tu l’as dit.

1 : Ne te moque pas, ta mère, ton père, ta famille, tous ceux qui t’ aiment…

2 : Pas grand monde…

1 : Comment ça ?

2 : Ca m’a échappé.

1 : Moi aussi, ça m’a échappé.

2 : Monstre ?

(Un temps)

Non, le coup de barre – à – mine, tout à l’heure.

Ca m’a échappé.

1: Mais ce n’est pas possible, entendre ça « Ca m’a échappé ! »…

Il faut parler, pas cogner, frapper et, bientôt, tuer…Parler, dialoguer, s’expliquer…

2 : Pas appris.

1 : Et à l’école, les cours, les professeurs ? Ca ne compte pas tout ça ?

(Un temps)

Je tente de garder mon calme, je suis calme, je cherche à t’ aider : tu es au bord du précipice et si ta mère…

2 : Tombée dedans.

1 : Quoi ?

1 : Dans le précipice, ma mère.

1 : Excuse-moi.

2 : Image, métaphore, cliché, tristesse, protection, distance, ironie, émotion.Ca te va ?

1 : Ne te moque pas tout le temps. Pense à ta mère.

2 : C’est pour ça que je cherche la sortie.

J’y pense à ma mère : hydropisie et dépression. Vieille depuis toujours. Ses rides, on dirait du henné tellement elles sont noires. Moi, je cherche la sortie, pas ce parc humain où tu sais plus comment faire pour remonter les clôtures sans qu’elles se voient de l’extérieur. Pas simple ça : enfermer sans pouvoir le dire, alors tu parles de décrochage, de dérive, d’agressivité, de débordement, de manque d’objectif, tout le bazar du mensonge qui sonne bien sur la musique de la fuite. Ca deale, ça échange, ça menace et ça cède, ça promet et ça ne tient pas ses promesses mais ça cherche à sortir de ce bazar maudit.

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Ce soir, ce soir, j’étais, ce soir j’étais

Posté par traverse le 19 décembre 2012

 

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Ne sais plus ce soir j’étais si ce soir j’étais mais ce soir, j’étais ce soir, ce soir, c’était

J’étais ce soir, ce soir oui ce soir j’étais ce soir j’étais ce soir à une soirée ayant, pour

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J’étais, mais ce soir c’était ce soir, j’étais donc ce soir à une soirée, ce soir, oui, c’était

Ce soir, donc, ce soir, j’étais, à une soirée, ce soir et c’était un thème très intéressant,

la ponctuation.

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Récits de Vie APABel/Traverse

Posté par traverse le 17 décembre 2012

Rappel 18 décembre 14h (jusque 16h30), demain à Uccle

http://traverse.unblog.fr/2012/12/04/recits-de-vie-apabeltraverse-asbl/

 

 

Récits de Vie APABel/Traverse apabellogo-300x300

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Podium Poétique : « Voyage(s) »

Posté par traverse le 17 décembre 2012

Podium Poétique : 50aa656a9f64f8.76439506-150x110
Au Cercle des Voyageurs…
Podium Poétique : « Voyage(s) »
Mercredi 19 Décembre • 20:00  
•participation libre (Bibliothèque)
Vous écrivez de la poésie ? Vous désirez la faire partager ? Venez lire vos textes autour du thème « Voyage(s) » lors de cette soirée ouverte à tous.

Un voyage, votre voyage, tous les voyages.

Qu’ils soient réels ou rêvés, passés ou futurs, mobiles ou immobiles… 3 minutes de lecture par participant.

Bienvenue à tous ! Lecteur ou spectateur !

Inscriptions sur place le soir-même à partir de 19h30.

Lancement : Eric Piette, Catherine Ysmal et Daniel Simon

Animé par Frédérique Longrée.

Une participation financière libre vous sera demandée à l’entrée.

Renseignements auprès de la Mipah : a.marchand@mipah.be / 02 511 91 22

Organisé en partenariat avec la Maison Internationale de la Poésie – Arthur Haulot. www.mipah.be

 

Je lirai un extrait de « Quand vous serez » et de « D’un pas léger »...
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Cabanes/8

Posté par traverse le 17 décembre 2012

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Dans cette forêt, l’ogre comprend que la nuit ressemble à la nuit, à la vraie, la terrible, l’éléphantesque nuit de bruits, de gémissements et de dangers encore inconnus, une nuit que le jour a posé dans le cœur de chaque chose pour se métamorphoser, une nuit bleue, une nuit sous les étoiles et la lune toute emplie de buée.

Dans cette forêt, l’ogre entend les petits se coucher sous la menace des grands, les faibles se serrer les uns contre les autres, dans la forêt, l’ogre découvre la nuit qui ne ressemble en rien au passage dans le noir qu’on appelle la nuit dans toutes les maisons. Ici, la nuit ne se livre pas à la paresse, elle grogne et se bat et attaque et combat sans broncher les dernières traces du jour qui vont lui tomber sur les épaules bientôt.

Dans cette forêt, l’ogre avance à petits pas et en serrant les fesses, derrière, devant, à ses côtés, le danger est partout et l’ogre se prépare à la lutte en tenant fermement son bâton de chef. Mais il sait que le temps sera bref quand il y aura combat, le tout est de durer, de rester sur ses gardes, de regarder les traces et de commencer à apprendre à quoi ressemble l’empreinte d’un ennemi qu’on n’a jamais vu mais qu’on connaît depuis tellement longtemps.

Dans cette forêt, l’ogre courbe le dos, ouvre grand ses oreilles et écarquille les yeux, il est tout présent à ce qui le dévore déjà et prend toute la place, la peur, le souffle court et de légers tremblements. Mais l’ogre n’a pas le choix, il poursuit son chemin en ouvrant une piste qui s’éloigne de la cabane.

 

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Cabanes/7

Posté par traverse le 13 décembre 2012

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Des craquements, des feulements, des silences soudain, la forêt accompagne l’ogre dans sa chasse. Il marche courbé et regarde les feuilles au sol, les brindilles, les banches cassées et ne lit pas grand-chose dans ce fouillis nouveau mais il guette et il a le nez fin.

Des inouks au loin pleurent dans les zones des hommes et l’ogre se dit qu’il ne doit pas se rapprocher trop près, qu’on pourrait le surprendre et le faire prisonnier.  Alors, il s’assied contre le tronc d’un arbre et réfléchit.

La nuit est tombée et l’ogre pense toujours, ses yeux s’habituent à la lumière bleutée qui flotte entre les arbres. On dirait des nuages trop lourds qui tombent des hauteurs et vont s’accrocher aux feuilles des taillis. Des araignées apparaissent et disparaissent dans l’obscurité transparente qui voile ce qui l’entoure.

L’ogre se relève brusquement, des yeux scintillent dans la forêt. Il se cache derrière le premier arbre venu et attend en retenant sa respiration. Il se dit qu’il rentrerait bien chez sa mère mais cette idée disparaît après quelques secondes, le courage remonte en lui et il serre les poings. Il n’a plus peur et est prêt à tout.

Dans le silence bruyant de la forêt il entend maintenant des sons jamais entendus, des miaulements, des sifflements, des roucoulements et des battements d’ailes affolés.

L’ogre s’apprête à passer la nuit dans le vacarme qui s’éveille.

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Escales hivernales/Lille

Posté par traverse le 12 décembre 2012

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A Lille ce week-end, un Salon du Livre…

GRANDE LIBRAIRIE
CAFÉS LITTÉRAIRES
ATELIERS D’ÉCRITURE
LECTURES SPECTACLES
TABLES RONDES ET DÉBATS
ESPACE LITTÉRATURE JEUNESSE
CCI GRAND LILLE
PLACE DU THÉÂTRE (OPÉRA)
15 et 16 décembre 2012
À PARTIR DE 13H - ENTRÉE LIBRE

Samedi, 16h, Stand MEO je serai présent et ferai lecture sur podium.

D’autres auteurs MEO…Monique Thomassetie, Jasna Samic

Escales hivernales/Lille 2QUAND-VOUS-SEREZ-COUV-CPLTweb-300x211
DANIEL SIMON (extrait programme)
Poète, dramaturge et metteur
en scène, professeur
d’Histoire et de philosophie du
théâtre, auteur d'une quinzaine
d'ouvrages, il affectionne le
texte bref et le poème en
prose qui lui permettent de
vouer à l’étrangeté du monde
son regard perplexe de faux
naïf. Notons parmi ses
récentes publications : Quand
vous serez (M.E.O. éditions,
2012) ; Dans le Parc (M.E.O.
éditions, 2011) ; D’un pas
léger (Le Taillis Pré, 2007).

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Cabanes/6

Posté par traverse le 9 décembre 2012

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La pomme de terre est toute brûlée et presque creuse en sa chair, les flammes ont bien mangé et l’ogre reste sur sa faim.

Il faudra de nouvelles chasses pour que l’ogre soit rassasié mais la forêt est vaste et l’ogre partita bientôt à la chasse aux inouks. Ce sont des animaux terribles qui prennent l’allure et des poses d’enfants qui se transforment en bêtes féroces quand ils sentent attaqués.

D’abord ils grimacent comme s’ils allaient pleurer, se jettent sur le sol et tapent des pieds en reniflant et criant. Leurs cris ont déjà tué bien des grandes personnes car ils peuvent hurler longuement et geindre et se plaindre pendant qu’ils gardent un  sourire dans la morve qui coule.

Sous l’œil humide brille une flamme effrayante qui fait fuir de nombreux adultes. Les inouks sont nombreux mais versatiles et un rien  parfois peu les calmer, le sucre surtout et des images qu’on leur passe devant les yeux en faisant beaucoup de bruit. Ces bêtes-là font le malheur de tous.

L’ogre se prépare donc à chasser, il prend son bâton à la pointe durcie au feu, son coutelas et ses allumettes, on ne sait jamais.

Il camoufle sa cabane et regarde vers l’horizon. La maison de maman est éteinte maintenant et on ne voit plus que des draps qui flottent dans le jardin, tout petits et si lointains qu’on dirait des papillons jaunes et rouges sur un arbre bleu.

L’ogre crache par terre comme tous les chasseurs, remontent ses culottes et part dans la forêt après avoir fait pipi sur le feu. Une haute colonne de vapeur se dissipe dans les arbres.

Il couvre sa cabane d’une branche, il part.

 

 

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Cabanes/5

Posté par traverse le 9 décembre 2012

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Dans ce  roulis de vent tiède, l’ogre songe, il songe comme un ogre  qui songe et son nez le chatouille.

Il a faim, il gargouille et bredouille des histoires sans fin de bonne chère et de sucre fondant. Il a le ventre creux et il doit le remplir avant que l’ogre en lui ne se fâche avec lui.

Alors il ouvre les yeux et cherche de quoi calmer le petit ogre qui dort en lui et qui le rappelle à l’ordre plusieurs fois par jour.

Il ouvre les yeux avec délicatesse parce que les yeux des ogres sont délicats et fragiles. Il distingue dans l’ombre de la cabane sa belle gourde remplie encore de lait de tigresse et son coutelas  ouvert.

C’est son canif qu’il appelle « coutelas » car chez les ogres c’est un mot plus lourd pour découper toutes ces choses qu’il choisit de manger.

L’ogre a faim encore plus qu’à la phrase précédente et il se dit que la pomme de terre qu’il a prise dans la réserve de maman sera parfaite pour son petit ogre affamé.

Il allume un feu avec les allumettes qui sont dans la boîte en fer-blanc et s’assied tout au bord en glissant ses chaussures sur les braises qui fument.

Ca sent fort et il retire ses pieds mais il aime cette odeur, il aime toutes les odeurs qui lui montent aux narines.

Les patates cuisent et bientôt il pourra manger comme un ogre sait le faire.

A pleines dents.

 

 

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Cabanes/4

Posté par traverse le 8 décembre 2012

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Ah, l’ogre est bien dans sa cabane qui est la plus solide contre le vent, la pluie et les bêtes sauvages, belle aussi avec ses branches plantées comme là-bas les sioux le font depuis toujours, et un trou au-dessus pour le feu,

C’est fatiguant de garder les yeux presque fermés et dormir à moitié, alors il pense.

L’ogre pense à son cartable qu’il aimerait torturer et attacher par le cou jusqu’à ce qu’il tousse et crache et demande pardon.

L’ogre a les oreilles grandes ouvertes pour laisser entrer les craquements, les grattements et les battements aussi, de tout, de ce qui court et qui rampe sur le sol, dans la terre et dans l’air.

Il a les oreilles grandes ouvertes et le son du sommeil fait un bruit comme le vent léger qui marche sur la pointe des pieds autour de la cabane.

Il entend encore le bus qui passe mais de plus en plus loin, là-bas, derrière la maison des voisins et la maison s’éloigne avec le bus jusqu’au coin qu’on ne voit plus.

Si jamais on le retrouvait pas, ici, ce serait bien, il faudra qu’il y pense à remettre des branches sur le toit, des vertes, des fraîches et des solides.

L’ogre a un plan et il va s’y tenir.

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Cabanes/3

Posté par traverse le 7 décembre 2012

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Dans sa cabane, l’ogre prend toute la place, sa tête, son corps, ses bras, ses jambes, tout y est.

Et ce qui est dedans : foie, reins, cœur, poumons, rate, intestins et des grands trous parfois qu’il va devoir remplir le reste de sa vie.

A côté de sa tête, sur les feuilles mortes un lacet, une bille, un canif et une boîte d’allumettes, une gourde aussi et un paquet de Petit Lu, des chiques et des images de collection.

A ses pieds, des fougères séchées, une nappe cirée et une boîte à tartines.

Devant la cabane, son bâton pour dire qu’il est le chef.

Et plus loin, la maison, la pompe à essence et le supermarché, pas loin assez mais on les entend plus.

En ce moment, l’ogre fait semblant de dormir et il regarde entre ses cils pour voir sans être vu.

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La fragilité de l’éditeur

Posté par traverse le 7 décembre 2012

 

http://politique.eu.org/spip.php?article2193

LE THÈME

La fragilité de l’éditeur

Jean-Luc OUTERS

Responsable du Service de la Promotion des lettres du ministère de la Culture de la Communauté française de 1990 à 2011.

En Belgique francophone, dans le poids des livres vendus par les éditions belges, la littérature ne représente que 2%. Mais ce très faible poids économique se compense par un rôle culturel non négligeable. Une production fragile mais nécessaire.

Quand vous avez pris vos fonctions au Service de la Promotion des Lettres, l’édition belge francophone se portait-elle bien ?

Début des années quatre-vingt, le secteur de l’édition littéraire et des sciences sociales était plutôt diversifié. La bande dessinée était florissante avec Casterman, Dupuis, le Lombard. Des maisons comme De Boeck ou Duculot étaient performantes dans le livre universitaire et les sciences humaines. Il y avait de petits éditeurs littéraires comme les Éperonniers, des éditeurs moyens comme Complexe et Labor avec un chiffre d’affaires honorable et un certain nombre d’employés. Complexe réussissait à occuper le terrain du livre historique avec une forte exportation vers la France, tandis que Labor travaillait le livre scolaire et patrimonial.

Au fil du temps, par le jeu des concentrations et absorptions, d’imposantes maisons d’édition ont fini par concentrer 90% du chiffre d’affaires de l’édition belge francophone tout en étant rachetées par des groupes étrangers, Casterman par Flammarion, De Boeck par Editis (avant d’être racheté par un groupe… belge).

Avec quelles conséquences pour le secteur ?

Ces grosses maisons d’édition exportent environ 60% de leur production, condition de leur survie et de leur développement. Elles n’ont plus qu’un faible ancrage en Belgique, les décisions se prenant hors du pays. Ce phénomène s’est couplé avec la disparition d’éditeurs de taille moyenne tandis que des structures artisanales ont réussi à se maintenir souvent dans des niches assez marginales.

Mais cette « petite » édition souffre terriblement. Si en France l’édition littéraire vit surtout grâce à son patrimoine (Beckett, Duras, Camus), et ses bestsellers (Nothomb, Millenium), ce phénomène est inexistant chez nous.

« [...] D’imposantes maisons d’édition ont fini par concentrer 90% du chiffre d’affaires de l’édition belge francophone tout en étant rachetées par des groupes étrangers [...]. »

Il faut constamment jouer des coudes sur les tables des libraires et au-delà des frontières, la survie de l’éditeur belge dépend de l’accès au marché français. Or y obtenir une couverture dans la critique est terriblement compliqué, surtout en littérature. La rentrée en France représente 700 livres. Les libraires sont saturés. Alors, pourquoi faire un effort pour des livres suisses, belges ou québécois très peu médiatisés, mononationaux  ? Les éditeurs belges vacillent face à ce réseau inexpugnable. Un rapport de l’Observatoire des politiques culturelles a démontré la fragilité du secteur : 60% des maisons littéraires sont dans le rouge ! Leur chiffre d’affaires moyen en 2009 pour la littérature générale est de 150 000 euros avec un pourcentage moyen de 70% de recettes propres. Pour la poésie, ces chiffres tombent à 18 000 euros avec un pourcentage moyen de 25% de recettes propres.

Sans la France, point de salut ?

Le dynamisme des éditeurs n’est pas en cause et à cet égard, on peut saluer certaines maisons dont les ventes progressent chaque année. Cette situation est liée au tassement du marché du livre ces deux dernières années tant en Belgique qu’en France, à l’érosion du lectorat face à la multiplication des offres, notamment dans le domaine numérique, à la surproduction de titres et à la rotation accrue des ouvrages en librairie. Ces différents facteurs expliquent que les éditeurs français de taille comparable éprouvent les mêmes difficultés entraînant la fin de certaines collections jugées peu rentables ou la cessation d’activités pure et simple.

Un rapport de l’Observatoire des politiques culturelles a démontré la fragilité du secteur : 60% des maisons littéraires sont dans le rouge !

À ce contexte général, s’ajoute, pour les éditeurs belges, le problème endémique de la distribution de leurs ouvrages en France qui constitue, on le sait, le principal marché du livre de langue française et un centre de légitimation essentiel. Il n’y a cependant pas de fatalité à ce phénomène. Le Québec, par exemple, a un marché local consistant avec un puissant phénomène identitaire. Là-bas, au Salon du livre, j’ai été frappé de voir des files de signatures d’écrivains dont je n’avais jamais entendu parler. Mais les Québécois s’exportent très peu. Contrairement au Québec ou en Flandre, il n’y a chez nous aucun sentiment « identitaire  » par rapport à la littérature belge, comme c’est le cas également pour les autres arts, le cinéma notamment qui souffre d’un manque de public malgré des prix prestigieux récoltés à l’étranger.

La plupart des auteurs belges consacrés publient leurs livres en France. À quoi bon dès lors maintenir à bout de bras un secteur éditorial en Communauté française ?

D’abord parce que des écrivains importants y ont publié la plupart de leurs livres : Marcel Thiry, Gaston Compère, Guy Vaes, Liliane Wouters, Corine Hoex, par exemple.

Ensuite parce qu’il s’y publie chaque année des livres remarquables dans des domaines souvent peu médiatisés : poésie, théâtre, ouvrages associant écrivains et plasticiens… Le premier éditeur de théâtre en francophonie est Émile Lansman [1], basé à Morlanwelz.

Enfin, dans le domaine patrimonial, l’éditeur a un rôle capital. La collection Espace Nord qui regorge de « classiques » belges met ainsi le patrimoine littéraire à disposition du monde scolaire.

Au-delà des auteurs reconnus, le rôle de l’éditeur n’est-il pas aussi, avant tout, d’être un dénicheur de talents ?

Oui. Et il semble impensable qu’une littérature se développe en Belgique francophone sans maisons d’édition sur son territoire. La proximité auteur-éditeur est primordiale pour créer les conditions d’un échange, d’un dialogue sur le livre.

À cet égard, l’éditeur belge joue souvent un rôle de défricheur. François Emmanuel a publié son premier roman aux Éperonniers, Véronique Bergen et Kenan Gorgün ont fait pareil chez Luce Wilquin.

Ces dernières années, de nouveaux venus sont apparus dans le monde de l’édition avec une réelle compréhension du métier d’éditeur. Ils développent une vision originale. Les Impressions Nouvelles ou Aden [2], par exemple, ont pensé ce qu’était un livre, ils ont soigné l’objet. Avec un catalogue diversifié et une bonne distribution en France, ils s’en tirent, dans la douleur, mais ils s’en tirent. Ils ont compris ce qu’est éditer et diffuser un livre.

« La proximité auteur-éditeur est primordiale pour créer les conditions d’un échange, d’un dialogue sur le livre. »

Malheureusement, tous n’ont pas ce profil chez nous et certains ne lisent que les chèques alors qu’un éditeur lit l’œuvre, dialogue avec l’auteur avant de publier son texte. C’est ce dialogue qui hélas fait souvent défaut chez nous.

Mais l’éditeur doit-il être avant tout un homme de lettres ? Ou un commerçant ?

L’éditeur constitue la porte d’accès au libraire parce que son nom constitue un label, une marque qui, à travers son catalogue et son savoir-faire, garantit au lecteur un engagement dans le choix et la publication de l’ouvrage. Il est le passeur entre l’auteur et le lecteur auquel, en quelque sorte, il souffle dans le creux de l’oreille : « j’ai aimé ce manuscrit au point de vous le confier pour que vous le découvriez à votre tour. » À condition que l’éditeur soit lui-même un lecteur mu par la passion de découvrir et de transmettre. Hubert Nyssen (Actes Sud [3]), Gallimard ou Jérôme Lindon (Éditions de Minuit) sont avant tout des amoureux du livre. Hubert Nyssen, par exemple, a publié les livres qu’il voulait lire et ensuite a ajouté à sa passion un réel sens de la gestion, ce qui est plutôt rare. Chez nous, Didier Platteau, ancien directeur de Casterman, avait aussi ce profil pour la BD.

Malgré leur dynamisme, beaucoup d’éditeurs pourraient-ils s’en sortir sans subsides ?

Le rôle culturel ou symbolique de ces acteurs du livre doit peser plus lourd dans la politique culturelle de la Communauté française que leur poids économique. Et si les maisons d’éditions belges paraissent condamnées à vivre sous perfusion, il n’y a pas de honte à subsidier un secteur.

C’est en raison de leur rôle culturel que la Communauté française fournit à la plupart de ces éditeurs, dix-neuf en 2010, un soutien régulier le plus souvent dans le cadre de conventions (avec la proposition de sortir autant de titres par an, d’avoir un chiffre d’affaires minimum, l’obligation d’être distribué en Belgique et en France…).

« Le rôle culturel ou symbolique de ces acteurs du livre doit peser plus lourd dans la politique culturelle de la Communauté française que leur poids économique. »

Certes ces aides apparaissent insuffisantes au regard des besoins puisque leur montant total est d’environ 700 000 euros, soit la moitié de la subvention accordée à un théâtre comme le Varia ou le Rideau de Bruxelles, par exemple [4]. Cette insuffisance de moyens se renforce par l’absence d’une politique d’achats d’ouvrages (pas seulement des manuels scolaires) à destination de l’enseignement, par l’insuffisance du soutien à l’exportation et par les carences endémiques de l’Association des éditeurs belges (Adeb), qui ne joue aucun rôle par rapport au secteur littéraire.

C’est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir du regroupement d’une cinquantaine d’éditeurs littéraires au sein de la structure Espace Poésie qui va mutualiser les ressources des petits éditeurs en vue de promouvoir leurs ouvrages en Belgique et en France.

Reste à parler du défi de l’édition du XXIe siècle : la numérisation.

La révolution numérique touche évidemment l’édition littéraire. Si la vente de contenus numériques reste aujourd’hui marginale (1% en France, 6% aux États-Unis), sa croissance est vertigineuse à tel point qu’on annonce que d’ici cinq ans elle représentera de 15 à 25% des ventes de livres. Les contenus professionnels, scientifiques et techniques ont ouvert la voie, mais la littérature générale n’a pas tardé à suivre le mouvement. Certes l’offre numérique entraîne l’érosion de la vente de livres imprimés, mais dans une proportion limitée, les lecteurs numériques déclarant « consommer » plus de livres qu’avant. Le marché du livre numérique, qui, pour l’essentiel, demeure une transposition du livre papier (livre homothétique), compense le déclin de ce dernier. Bref, contrairement au séisme qui a ébranlé l’industrie du disque et de la vidéo, on assiste ici à une évolution en douceur.

Cependant, cette mutation radicale va obliger les acteurs de la chaîne du livre, auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, à redéfinir leur rôle et leurs relations.

Pourra-t-on un jour imaginer un livre sans éditeur ?

Sans doute. Avec la technologie actuelle, tout le monde peut publier un livre sur papier ou sur la toile. Mais sera-t-il lu ? De nombreux auteurs, lassés des refus en cascades de leur manuscrit par les éditeurs, se lancent dans l’aventure. Les libraires sont familiers de ces visites d’écrivains auto-édités tentant de placer leur opus forts de cette annonce : « Voilà, j’ai écrit un livre ». Au lieu de cris d’enthousiasme, ils ne recueillent au mieux que la moue du libraire absorbé par l’ouverture des caisses contenant les sept cents titres de la rentrée littéraire et le casse-tête de leur présentation sur des tables déjà saturées d’ouvrages. Et voilà notre auteur désenchanté par le douloureux constat que le livre est un marché et que sa diffusion est combien plus ardue que sa production même. L’éditeur restera un maillon essentiel de la création littéraire, l’aiguillon.

Plutôt que de prédire la mort de l’éditeur, il s’agira de repenser les métiers et l’organisation du travail dans les librairies, les maisons d’édition. Il s’agira de protéger les droits des auteurs et de mutualiser les services à partir de structures communes, comme cela se pratique déjà en Flandre à travers Boek.be…

Il est grand temps mais il n’est pas trop tard que les éditeurs littéraires prennent ce train en marche. Ils en sont conscients mais en Belgique francophone, nous ne sommes pas encore très loin dans la pratique. Les « Journées numériques » organisées par la Promotion des Lettres attirent à chaque fois une centaine de personnes, car tout le secteur le sait : il va être bouleversé, ce sera une mutation comparable à l’apparition de l’imprimerie.

Propos recueillis par Olivier Bailly.

Mots Clés : Edition

[1] Que nous avons rencontré. Voir pages 44-45.

[2] Que nous avons également rencontré. Voir pages 42-44.

[3] Maison d’édition de Jean-Luc Outers. (NDLR)

[4] La Communauté française consacre au Livre 3,78 euros par habitant (chiffre de 2005). Le « poids » financier du livre parmi les autres dépenses de ce qui est appelé le « noyau dur » de la culture est de 3,84%. Plus que les arts plastiques (2,85%) mais bien moins que les arts de la scène (16,91%), la Jeunesse/Éducation permanente (11,56%) ou l’audiovisuel/ multimédias (52,55%).

 

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Cabanes/2

Posté par traverse le 7 décembre 2012

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Du vent  se glisse à travers les branches et tourne en rond dans la cabane, du vent coulis, du vent tournis, du vent d’ici qui retourne là dans la prairie en filant sur les blés.

L’ogre se voit en ogre grand, immense et terrifiant, l’ogre a des faims d’ogre mais les jambes trop courtes pour manger les nuages de mousse et de meringue en défilé sur le faîte de la forêt.

Le petit ogre dort en reniflant souvent comme les chiots emmêlés dans les poils des tétins.

Des fourmis lui rentrent dans la culotte et l’ogre crie, l’ogre se fâche, l’ogre tempête et l’ogre se gratte aux endroits les plus tendres.

Mais l’ogre a le courage de retarder ses pleurs, c’est une vertu qui demeure encore chez les ogres.

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Cabanes/1

Posté par traverse le 6 décembre 2012

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L’ogre ne pense plus à rien dans sa cabane où il digère.

Culottes courtes et cheveux en brosse, l’ogre arrache des fougères en se coupant les paumes aux lames préhistoriques.

Il se lèche les coupures et a besoin de faire pipi.

Alors, l’ogre sautille sur place en se débraguettant, c’est long et c’est petit.

Il vise les chenilles au pied de l’arbre.

Elles se tortillent dans l’acide dont il menace les insectes alentour.

L’ogre est puissant avec son jet fumant.

Heureux, l’ogre se roule en boule et laisse flotter en lui des odeurs de pourriture et de musc.

Il voudrait pénétrer le sol de bave et de moisissure, il renifle les feuilles mortes amalgamées dans des boues noires et piquantes.

L’ogre se mouche entre ses doigts et nettoie sa main dans l’herbe haute.

L’ogre a sommeil,  il rejoint des festins d’aventures et entend sa mère au loin l’appeler pour le goûter.

L’ogre s’est endormi.

 

 

 

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Sur le chemin, des lames

Posté par traverse le 5 décembre 2012

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Sur le chemin, des lames, des pics, des sabres anciens, des griffes laissées en un tournemain

Obscur, de quels abordages font-ils grise mine, ces vertiges enfoncés dans la tourbe

D’hier, ces mâtures immergées dans le temps des fontaines,

Des sucs et des gorges fragiles, de quel tremblement annoncent-elles

La fin, le silence et la joie de sombrer ?

De quelle aventure dressée sur le devant du vent font-elles la sourde oreille ?

 

De quel enfantillage suis-je encore héritier.

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Récits de vie…APABel/Traverse asbl

Posté par traverse le 4 décembre 2012

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Les Archives du Patrimoine autobiographique

vous invitent à une rencontre thématique

Récits de vie...APABel/Traverse asbl apabellogo-300x300

Je, tu, elle ou il :

les mots pour se dire…

 

Nombre d’entre nous écrivent leur vie, en tout ou en partie, ou tiennent un journal intime. Enfance, amours, guerres et combats, fuite du temps… ces récits abordent tous les sujets, graves ou légers. Tout comme l’ont fait Marguerite Duras, Julien Gracq, Dominique Rolin ou d’autres autobiographes, dont la publication assure la pérennité.

Mais nous, les voix anonymes, comment préserver de la disparition et de l’oubli nos récits de vie ?

En les déposant auprès des Archives du Patrimoine autobiographique (APA-Bel) qui recueillent, préservent et font vivre les documents autobiographiques non publiés.

Nous vous invitons à découvrir notre travail et nos activités.

Mais surtout, venez savourer les récits que des écrivants comme vous ont déjà confiés à l’APA-Bel, et leurs pendants dans la littérature autobiographique.

Venez découvrir aussi des ateliers d’écriture autobiographique et certains textes écrits par leurs participants.

Où ?

Bibliothèque-médiathèque « Le Phare »,

935 chaussée de Waterloo à 1180 Bruxelles

Quand ?

Le mardi 18 décembre de 14h30 à 16h30

Entrée libre et gratuite

Programme

Présentation de l’APA-Bel et introduction à l’autobiographie

(Rolland Westreich – président APA-Bel)

Lectures croisées

(Lectures par Jean Loubry, conteur ; présentations par Marie Larrieu etFrançoise Osteaux, membres d’APA-Bel)

Présentation d’un atelier autobiographique et de textes d’écrivants

(Daniel Simon / Traverse ASBL)

Questions-réponses - Verre de l’amitié

 

Avec le soutien de la Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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LES ECRITURES DE SOI

Posté par traverse le 2 décembre 2012

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(en préparation d’une rencontre le 18 décembre à Bruxelles  avec les Archives du Patrimoine autobiographique  APA Bel (pour préserver de l’oubli nos récits de vie).

avec Rolland Westreich et Daniel Simon)

(Information)

Le Pacte Autobiographique 

Un problème voit le jour dès lors que l’on parle d’autobiographie. En effet, pour la définir, aucun critère linguistique ne semble pertinent car rien ne semble distinguer a priori une autobiographie d’un roman à la première personne. Le  » je  » n’a de référence actuelle qu’à l’intérieur du discours : il renvoie à l’énonciateur, que celui-ci soit fictif ou réel (attesté par l’état-civil) . Le  » je  » n’est d’ailleurs nullement la marque exclusive de l’autobiographie puisque, par exemple, Jorge Semprun utilise le  » tu  » pour son Autobiographie de Fédérico Sànchez, de même que Claude Roy (dans certains passages de Nous), Michel Leiris (Frêle Bruit) ou Roland Barthes (dans Barthes par Roland Barthes) utilisent le  » il « .

C’est pourquoi, le fait de recourir à la définition de Philippe Lejeune dans son Pacte autobiographique désigne moins une entreprise qu’un genre, avec le risque de se couper des genres voisins que sont les mémoires, biographies, autoportraits…, à moins alors de se livrer à de perpétuelles rectifications. En effet, P. Lejeune définit l’autobiographie comme  » un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier, sur l’histoire de sa personnalité « . Dès lors, comment qualifier les récits autobiographiques de Simone de Beauvoir puisqu’ils ne sont pas exclusivement le récit d’une vie individuelle, comment qualifier aussi les Mémoires d’Outretombe de Châteaubriand puisqu’elles ne sont pas toujours rétrospectives, ou encore, comment qualifier la Vie Ordinaire de Georges Perros qui est écrite en vers ?

Il conviendrait donc de s’en tenir à la garantie formelle de l’identité de l’auteur, du narrateur et du personnage, attestée par la signature, le nom ou le pseudonyme, pour certifier la présence de l’autobiographie. On appellera  » pacte autobiographique  » l’affirmation dans le texte, voire dans ses marges (le paratexte) de cette identité, quelle que soit l’opinion que le lecteur puisse avoir sur la vérité ou la réalité des énoncés.  » Le lecteur pourra chicaner sur la ressemblance, mais jamais sur l’identité  » nous dit Philippe Lejeune. Et en effet, par l’intervention du nom propre, l’autobiographie affirmerait sa nature essentiellement référentielle et contractuelle et imposerait un mode de lecture distinct de celui qu’inpose le  » pacte romanesque  » ou  » fantasmatique « .

Et d’ailleurs, si la notion d’identité est primordiale, c’est parce que celle de vérité est bancale. Tout d’abord la notion de vérité, ainsi que celle de la sincérité ne peuvent être appliquées inconditionnellement dans l’autobiographie puisque l’auteur qui fait le récit de sa vie en la connaissant déjà, la raconte d’un point de départ dont il fait semblant d’ignorer l’issue au moment où il le relate. Se mettre en position d’autobiographie serait accepter d’avance le principe d’une coïncidence entre celui qui tient la plume et celui qui, vivant, ne la tenait pas. Une coïncidence qui signale un clivage entre vivre et écrire, à moins que l’on ne transfère le vivre tout entier dans le moment de l’écriture (auquel cas on aboutit alors à une autographie).

Mais, quand bien même il y mettrait toute la sincérité du monde, la vérité qu’il exposerait alors ne serait malgré tout que sa vérité du moment, celle que sa mémoire veut bien lui restituer ou simplement celle qu’il s’autorise à dévoiler. On comprend dès lors que cette notion de vérité que l’auteur désire passer comme un pacte au lecteur ne peut être garante du genre autobiographique. L’auteur peut dire qu’il dit la vérité, il peut y croire très fort, son récit n’en sera pas authentique pour autant. C’est pourquoi la définition faite par Philippe Lejeune doit être relativisée quant à cette notion de vérité puisqu’elle nous dit que l’autobiographe est censé faire un récit de sa propre existence et que cela implique pour le lecteur, quel qu’il soit, qu’il s’attend à retrouver des faits réels, des éléments référentiels.

Il semble donc bien que seule l’identité auteur /narrateur/personnage puisse se porter garante du genre. Et pourtant, ici aussi, le propos doit être nuancé. En effet, Philippe Lejeune ajoute, dans son Pacte autobiographique, un tableau démontrant que cette identité peut engendrer d’autres genres que celui de l’autobiographie et que certains même n’ont encore, d’après lui, jamais vu le jour en littérature. Pour que l’identité entre ces trois instances soit garante de l’autobiographie, il faut nécessairement que l’on trouve, quelque part dans le texte ou le paratexte, un pacte qui soit autobiographique et garantisse que l’auteur a voulu faire le récit de sa propre existence et que le sujet de son récit, c’est lui. Sans ce pacte, pas d’autobiographie, à moins qu’il n’y ait aucun pacte du tout – ni autobiographique, ni romanesque – et que dans ce cas, on se réfère uniquement à l’identité auteur/narrateur/personnage pour garantir du genre autobiographique.

L’autobiographie n’existe alors que dans trois cas : lorsqu’il y a pacte autobiographique et que le nom de l’auteur égale celui du personnage, ou que le nom du personnage n’est pas du tout mentionné dans le texte. Et enfin, lorsqu’il n’y a pas de pacte autobiographique et que le nom de l’auteur égale celui du personnage. En dehors de ces trois cas, l’autobiographie selon Philippe Lejeune n’existe pas et devient alors roman, excepté dans trois autres cas, qualifiés dans son tableau de cases aveugles ou (pour l’un des cas) d’indéterminé. En effet, à quel genre avons-nous affaire lorsque l’auteur établit un pacte romanesque et que, néanmoins, le nom de son personnage est le même que le sien? Inversement, existe-t-il un genre littéraire qui corresponde à l’affirmation d’un pacte autobiographique sans la coïncidence de l’identité entre le nom de l’auteur et celui du personnage ? La réflexion de Lejeune aboutit là à un  » no man’s land  » littéraire.

Ce sont deux exemples a priori possibles d’écriture que la littérature semble n’avoir jamais mis au monde. Un troisième existe, que Lejeune appelle  » indéterminé  » et dans lequel on n’a affaire à aucun pacte et aucune identité. L’indétermination est alors totale et c’est au lecteur selon son humeur de lire ce texte sur le registre qu’il préfère.

Quoiqu’il en soit, on s’aperçoit à travers ces différentes tentatives de caractérisation de l’autobiographie que l’on a affaire à un genre qui se définit par son opposition au genre fictionnel. Le tableau de Philippe Lejeune nous montre d’ailleurs bien, à cet égard, que l’autobiographie trouve sa réalisation grâce au pacte autobiographique, éventuellement grâce à l’absence de pacte, mais en tout cas certainement pas dans l’affirmation d’un pacte romanesque. Et c’est bien là que réside la différence fondamentale entre ces deux genres: dans l’intention, plus ou moins avouée ou reconnue, de l’auteur, d’écrire le récit de sa propre existence ou de quelqu’un d’autre. À la limite, le texte, qu’il soit fictif ou référentiel, peut tout à fait être identique; seul le pacte conclu avec le lecteur permet de le faire pencher davantage de l’un ou de l’autre côté. Mais, bien entendu, tout ceci repose sur la conviction que l’auteur souhaite  » éclairer  » son lecteur sur tel ou tel pacte, ce qui n’est pas forcément toujours le cas (nous y reviendrons ultérieurement).

Ariane KOUROUPAKIS et Laurence WERLI

 

… et bien entendu, la Collection Je http://auberge.unblog.fr/

 

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Ateliers d’écriture 2013

Posté par traverse le 2 décembre 2012

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Programme complet des Ateliers d’écriture de Traverse asbl de janvier à août 2013

en collaboration avec les Bibliothèques de Schaerbeek…

http://traverse.unblog.fr/ateliers-et-formations/

http://traverse.unblog.fr/files/2009/12/danielsimon-janvier2013.pdf

 

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