Cabanes /15
Posté par traverse le 21 février 2013
C’est un chien, un chien enflammé qui court la nuit dans les landes de Baskerville, un sous-marin au capitaine halluciné, une baleine blanche qui vient et qui revient sans cesse jusqu’ au centre de la cabane, des flots bouillonnants qui recouvrent la terre, des ptérodactyles enragés qui bondissent sur lui, des criquets en vacarme sur le toit de la cabane, le désert enfin qui s’apaise après la tempête et le bruissement calme du ruisseau qui reprend sa place dans le sommeil de l’ogre.
Il aimerait que tout soit facile mais il sent qu’il y a trop de choses en lui pour que ce le soit, des histoires, encore et encore, des flots d’histoires coulent dans son cœur mais pour le laver de quoi ? De quoi le cœur de l’ogre souffre-t-il donc déjà alors qu’il est si jeune? Et ces histoires qui l’envahissent peu à peu remplissent de grands trous qu’il découvre à chaque pas, des trous sans fin qui semblent le guetter pour accueillir sa chute, des trous aux bords glacés qui se referment et vous engloutissent pour toujours, des trous soudain qui se révèlent alors que le sol ne trahit rien, des trous par lesquels l’ogre passe souvent en s’accrochant comme il peut à ce qui le fait flotter vers le dessus et qui retient sa chute : des histoires qu’il se raconte sans fin, des personnages assez forts que pour le hisser dans le monde du haut, des joies et des pleurs qu’on ne trouve jamais dans les trous et qui sauvent de tout.
Dans la nuit de l’ogre, encore : des vacances à la mer, des fleurs en papier crépons échangées contre des coquillages, les longs surtout valent beaucoup, sa chienne, Rusty, Malinois fidèle et si patient, il l’habille en fille et elle ne dit rien, n’aboie pas une seule fois, attend que ça passe et offre son amour au gamin, l’exploration des fondations d’une maison éternellement en construction, avec des caves inachevées où il joue à la guerre, combien il aime jouer à la guerre qui lui fait si peur, mais il aime vivre ces effrois découverts dans les récits des vieux et les premiers films à la télévision en noir et blanc, des marches dans la forêt quand le soleil tombe en fragments sur les taillis, il mange des myrtilles, il aime toujours tellement les myrtilles, comme s’il retrouvait le goût préhistorique des baies des hommes de ce temps, il se promène, court, s’envole, il rêve…
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