Cabanes/16

Posté par traverse le 22 février 2013

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Dans ce mouvement qui emporte les choses de ce monde, l’ogre aime à se laisser aller, tout s’entremêle et se distingue alors, les éclairs s’éteignent et la clarté est sobre sur ce pays léger qui s’étend dans la cabane chaque nuit.

 

Des sons vont et viennent dans des suites rapides, le sourd et le plaintif, les cris et les respirations, les chants et les vacarmes, dans la tête de l’ogre font un roulis comme sur le pont du Bounty à l’orée des grandes îles. On voit les albatros aller dans les nuages en emportant des vagues jusqu’aux crêtes de brume, des poissons courir sur les lames océanes et des matelots grimper aux mâts pour hisser des voiles déchirées.

 

L’ogre entend le tambour des mammouths battre le pas spongieux de la vallée, les fifres des soldats, les chevaux enivrés du goût acide de la mort que les cavaliers laissent fleurir des bottes jusqu’à la gorge, l’ogre entend tout et chaque nuit l’emporte un peu loin dans ces roulements terribles.

 

Parfois un écart de conduite dans ces fresques nocturnes l’amène au pied du jour pantelant et suant. Il est allé trop loin dans ces landes anciennes et la mémoire du jour n’a que faire des tristes expéditions de la nuit infinie des enfants apeurés.

 

Que de sursauts, de vagues gémissements, de reniflements soudain, de larmes effleurées, de frissons électriques dans le corps endormi de l’ogre dans la cabane. Il ose aller au centre des clairières horrifiques où les arbres se courbent devant des géants noirs. L’ogre est nu alors et sa mère lui manque, son père aussi parfois et l’accalmie paisible des familles endormies.

 

La nuit va son chemin dans un corps exposé sur ce bûcher sonore.

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