La Fabrique du temps…

Posté par traverse le 23 mars 2013

La Fabrique du temps... hh1-300x208

Un projet, une préoccupation commune, étirer le temps, le retrouver, l’ensemencer, le rattraper,

lui mettre la main dessus et l’emmener au poste, bref, enfin la mettre à jour La Fabrique du temps

Un projet de livre (papier/numérique)  que je lance ici…que vous pouvez rejoindre avec textes,

illustrations et photos, …bref, à plusieurs, on va y arriver, à cerner la Bête… 

 

Comment nous rejoindre, demande une lectrice? En envoyant votre texte à traverse@skynet.be

ou en le laissant en commentaire…Bienvenue!

 

La promenade, la lecture, l’attente amoureuse, la maladie, la prison, l’internat, l’ennui, la peur, l’angoisse, le déjeuner sur l’herbe, l’amour l’été les fenêtres entr’ouvertes et le vent dans les tentures, un rendez-vous raté, l’autoroute dans un paysage plat, la file à la poste, la queue dans l’administration, une nuit à veiller un malade, un dimanche gris en Belgique, un dimanche ensoleillé sur une plage, l’écoute d’un discours politique, la liste des morts dans le conflit de…, un chagrin secret, la lecture ennuyeuse des « meilleures ventes » de, les versions latines, les cours de statistiques, les prêches des assistants sociaux, les bonnes consciences à l’unisson, l’opéra chic et le rap choc, la grossesse et la mort, le tressage des coiffures africaines, la cuisson des tripes et des haricots secs, le radotage d’un alcoolique, la tristesse d’un singe, l’enfance sans manger à la cave, l’adolescence et pas de sortie, les nuits blanches, les conférences, les cours ex-cathedra, les manifestations sous la pluie, les comptes et les bilans, les vacances d’été, l’attente au lavoir, les lieux communs de bon cœur, une panne sur la route, une femme collante, Charles de Gaulle, la Guerre de Cent ans, Internet en panne, une constipation, une rage de dent, des résultats VIH, Ostende en hiver, une fondue savoyarde, les « Rois maudits », « Jacquou le croquant » en noir et blanc et le kitch historique français, les dictatures populaires, le cancer du poumon, la bêtise sincère, les films de Chantal Ackermann et d’Andrei Tarkovski, les mièvreries du développement personnel, ramasser les feuilles mortes dans son jardin ou dans sa rue, les autoroutes allemandes, les aéroports par temps de neige, une bête histoire à regarder ensemble, un film à succès, un devoir de mémoire, la veille du Débarquement, le lendemain aussi, les parents qui se disputent, les courses cyclistes à la télévision, Lisbonne sous la pluie, un album photo sur les genoux, l’avenir de l’Afrique, les Suisses en hiver et les belges en Belgique,…

(…) à suivre

 

Annexe:

Sur France Culture…(Podcast disponible)

Le Monde selon Etienne Klein

par Etienne KleinLe site de l’émission

D’où vient que le temps passe ?

23.05.2013 – 07:17

 

Nous disons du temps qu’il s’écoule ou qu’il passe.

Mais s’écoule-t-il ou passe-t-il de lui-même ? Ou bien ne s’agit-il que d’une impression qui provient entièrement de nous ?

Pour répondre à ces questions, il faudrait pouvoir identifier et caractériser le « moteur du temps », c’est-à-dire le mécanisme caché au sein du monde par lequel le futur devient d’abord présent, puis passé. Quelle est cette force secrète qui fait que dès qu’un instant présent se présente, un autre instant présent apparaît, qui demande au précédent de bien vouloir aller se faire voir ailleurs et prend aussitôt sa place, avant qu’un autre instant présent l’envoie lui-même se promener dans le passé, prenne sa place dans le présent, et ainsi de suite ? Ce moteur du temps est-il physique, objectif, ou intrinsèquement lié aux sujets conscients que nous sommes ? D’où vient en somme que le temps passe ?

Vous trouverez des gens qui répondent que le temps se débrouille tout seul pour passer, qu’il est à lui-même son propre moteur.

Vous en trouverez d’autres pour dire que ce n’est pas à lui-même que le temps doit sa motricité implacable, mais à la dynamique de l’univers en expansion. D’autres enfin pensent que le moteur du temps, ce n’est ni le temps lui-même ni la dynamique de l’univers, mais tout simplement nous, nous autres les humains, bipèdes supérieurs, qui sommes des observateurs dotés de conscience.

Cette idée selon laquelle le temps n’existe pas en tant que tel en dehors du sujet a été brillamment défendue par de nombreux philosophes – par Kant notamment -, mais elle doit se confronter à une donnée factuelle, qui constitue pour elle une difficulté notable. Cette donnée factuelle, c’est qu’au cours du xxe siècle, les scientifiques ont pu établir que l’univers a un âge au moins égal à 13,8 milliards d’années, que la formation de la Terre a eu lieu il y a 4,45 milliards d’années, que la vie y est apparue il y a 3,5 milliards d’années et que l’apparition de l’homme ne remonte, elle, qu’à 2 petits millions d’années. Que nous disent brutalement ces nombres ? Que des objets plus anciens que toute forme de vie sur Terre ont bel et bien existé dans le passé de l’univers ; que des événements innombrables se sont enchaîné, dont aucune conscience humaine n’a pu être le témoin ; que l’humanité, espèce en définitive toute récente, n’a pas été contemporaine de tout ce que l’univers a connu ou traversé. Et qu’il s’en faut de beaucoup : 2 millions d’années contre 13,8 milliards, cela fait un rapport de 1 à 6 900. L’univers a passé le plus clair de son temps à se passer de nous.

Vous m’accorderez, Marc, que dès que l’on confronte ces résultats aux discours qui défendent l’idée que le temps n’aurait pas de réalité objective, qu’il serait subordonné au sujet et ne pourrait exister sans lui , on voit surgir comme un problème : si le passage du temps dépend de nous, n’existe que par nous ou que pour nous, comment le temps a-t-il pu se débrouiller pour s’écouler avant notre apparition ? Si le temps a impérativement besoin de nous pour passer, comment expliquer que l’univers a pu se déployer pendant 13,8 milliards d’années alors que nous n’étions pas encore là pour produire l’écoulement du temps ? Ce problème, qu’on appelle le « paradoxe de l’ancestralité », a été pointé du doigt par de nombreux auteurs, à juste titre. Car cantonner le temps dans le sujet, ou vouloir que le temps n’ait de réalité que subjective, n’est-ce pas s’interdire d’expliquer l’apparition du sujet dans le temps ?

Qu’en dit la physique ? Pour elle, au moins dans ses formalismes ordinaires, le concept de temps (d’espace-temps) a le statut d’un être « primitif » : on y postule qu’il existe, qu’il est indépendant des phénomènes, on prend acte qu’il s’écoule sans préciser ce qui fait qu’il s’écoule. Mais certaines théories aujourd’hui à l’ébauche, qui travaillent au dépassement de la relativité générale et de la physique quantique, remettent en cause ce postulat, ce qui les conduit à questionner la nature même du temps. Le temps pourrait émerger, disent-elles, d’un substrat d’où il est absent, il dériverait de concepts plus fondamentaux que lui-même. En d’autres termes, le moteur du temps serait produit de façon souterraine par une sorte d’inframonde physique.

Quel est cet inframonde ? Alain Connes, professeur au Collège de France, et d’autres mathématiciens ou physiciens, développent depuis des années des idées originales à ce sujet. Selon lui, selon eux, le moteur du temps serait enclenché par la non-commutativité inhérente au formalisme de la physique quantique, dont j’ai déjà parlé dans une chronique précédente (vous vous en souvenez, le b-a ba de la non-commutativité, c’est quand ba n’est plus égal àab…). Le temps ne serait plus qu’une réalité secondaire, surnageant sur des structures physiques plus profondes que lui et ne le contenant pas à toute petite échelle.

Quand Alain Connes veut exprimer cela avec ses propres mots, cela donne : « C’est l’effervescence quantique qui engendre le passage du temps » ; ou bien « L’aléa quantique est le tic-tac de l’horloge divine » ; ou bien encore, « Un état sur une algèbre non-commutative engendre son propre temps ».

OK, ce n’est pas super-limpide. C’est sans doute pourquoi Alain Connes a décidé d’écrire, avec Jacques Dixmier et Danye Chéreau,  une sorte de roman qui met en scène, de façon très habile, cette conception originale du temps. Le titre de cet ouvrage qui sort ces jours-ci est « Théâtre quantique », et il a un sous-titre qui est « L’horloge des anges ici-bas ». L’horloge des anges ici-bas, ça devrait vous rappeler quelque chose, Marc ? À quelques permutations de lettres près, cela donne Le boson scalaire de Higgs, ainsi que cela a été découvert par mon ami Jacques Perry-Salkow. Alain Connes, qui est l’inventeur des géométries « non-commutatives », ne pouvait qu’être fasciné par les anagrammes, notamment par celle-ci qui parle du temps qui passe puisque les anagrammes doivent leur existence même à la non-commutativité de la position des lettres à l’intérieur des mots. « ab » n’est pas « ba » dans un mot.

Vous me pardonnez mon enthousiasme, Marc, car ce n’est pas tous les jours qu’on peut lire un livre qui associe la physique quantique, le temps, la non-commutativité, les anagrammes, le CERN, le LHC, le boson de Higgs, la structure du cerveau, l’informatique, la vie, la jalousie entre collègues, la mort et même l’amour, si si… ! Mais je n’en dirai pas plus car je crois savoir qu’Alain Connes sera demain l’invité de Michel Alberganti à 14 heures, dans « Science Publique », une émission à ne pas rater si, lassé du temps qu’il fait ces jours-ci, vous aviez envie de vous distraire en entendant parler du temps qui passe…

 

4 Réponses à “La Fabrique du temps…”

  1. Anne-Marie Suze dit :

    Beau texte, j’aime bien! Que peut-on faire pour vous rejoindre, écrire un texte en
    commentaire?

  2. Marie-Luce Eeckman dit :

    http://postpapillons.canalblog.com/archives/2012/11/04/25497778.html

    Est-ce que ce genre de choses ferait l’affaire ? C’est à peine si j’ose demander que ce blog soit lu… Il y a là quelques écribouillages qui pourraient, peut-être, si « on » est indulgent…

  3. Adrienne dit :

    quelle tentation :-)
    j’ai un texte sur ce thème et il n’a pas encore paru sur mon blog..
    héhé ;-)

  4. ニューバランス dit :

    I do not even know how I ended up here, but I thought this post was good. I don’t know who you are but certainly you’re going to a famous blogger if you aren’t already ;) Cheers!
    ニューバランス http://herrlicht.de/wp-includes/pomo/newbalance.html

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