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Mendiants/Stevenson

Posté par traverse le 28 juillet 2013

Je prépare un livre (un récit polyphonique) sur le thème et la question des Mendiants. Je cherche des témoignages, pas des réflexions de type moral ou sociologique, mais des expériences de la mendicité ou FACE à la mendicité, aux mendiants, aux stéréotypes (de tous bords).

Des rencontres, des surprises, des chocs, des faits, …Si vous souhaitez m’en parler, m’envoyer vos contributions, merci déjà.

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Un texte remarquable, sans pudibonderie, intelligent, d’une puissance littéraire qui renvoie les atermoiements charitables par-dessus les montagnes, qui s’arrête devant le Mendiant et s’interroge sur sa place ici-bas, et la nôtre à côté de lui…

Texte intégral en PDF: fichier pdf stevenson-mendiants

MENDIANTS

 

« Souvent il faisait avec moi tout le chemin jusqu’à la maison, maintes fois pour emprunter un livre, et ce livre était toujours de la poésie. Puis il décampait, retournait mendier sur la route, le volume glissé dans la poche de sa veste en lambeaux; et bien qu’il lui arrivât de le garder assez longtemps, l’ouvrage finissait toujours par me revenir, sans avoir beaucoup souffert de son voyage au pays des mendiants. »

Extraits de Mendiantsde Robert Louis Stevenson

Stevenson s’inspire des souvenirs que lui laissèrent les vagabonds croisés en Écosse durant ses jeunes années pour composer ce court texte, à la fois réflexion morale sur le don et célébration de la profondeur de l’instinct littéraire. L’écrivain s’y présente à son lecteur avec la simplicité et la force d’un style qui le classe parmi les grands.

Mendiants, de Robert Louis Stevenson,  éditions Sillages

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Epigrammes/Martial

Posté par traverse le 28 juillet 2013

 

Epigrammes/Martial telechargement-4  Autre traduction:  telechargement-5

 

MARTIAL (Marcus Valerius Martialis, 38 – 104 ap. J. – C.)

Epigrammes.

I, 10
Gemellus demande Maronilla en mariage,
il se fait tendre, il insiste, il supplie, il fait des cadeaux.
Elle est belle à ce point-là ? Au contraire : rien de plus repoussant.
Qu’est-ce qu’il recherche donc, qu’est-ce qui plaît en elle ? Elle tousse !

I, 19
Si je me souviens bien, Aelia, tu avais quatre dents :
Une première quinte de toux en a chassé deux, une seconde les deux autres.
Maintenant, tu peux tousser sans danger toute la journée :
une troisième quinte n’a plus rien à faire ici.

I, 32
Je ne t’aime pas, Sabidius, et je ne peux pas dire pourquoi.
Je peux seulement dire ceci : je ne t’aime pas.

I, 33
Quand elle est toute seule, Gellia ne pleure pas la mort de son père,
mais s’il y a quelqu’un, les larmes jaillissent sur commande.
Il n’est pas en deuil, celui qui cherche la louange,
mais celui qui souffre sans avoir de témoins, celui-là souffre vraiment.

I, 38
C’est le mien, ce petit livre que tu récites, Fidentinus,
mais quand tu le récites mal, il commence à être ton oeuvre.

I, 47
Diaulus, récemment, était médecin : maintenant il est croque-mort.
Ce qu’il fait croque-mort, il le faisait déjà médecin.

I, 64
Tu es belle, je le sais bien, jeune, c’est vrai,
et riche, qui peut le nier ?
Mais quand tu en parles trop, Fabulla,
tu n’es plus ni riche, ni belle, ni jeune.

I, 76
Celui qui préfère donner à Linus la moitié plutôt que lui prêter la totalité,
celui-là préfère ne perdre que la moitié.

I, 91
Alors que tu ne publies pas tes poèmes, Laelius, tu critiques les miens.
De deux choses l’une : ne critique pas les miens, ou publie les tiens !

I, 102
Celui qui a peint ta Vénus, Lycoris,
a voulu à mon avis flatter Minerve.

II, 13
Le juge réclame, l’avocat réclame ;
Je suis d’avis, Sextus, que tu payes ton créancier.

II, 15
Quand tu n’offres à boire à personne,
tu agis humainement, Hermès, pas avec panache.

II, 21
Aux uns, tu fais des baisers, aux autres tu serres la main.
Tu me demandes : « Qu’est-ce que tu préfères ? Choisis. »
Je préfère la main.

II, 38
Tu me demandes, Linus, ce que me rapporte ma propriété de Nomentum ?
Elle me rapporte ceci : je ne t’y vois pas, Linus.

II, 58
Superbement vêtu de neuf, tu te moques, Zoile, de mes habits rapés.
Ils sont rapés, ces habits, Zoile, mais au moins ils sont à moi.

II, 87
Tu dis que les belles filles brûlent d’amour pour toi,
Sextus, toi qui as le visage de quelqu’un qui nage sous l’eau !

III, 8
« Quintus aime Thaïs ». « Quelle Thaïs ? » « Thaïs la borgne ».
A Thaïs il manque un oeil, à lui, deux !

III, 9
On dit que Cinna écrit contre moi des petits poèmes.
Il n’écrit pas, celui dont personne ne lit les vers.

III, 28
Tu t’étonnes que Marius sente fort de l’oreille ;
C’est toi, le responsable : tu lui parles sans cesse à l’oreille.

IV, 24
Lycoris a enterré toutes les amies qu’elle avait, Fabianus :
pourvu qu’elle devienne l’amie de ma femme !

IV, 41
Pourquoi, sur le point de réciter, t’entoures-tu le cou de bandelettes ?
elles conviendraient mieux à nos oreilles.

IV, 87
Ta Bassa, Fabullus, porte toujours avec elle un bébé,
elle l’appelle mon joujou, mon petit amour,
et, ce qui est plus étonnant, elle n’aime pas les enfants.
Comment expliquer cela ? Elle pète sans arrêt.

V, 29
Quand parfois tu m’envoies un lièvre, Gellia, Tu dis :
« Tu seras beau toute la semaine, Marcus ».
Si tu ne te moques pas, si tu dis la vérité, ô mon soleil,
tu n’en as jamais mangé, toi, du lièvre.

V, 43
Thaïs a des dents noires, Laecania les a blanches.
Quelle en est la raison ? Celle-ci les a achetées, celle-là a les siennes.

VI, 12
Fabulla jure que ces cheveux qu’elle a achetés, sont les siens.
Est-ce qu’elle fait un faux serment, Paulus ?

VII, 3
Pourquoi je ne t’envoie pas mes recueils, Pontilianus ?
Pour que tu ne m’envoies pas, Pontilianus, les tiens.

VII, 94
C’était du parfum, ce que contenait il y a un instant ce flacon :
depuis que Papylus a mis le nez dessus, voilà, c’est du garum !

VIII, 9
Récemment, Hylas le myope voulait te rembourser, Quintus, les trois quarts de sa dette :
Maintenant qu’il est borgne, il ne veut plus donner que la moitié.
Accepte sans tarder : rares sont les occasions de gagner de l’argent.
Quand il sera aveugle, il ne te remboursera rien.

VIII, 79
Tu as des amies qui sont toutes vieilles,
laides, ou plus repoussantes que des vieilles ;
tu les mènes comme compagnes et tu les traînes avec toi
aux banquets, au portique, au théâtre.
C’est ainsi que tu belle, Fabulla, c’est ainsi que tu es jeune.

IX, 15
Aper a transpercé le coeur de sa riche épouse avec une flèche,
mais pendant un jeu ; Aper sait jouer !

X, 84
Tu te demandes pourquoi Afer ne va pas se coucher ?
Tu vois, Caetidianus, avec qui il couche ?

XI,101
Tu as pu, Flaccus, voir Thaïs qui est si négligeable ?
Je pense que toi, Flaccus, tu peux voir ce qui n’existe pas.

XII, 7
Si Ligeia a autant d’années que de cheveux sur le crâne, elle a trois ans.

XII, 20
Tu te demandes, Fabullus, pourquoi Thémison n’a pas d’épouse ? Il a une soeur.

XII, 22
Tu veux que je te dise en deux mots à quel point Philaenis la borgne est laide ?
Aveugle, elle serait plus belle si elle était aveugle.

XII, 23
Tu as de fausses dents et une perruque, et tu n’en as pas honte.
Comment vas-tu faire avec ton oeil,
Laelia ? ça ne s’achète pas !

XII, 73
Tu dis, Catullus, que je serai ton héritier.
Je n’y croirai pas, Catullus, tant que je ne l’aurai pas vu écrit.

http://www.gelahn.asso.fr/docs103.html

Autres:

http://remacle.org/bloodwolf/satire/Martial/table.htm

 

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Les Tristes/Ovide

Posté par traverse le 28 juillet 2013

 

Sur l’exil, Ovide, poignant et inspiré.

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A Tomes On peut se figurer le désespoir d’Ovide lorsqu’il se vit enfin dans cette ville. Il n’entendait pas la langue de ce peuple sauvage, et, pour ne pas désapprendre la sienne, il en répétait tout bas les mots qu’il craignait le plus d’oublier. Des hommes à là voix rude, au regard féroce, aux habitudes sanguinaires, tels étaient désormais les concitoyens du poète galant de la Rome impériale. Sans cesse menacés, attaqués sans cesse par les hordes voisines, les Tomitains vivaient armés, ne quittaient jamais leurs traits empoisonnés du fiel des vipères. Les toits des maisons étaient hérissés de flèches lancées par les Barbares ; souvent les sentinelles jetaient le cri d’alarme, car des escadrons d’ennemis avaient paru dans la plaine, cherchant à surprendre et à piller la ville ; les habitants couraient tous aux remparts, et il fallut plus d’une fois qu’Ovide couvrît d’un casque sa tête blanchissante, et armât d’un glaive pesant son bras affaibli. Le climat était digne des habitants ; le poète latin en fait des descriptions si affreuses que les Tomitains, blessés de ces invectives, l’en reprirent durement, et qu’Ovide fut obligé de leur faire des excuses et d’attester qu’il n’avait point voulu médire d’eux. Il ne voyait, eu effet que des campagnes sans verdure, des printemps sans fleurs, des neiges et, des glaces éternelles. Les Sarmates conduisaient sur le Danube et sur le Pont-Euxin des chariots attelés de boeufs. Les longs cheveux et la barbe qui cachaient leur visage retentissaient du cliquetis des glaçons Le vin, endurci par le froid, ne se versait pas, mais se coupait avec le fer.

Tandis que je parle, et que j’hésite entre le désir et le regret de m’éloigner, avec quelle furie la vague vient de frapper le flanc du navire !

Elegies, 4, Livre 1, Ovide, Les Tristes

Depuis que je suis exilé de la patrie, deux fois la moisson a comblé les greniers, deux fois la vigueur de la grappe a jailli sous le pied nu qui la foule ; cependant l’habitude du mal ne m’a pas rendu le mal plus supportable, et j’éprouve toujours la vive souffrance d’une blessure récente. Ainsi l’on voit de vieux taureaux se soustraire au joug, et le coursier dressé se montrer parfois rebelle au frein. Un supplice est d’ailleurs plus cruel encore qu’au premier jour ; car, fût-il toujours le même, il augmente et s’aggrave par la durée. Je ne connaissais pas aussi bien toute l’étendue de mes maux ; aujourd’hui, plus ils me sont connus et plus ils m’accablent.

C’est beaucoup aussi de n’avoir pas encore perdu toutes ses forces, et de n’être pas vaincu par les premières attaques du malheur : l’athlète qui débute dans l’arène est plus fort que celui dont le bras s’est lassé par de longs exercices. Le gladiateur au corps sans blessures et aux armes encore vierges est plus vigoureux que celui qui a déjà rougi son glaive de son propre sang. Récemment construit, le navire résiste aux plus violentes tempêtes ; et s’il est vieux, il s’entrouvre au moindre orage. Et moi aussi j’ai lutté plus vaillamment contre les malheurs que je ne lutte maintenant, et leur longue durée n’a fait qu’accroître son intensité. Oui, je l’avoue, le courage me manque, et je sens, à mon dépérissement rapide, que je n’ai pas longtemps à souffrir ; mes forces s’épuisent, mon teint se flétrit chaque jour, et à peine une peau mince recouvre mes os. Mais si mon corps est malade, mon âme l’est plus encore ; elle languit, éternellement absorbée dans la contemplation de ses maux. Rome est loin de moi. Loin de moi sont mes amis, objets de ma sollicitude. Loin de moi la plus chérie des épouses. Autour de moi, une populace scythe et des hordes de Gètes aux larges braies, si bien que ceux que je vois et ceux que je ne vois pas me tourmentent également. L’unique espoir qui me console dans cet horrible état, c’est qu’une mort prochaine termine mon supplice.

Elégie VI, livre 4

 

ÉLÉGIE VIII

Déjà ma tête imite la couleur des plumes du cygne, la vieillesse blanchit ma noire chevelure ; déjà s’avance l’époque de la caducité, l’âge de la faiblesse ; déjà mes jambes chancellent, j’ai peine à me soutenir. Voici le temps où, libre enfin de tous travaux pénibles et de toutes inquiétudes, je devrais passer doucement le reste de mes jours au milieu des loisirs, toujours si attrayants pour mon esprit, et de mes chères études ; chanter ma modeste demeure, mes vieux pénates et les champs de mes pères, aujourd’hui privés de leur maître ; vieillir enfin paisiblement entre les bras de mon épouse et de mes petits enfants, et au sein de ma patrie. Tel est le bonheur que je rêvais autrefois, et c’est ainsi que je me croyais digne de finir ma carrière.

Les dieux en ont ordonné autrement, eux qui, après m’avoir éprouvé par mille vicissitudes sur terre et sur mer, m’ont jeté sur les rivages de la Sarmatie ! On relègue dans les arsenaux de marine les navires endommagés, de peur qu’exposés imprudemment aux flots ils ne viennent à sombrer ; on laisse le cheval épuisé paître en repos l’herbe des prairies, de peur qu’il ne succombe dans la lutte et ne flétrisse les palmes nombreuses qu’il remporta jadis : le soldat qui devient, après de longs services, impropre à la guerre, dépose aux pieds de ses Lares antiques les armes qu’il ne peut plus porter. Ainsi donc moi, dont les forces défaillent peu à peu aux atteintes de la vieillesse, il serait temps enfin qu’on me gratifiât de la baguette libératrice ; il serait temps de ne plus être l’hôte d’un climat étranger, de ne plus étancher ma soif à des sources gétiques, mais tantôt de goûter dans mes jardins des plaisirs solitaires, et tantôt de jouir encore de la société de mes concitoyens et de la vie de Rome. Je n’avais pas, hélas ! le secret de l’avenir quand je me promettais ainsi une vieillesse paisible. Les destins s’y sont opposés ; et s’ils ont voulu que ma vie commençât dans les délices, ils l’empoisonnent à ses derniers jours. J’avais déjà fourni dix lustres sans faillir, et c’est quand ma vie touche à son terme que je succombe !

Déjà près du but, et croyant l’atteindre, j’ai vu mon char s’abîmer dans une chute effroyable. Insensé que je fus ! j’ai donc forcé de sévir contre moi le mortel le plus doux qui soit au monde ! Ma faute a vaincu sa clémence ; et toutefois il m’a laissé la vie par pitié pour mon égarement ! Mais cette vie doit s’écouler loin de la patrie, sur les bords où règne Borée, sur la rive gauche du Pont-Euxin ! Quand Delphes, quand Dodone même me l’aurait prédit, j’eusse traité ces deux oracles de menteurs. Mais il n’y a rien de si solide, fût-il fixé par des chaînes de diamant, qui puisse résister au choc violent de la foudre de Jupiter ; rien n’est placé si haut, rien ne s’élève tellement au-dessus des dangers qu’il ne soit dominé par un dieu, et soumis à sa puissance ; car bien qu’une partie de mes maux soit la conséquence de ma faute, c’est au courroux du dieu qu’ils doivent être attribués. Pour vous, apprenez du moins par mon déplorable exemple à vous rendre propice un mortel égal aux dieux. .

Elégie vII, livre 5

La neige couvre la terre, et alors ni soleil ni pluies ne la peuvent dissoudre: Borée la durcit et la rend éternelle. Avant que la première soit fondue, il en tombe une nouvelle, et il est assez commun d’en voir, sur plusieurs points, de deux années différentes. L’aquilon, une fois déchaîné, est d’une telle violence qu’il rase des tours et emporte des maisons. Des peaux, des braies grossièrement cousues, les garantissent mal du froid ; leur visage est la seule partie du corps à découvert. Souvent on entend résonner, en se choquant, les glaçons qui hérissent leur chevelure ; souvent on voit luire dans leur barbe le givre argenté. Le vin se soutient par lui-même hors du vase qui le contenait et dont il conserve la forme ; et ce n’est plus une liqueur que l’on boit, ce sont des morceaux que l’on avale. Dirai-je commnet les ruisseaux sont condensés et enchaînés par le froid, et comment on creuse les lacs pour y puiser une eau mobile ? Ce fleuve même, aussi large que celui qui produit le papyrus et se décharge dans la mer par plusieurs embouchures, l’lster, dont les vents glacés durcissent l’azur, gèle et se glisse furtivement dans les eaux de l’Euxin. Où voguait le navire, on marche d’un pied ferme, et l’onde solide retentit sous le pas des coursiers. Sur ces ponts d’une nouvelle espèce, au-dessous desquels le fleuve poursuit son cours, les bœufs du Sarmate traînent des chariots grossiers. Sans cloute on aura peine à me croire, mais qui n’a point intérêt à mentir doit être cru sur parole.

J’ai vu le Pont-Euxin lui-même immobile et glacé, et ses flots captifs sous leur écorce glissante ; et non seulement je l’ai vu, mais j’ai foulé cette mer solide et marché à pied sec sur la surface des ondes. Si tu avais eu jadis une pareille mer à passer, ô Léandre, le fatal détroit n’eût point été coupable de ta mort ! Les dauphins à la queue recourbée ne peuvent plus bondir dans les airs, car le froid rigoureux comprime tous leurs efforts. Borée agile en vain ses ailes avec fracas, aucune vague ne s’émeut sur le goufre assiégé ; les vaisseaux, entourés par la glace, comme par une ceinture de marbre, restent fixés à leur place, et la rame est impuissante à fendre la masse durcie des eaux. J’ai vu arrêtés et enchaînés dans la glace des poissons dont quelque-uns même vivaient encore. Soit donc que le froid gèle la mer ou les eaux du fleuve débordé, nos barbares ennemis traversent sur leurs coursiers rapides l’Ister transformé en une route de glace ; et, aussi redoutables par leur monture que par leurs flèches d’une immense portée, ils dévastent les campagnes voisines dans toute leur étendue.

Les habitants s’ennuient, et la terre, abantlonnée par ses défenseurs, est à la merci des barbares et dépouillée de ses trésors. II est vrai que ces trésors se réduisent à peu de chose ; du bétail, des chariots criards et quelques ustensiles qui font toute la richesse du pauvre agriculteur. Une partie de ces malheureux, emmenés captifs et les mains liées derrière le dos, jettent en vain un dernier regard sur leurs champs et sur leurs chaumières : d’autres tombent misérablement percés de ces flèches dont la pointe recourbée en forme d’hameçon était imprégnée de poison. Tout ce qu’ils ne peuvent emporter ou traîner avec eux, ils le détruisent, et la flamme ennemie dévore ces innocentes chaumières. Là, on redoute la guerre au sein même de la paix ; la terre n’y est jamais sillonnée par la charrue ; et comme sans cesse on y voit l’ennemi ou qu’on le craint sans le voir, le sol abandonné reste toujours en friche. Le doux raisin n’y mûrit jamais à l’ombre de ses feuilles, et le vin n’y fermente pas dans des cuve, remplies jusqu’au comble. Point de fruits dans tout le pays, et Aconce n’en trouverai pas un seul pour y tracer les mots destinés à sa bien-aimé ; on y voit toujours les champs dépouillés d’arbres et de verdure : enfin c’est une contrée dont l’homme heureux ne doit jamais approcher. Eh bien, dans toute l’étendue de l’immense univers, c’est là le lieu qu’on a trouvé pour mon exil !

http://remacle.org/bloodwolf/poetes/Ovide/tristes.htm

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Des objets enfin sûrs, les lunettes

Posté par traverse le 25 juillet 2013

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Ca y est, la nouvelle vient de tomber, le travail sur les cellules souches ouvrirait la voie aux aveugles. La vue retrouvée, un des miracles du Christ, de Lourdes et de La Mecque enfin rattrapés par la médecine, la génétique, bref, des affaires de charlatans bidouilleurs du troisième œil. Bonne nouvelle, certes mais vu l’état du monde, il s’agira de se garantir de certains apostats devant le spectacle sidérant de nos vertes campagnes, océans moutonnants et ciels limpides. La vue, ça se construit et la retrouver abruptement, un jour de pluie et d’embouteillage, de grogne et de grève, c’est moche.

 

Il y a quelque vingt ans, je me fis opérer les deux yeux pour cause de myopie galopante. C’était simple, ça se faisait au diamant, ça s’est fait au laser par la suite, ça ne se fait plus aujourd’hui sauf dans des auberges ophtalmo sans vergogne. Les effets sont passagers, et les ennuis commencent alors, des lunettes furent alors à nouveau nécessaires. Une paire me suffisait, il m’en faut deux aujourd’hui. Les doubles foyers, (la consonance immorale peut-être ?) ne me conviennent pas. Je ne sais jamais où je suis et comme le rappelait Eric Rohmer dans les Comédies et proverbes « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd la raison. »

 

Les lunettes, donc. Encombrantes, chères, cassantes, perdues, embuées, griffées, irritantes, moches, désolantes, élégantes, tendance, érotiques, jetables, à deux balles, de soleil, spécial frime, de toutes matières et designs, les lunettes restent la voie majeure. Bien sûr, les lentilles, mais les yeux rouges, les blépharites, les irritations, les rejets, le nettoyage, la poussière, la sécheresse, …font de la lentille un objet qui tend à se fondre dans la masse oculaire, à la recouvrir si finement qu’elle semble faire corps alors que c’est d’un corps étranger qu’il s’agit et on connaît les difficultés aujourd’hui, dans la régulation de ces corps, étrangers…

 

A Florence au XIIIe siècle, le physicien Salvino degli Armati met au point une paire de lunettes sans branches, posées sur le nez. L’ergonomie se déplacera, passant par le monocle (surtout dan s le cinéma allemand) et les montures pliables, souples, incassables et garanties. Les lunettes reconnaissent le corps, la bonne distance qu’il s’agit de maîtriser pour éloigner de nous tout ressemblance ou approche androïde, les lunettes se posent sur, sont extérieures au corps et résistent à l’intrusion que la génétique et les nanotechnologies nous annoncent depuis belles lurettes.

 

Dehors et sur et non dedans, dans la masse des organes. Matrix ne passera pas par moi, mais par ces temps de chaleur, quelle peste, quel embouteillage nasal…

Daniel Simon

Prochain objet: « Godemichet, olisbos, gode et cie »

 

 

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Ateliers d’écriture rentrée 2013

Posté par traverse le 25 juillet 2013

 

 

Ateliers d'écriture rentrée 2013 images-13

Année 2013-2014

 

Récits, histoires et cie…

Ateliers de fictions du samedi

21, 28/9 ; 5, 12, 19, 26/10 ; 2, 9, 16, 23,/11 ; 7, 14/12 de 10h à 13h

Ecrire et lire ou se faire lire… en dix séances dans la connivence et le respect, voilà le projet de cet atelier d’écriture où la liberté de créer est en jeu … Les ateliers d’écriture sont des moments de nouveaux d’apprentissages, d’expérimentation,  de mises en chantier de projets personnels. Ce sont aussi des lieux pour s’abandonner au doux voisinage des mots de celles et ceux qui prennent le temps des récits……

PAF: 140€ (payables en 4 fois) (100 euros pour les schaerbeekois)

Bibliothèque Mille et une pages

Place de la Reine, 1- 1030 Schaerbeek

 

Les tables de Mémoire

Tables de mémoires du lundi:

16, 23, 30/9 ; 28/10 ; 11/11 ; 2, 9, 16, 23/12 de 14 à 17h (et une séance d’évaluation et de récapitulation à choisir ensemble)

Dans les Tables de mémoire, j’invite chacune et chacun à travailler une forme qui lui conviendra…

Récits longs, récits courts cousus bout à bout, qu’importe…Il s’agit de soutenir chez chaque membre de l’atelier une volonté d’aboutir à un résultat :

créer une dynamique d’écriture…Aucune expérience d’écriture préalable nécessaire.

PAF: 140 € (payables en 3 fois) (100 euros pour les schaerbeekois)

Bibliothèque Sésame - Boulevard Lambermont, 200 – 1030 Schaerbeek

 

Les Tables d’écoute

du dimanche

(Coaching d’écriture):

les dimanches de 15 à 18 h à Mille et une pages, les 29 Septembre, 13 et 27 octobre, 17 novembre, et 22 décembre 

Les auteurs participants aux Tables d’écoute pourront développer leur projet faire entendre des extraits de leurs textes, se faire conseiller, échanger des expériences, se donner des échéances… Cinq rendez-vous annoncés, peut-être d’autres si le groupe le souhaite. Tous les textes sont bienvenus, ils seront accueillis avec l’attention d’un groupe réuni autour du même objectif : aller de l’avant…

PAF: 90 € payables en 3 fois au compte 068-2144376-24 de Traverse asbl

Renseignements/inscriptions : Daniel Simon – 86/14 avenue Paul Deschanel – 1030
00.32.2.216.15.10 ou 00.32.477.76.36.22 daniel.simon@skynet.be

Tous les Ateliers sont animés par Daniel Simon : écrivain, éditeur, animateur d’atelier d’écriture.

Site : ww.traverse.be    Blog : www.traverse.unblog.fr

 

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Rêveries nocturnes/Radio Panik 09/07/2013

Posté par traverse le 17 juillet 2013

Vl’là l’Podcast (entendu un jour, « Un pote qui se casse »)
Mardi 9/7 à minuit : Ce mardi, Rêveries Nocturnes sera consacrée aux auteurs chers à Daniel Simon et Eric Piette. Ils nous feront partager des textes d’Ovide, Michaux, Pessoa, Dugardin, Sapho, Labou Tansi, Jouffroy, Chavée, Cocteau, Toulet, Fano, White… Entre prose et poésie, la littérature sera fraternelle.
Rêveries nocturnes/Radio Panik 09/07/2013

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Des objets enfin sûrs!/La machine à écrire

Posté par traverse le 13 juillet 2013

Des objets enfin sûrs!/La machine à écrire images-1
Une machine d'avenir, anti-virus, écologique, très peu d'empreinte numérique,
permet de garder ses documents à l'abri des hackers, nécessite un léger écolage 
mais peut être utilisé par les plus jeunes, peu encombrant, disponible en grande 
quantité au tarif le plus bas sur les marchés de deuxième main africain, asiatique, 
(cf anciennes colonies et cadeaux de nos ONG), peut être emporté en voiture, 
avion et même dans une valise. 

Des formats légers existent mais rares, 
la machine à écrire étant destinée à être posée sur un bureau 
(voir la définition de ce meuble), une table, une chaise,...
A déjà permis la création d'œuvres magistrales de l'humanité. 

Une qualité supplémentaire: l'usager est AU-DESSUS de la feuille et 
non face à l'écran, son cerveau étant dès lors alimenté de diverses façons 
plus fluides et sans aucune sollicitation autre. 
La matière du papier peut varier, la tape être lente ou rapide. 
Des Services secrets russes viennent de s'équiper, c'est dire. 

Si vous voulez connaître nos autres produits de communication, 
rendez-vous dans la rubrique "pigeons" et cherchez "voyageurs". 
A déjà été utilisé dans les situations les plus tragiques et a résisté 
à toutes les tentatives d'éradication. 
Le pigeon voyageur (à ne pas confondre avec le touriste, voir rubrique 
"migrations volontaires") permet à toute heure et sous toutes les latitudes, 
l'envoi de messages échappant à toute empreinte numérique 
(consomme du grain, des caresses et un peu d'eau).
Notre rubrique "Des objets enfin sûrs" à suivre sur cette page. 
Bon we.

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Collections de livres et revues consacrés au théâtre

Posté par traverse le 11 juillet 2013

Collections de livres et revues

consacrés au théâtre (en français) 

Plus de 600 titres, des livres spécialisés, introuvables, des documents touchant à l’histoire du théâtre, à la dramaturgie, à la scénographie, aux marionnettes, …

Bibliothèque consultable sur place (Schaerbeek/Bruxelles sur rendez-vous)

Valeur estimée : 5000 euros

Vendue : 2500 euros

0477/763622

daniel.simon@skynet.be

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Une semaine du Récit de vie…

Posté par traverse le 11 juillet 2013

Encore quelques places, bienvenue!

La semaine du Récit de vie

Une semaine du Récit de vie... semainerecitvie

Une semaine pour se familiariser avec le Récit de vie et pour entreprendre un premier voyage sous forme de récit(s). En cinq après-midi, nous allons travailler à partir d’éléments biographiques puisés dans le patrimoine photographique familial de chaque participant.
Écrire des récits, devenus souvent de la fiction, construire des séquences biographiques ou fictionnelles à partir de photographies ou de tout autre trace de mémoire (objet, musique,…) que chacun emporte dans cette semaine, voilà le cadre de ces cinq rendez-vous.
Le principe est simple : écrire dans le continu de ces cinq séquences journalières et prendre son temps, disponible comme une main ouverte sur ce qui se passe (ra).
Une bibliothèque consacrée au récit et du récit de vie sera à disposition des participants.

Animé par : Daniel SIMON, écrivain, formateur et éditeur (www. traverse.be)
Dates : du lundi 15 au vendredi 19 juillet de 14h à 17h
Public : adultes
Prix : 110 euros, acompte de 60 euros, possibilité de payer le solde en effectuant 2 versements mensuels de 25 euros.
Nombre maximum de participants : 12

NFOS ET INSCRIPTIONS :

Responsable ateliers et stages : Mélanie Ferrier
m.ferrier@lamaisondulivre.be
02/ 543 12 22

Vous pouvez me contacter le lundi de 15h30 à 18h, le mercredi de 13h30 à 18h45

et le jeudi de 11h à 18h30.


La Maison du Livre asbl
24-28 rue de Rome – 1060 Bruxelles – T 02 / 543 12 20 – F 02 543 12 30
info@lamaisondulivre.bewww.lamaisondulivre.be

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Je suis/Je fais/ Je dis

Posté par traverse le 6 juillet 2013

Je suis/Je fais/ Je dis images-3

                    David Linch

 

1. Enfant je suis et fais ce que je veux, ce que je peux, que je veux et que ne peux aussi, puni parfois mais content, content de faire quand je fais, fabrique, construit, détruis et refais, je suis ce que je fais ; ne suis pas le pilote mais l’avion dans le même étonnement, le vent aussi, les nuages et la terre qui me regarde faire ce que je suis quand je le fais…Le temps est long et je m’ennuie, m’amuse à m’ennuyer, ne sais ce que je suis, seul ce que je fais et qui se défait dans le temps infini de la durée. Couper à vif, dire le vrai du vrai, la chose et son contraire dans le silence des soliloques, disparaître dans la nuit dans des bancs de brouillard et aller sans armure au profond des combats, battre le fer et aiguiser sa lame au feu des dieux si proches qu’on ressort de ses joutes plus légers qu’un flocon qui descend des nuages glacés sur notre front levé. Aller et ne rien dire, ou si peu, parfois rien, et frapper son tambour avant que de grandir dans des corps trop sucrés, mous et convaincus de rien si ce n’est de son poids sur la pesée des besoins du troupeau.

2. Femme vêtue de noir, jambes de soie et voix de velours, tout se bouscule dans la fabrique des hormones, petit, petit grandit et fait le grand, le malin, le gaillard, le castard, jeune homme à la tête rasée, enfant encore et qui le cache dans des allures d’homme à venir, de jeunot, de petiot vite grandi et encore si pâlot, gamin de paresse et d’allusions cruelles, ne fais rien qui ne vaille que je fasse, ne suis que ce que je ne fais pas, ne dis, ni ne fais, je suis sans voilures et ma coque est fêlée, planches disjointes et malencontreuse allure, je ne fais que peu de choses et me résume à ce très peu qui m’envahit et me secoue le vide où je résonne en babelant des bêtises de Cambrai et d’ailleurs, fredonnant des airs du levant au couchant en ignorant des airs que je me donne en galurin, casquette, béret et mitre du jeune âge, du moyen à venir et qui se fait en douce dans le secret des bazars à tous vents.

 

(Suite sur le « travail »…à suivre)

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Alain Germoz, d’un pas léger s’en est allé…

Posté par traverse le 5 juillet 2013

Une émission de radio sur Radio Panik, ( Lauren Herzfeld, Eric Piette et en invité: Daniel Simon) la nuit du 2 juillet 2013,   » Rêveries nocturnes « … sous le signe d’Alain Germoz.

http://www.mixcloud.com/reverienocturne/r%C3%AAveries-nocturnes-6-2072013/

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L’adieu à Alain Germoz aura lieu à Anvers, le vendredi 5 juillet, dans la plus stricte intimité.

Adresse de correspondance:

ASBL Archipel

c/o Michel Oleffe

Avenue Yvan Lutens 36, 1150 Bruxelles

Condoléances online:

www.uitvaartcentrum-timmermans.be

Ce qui a déterminé sa vie:

Désirer l’impossible (Remy de Gourmont)

Laissez-moi juger de ce qui m’aide à vivre (Paul Éluard)

La littérature est une défense contre les offenses de la vie (Cesare Pavese)

Le chic suprême est le dédain de l’opinion publique (Charles Dumercy)

Where liberty dwells, there is my country (Benjamin Franklin)

Er is een lang leven nodig om de gevolgen van de opvoeding geheel te boven te komen (Jan Greshoff)

Un écrivain a un devoir d’insolence (Éric Orsena)

Je suis amoureux de la lenteur (Peter Sloterdijk)

All that we see or seem is but a dream within a dream (Edgar Allan Poe)

Bois du vin !! (Omar Khayyam)

 

Quelques récents repères d’édition:

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http://caira.over-blog.com/article-23523767.html

Une idée d’Archipel …que je relaierai sur notre site (diffusion Les Carnets du dessert de lune). Prix Adam de la Poésie (il en souriait car il connaissait aussi TOUTES les difficultés que rencontrait une revue francophone de littérature internationale installée à Anvers. Les Régions et Communautés ne s’y retrouvaient pas…Mon dieu comme c’est difficile de comprendre…

http://www.traverse.be/galerie_view.php?cat=99

Les Feuillets de corde (spécial Belgeonne-Germoz)

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Il avait donné aux Feuillets un texte superbe d’alacrité et d’humour « On s’occupe de vous »

http://feuilletsdecorde.unblog.fr/2013/01/30/on-soccupe-de-vous/

http://www.traverse.be/feuillets-de-corde.php

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Conception de la couverture de Paul Parker

http://www.dessertdelune.be/

Le sourire de la Joconde est-il un leurre ? Ses ambiguïtés souvent évoquées offrent en tout cas à Alain Germoz l’occasion de contestations majeures autant sur l’art en soi que sur les comportements humains qu’il suscite. Sous-titrée « variations sur un thème trop (mé)connu », cette mosaïque rassemble, dans un mélange des genres, une gerbe de réflexions et de dialogues moissonnés au long des années à travers le prisme de cette vitrine à phantasmes signée Vinci. Textes tout en intelligence, en irrévérence et en rouerie, qui soumettent cet ectoplasme de la nommée Mona Lisa à tous les traitements possibles (des plus gratifiants aux plus mortifiants), à toutes les interrogations et à tous les regards posés sur un pli de bouche passible de refléter le catalogue de nos grimaces et de nos contradictions. Saccage magistral des certitudes hautaines, des idées toutes faites, des engouements grégaires et de l’imposture d’icônes en toc du monde de l’art, mais mené avec l’élégance d’un jeu d’esprit qui pourrait, le cas échéant, s’apparenter au fameux sourire. Si toutefois celui-ci cache bien un fou rire réprimé, face aux conjectures mêmes qu’il suscite, ou exprime le doute fondamental et créatif qui anime en toutes circonstances et à tout propos, un auteur dont la liberté de pensée constitue le seul credo.
© Ghislain Cotton in Le Carnet et les instants

Alain Germoz est né en 1920. Il vit à Anvers. Auteur de nombreux recueils de poèmes, de récits, d’aphorismes et de pièces de théâtre. Il a créé « Archipel » Cahier International de littérature pour se compliquer la vie. A une aversion profonde pour le prêt-à-porter intellectuel, l’esprit d’orthodoxie, la pensée prétendue correcte, la vanité littéraire, les clichés et les modes. Vit à la fois avec son temps, contre son temps et hors du temps, assumant allègrement ses propres contradictions. Aime découvrir ou redécouvrir des auteurs ou certains textes. S’intéresse à tout, son seul regret ; car tout, c’est beaucoup trop.

Format 14,8 x 21 cm
76 imprimées sur papier bouffant 90 gr.
ISBN 978-2930235-99-8
Parution : juin 2010

http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Le-fou-rire-de-la-Joconde.html

Des projets lui venaient avec une belle constance…Récemment il m’avait dit, sortant de l’hôpital,   »Ils se sont emparés de mon corps, il s’agit maintenant que je m’occupe de Germoz… »

 

Il m’écrivait en août 2011, répondant à une suite de questions que je lui envoyais dans me cadre de la préparation d’une promenade anversoise que nous voulions entreprendre et publier…(dans Amberesk, aurait-il rappelé…)

 

DS: Alain Germoz, vous êtes écrivain et éditeur francophone en Flandre ou de Flandre ?La langue française qui serpente encore si joliment dans votre ville d’Anvers semble aussi une ligne d’amnésie ou de fracture  aujourd’hui….Ou en êtes-vous dans le sillage de ce beau serpent francophone ?

AG: Je suis un auteur et éditeur francophone de Flandre. Comme tel, je me meus dans une sorte de no man’s land. Flamand de souche, mais dont les aïeux sont  originaires de la Flandre profonde, j’entends la Flandre authentique autour de Gand et de Bruges, qui forment les deux provinces dignes de ce nom,  si on omet la Flandre française que Louis XIV a arraché de son contexte pour se faire la main dans le domaine militaire et faire régner son soleil sur ce qui ne lui appartenait pas (un gangstérisme royal très en vogue jusqu’à la Première Guerre mondiale), je suis né et réside à Anvers depuis toujours et me sens plus Anversois que Flamand, ce qui a aussi des raisons historiques, mais je me garderai d’allonger la sauce dans un pays qui se paient des charognards en guise de politiciens.

A Anvers plus personne ne conteste que les fransquillons sont à la base du déclin de la langue et, partant, de la Culture françaises à Anvers. Moi je serpente entre diverses langues mais je me suis rendu compte assez tôt que mes premiers poèmes en néerlandais ne correspondait pas à ce que je voulais. Je me suis senti plus à l’ aise dans la langue française et j’ai persévéré. Je savais que par leur comportement hautain, ils n’avaient aucune chance de survie.

Le malheur est qu’il existe un équivalent flamand, les « vlaamskillons », comme les appelle Jozef Deleu, le fondateur de « Ons Erfdeel » et de  « Septentrion ». Ils ont pris la relève dans l’autre sens et ça a nourri la politique des flaminguands et fait tâche d’huile où une partie des Flamands se prennent les pieds. Sous cette pression maléfique, ce n’est pas seulement le français qui cède le pas à l’anglais mais c’est toute la culture française qui est frappée et, dans bien des cas, frappée d’interdit, ce qui est une forme sournoise de censure Inacceptable dans l’Europe d’aujourd’hui. (…) « 

DS: Anvers est une ville sinueuse et massive à la fois, belle, forte, hiératique, hanséatique disent certains…Mais Anvers est aussi une ville de sous-entendus, de dangers fantasmatiques, de « trafics », de concentration diamantaire, aujourd’hui d’une xénophobie dure etc…Bref, Anvers, est riche opaque et transparente…à la fois. Si vous deviez raconter votre fantasme anversois, votre Anvers aimée et redoutée, quelles en seraient les figures?

AG: «  Qu’Anvers ait été une ville hanséatique est un fait historique, mais j’ignore en quoi cela serait encore visible ou sensible au XXIe siècle. Peut-être par l’essor du port, un des trois plus grands d’Europe, avec Hambourg et Rotterdam, et des cinq du monde, avec Hong Kong et Singapour. Le second atout économique d’Anvers, le milieu diamantaire,  l’est aussi pour le pays. Il n’empêche qu’on peut se poser la question: pour combien de temps encore ? Car il y a un déplacement en cours et la population, hors du ghetto juif, n’a pas l’air de s’en rendre compte. Le réveil peut être dur, pas seulement pour la ville.
Est-ce qu’un poisson rouge pourrait décrire son bocal ? La ville est mon biotope et j’y édifie mes propres paysages imaginaires, apparemment pour échapper à une réalité qui m’ennuie. J’admire mon cousin Amand de Lattin qui à consacré sa vie à décrire cette ville sous toutes ses formes, rue par rue, maison par maison, n’oubliant ni l’histoire, ni le folklore, ni les moeurs, ni les professions qui se rattachent au temps qu’il évoque.

Cela permet de mesurer les distances. Elle sont énormes et les souvenirs lointains qu’on portent en soi deviennent de plus en plus précieux pour celui qui, comme moi, accumule les décennies. Mes paysages intérieurs, je leur donnais une forme concrète en inventant villes et pays que je matérialisais dans ma chambre avec des blocs de construction, de la terre glaise, du carton, tous les matériaux utiles permettant de remplir le sol de constructions et d’y ajouter le nécessaire préfabriqué, c’est à dire des maisons, des ponts, des autos, tout jouet adapté. Je dessinai une population, créant des personnages, habillé selon leur métier, ce qui n’est plus possible aujourd’hui.

Dans mes rêves nocturnes, je parcourais Anvers mais aussi Malines, Bruxelles et Paris. Pourquoi ces villes là et pas d’autres ? Je n’ai pas de réponse mais je savais dans quelle ville je me trouvais, les mêmes rues, avenues, places  et boulevards réapparaissant, fût-ce à des semaines d’intervalle. L’étonnant était de savoir où je me promenais alors que rien, pas le moindre détail architectural ou urbanistique ne présentait une quelconque ressemblance avec la réalité. En résumé, comme j’ai été très tôt fasciné par l’architecture, je cultivais donc une sorte de rejet ou de désintérêt pour l’image de ma propre ville. Si j’ai fantasmé, c’est par la faune que furent mes compagnons de jeu du quartier, dont la simplicité naturelle contrastait avec la respectabilité et les conventions de la bonne bourgeoisie du boulevard où j’habitais. Je n’avais qu’à tourner le coin pour retrouver une ambiance de « l’Opéra de quat’ sous ».

Sans parler des matrones de la minque et des ouvrières du port, toutes ultra rubeniennes, avec les mêmes formes que les sympathiques chevaux des nations, depuis longtemps remplacés par des tracteurs et des camions, me privant de  mon admiration pour les grosses merdes sculpturales, annonciatrices d’un art moderne qu’allaient développer Arp, Brancusi, et les Russes d’avant la Révolution d’Octobre. Plus tard, grâce au cinéma, je compris et approuvai avec enthousiasme Mae West, star bien en chair, qui lança un charmant axiome euclidien: « The curved line is the loveliest distance between two points ».

 

DS: Quelle est la place d’Anvers dans votre oeuvre?

AG: « Que ce soit poèmes ou fictions, Anvers n’y figure pas. Même pas d’une

façon détournée. En revanche, lorsqu’on m’interroge sur mes rapports

avec cette ville, je suis chaque fois saisi par l’apparition immédiate

de mes souvenirs d’enfance des plus agréables d’une part, et de l’autre,

par ceux  de l’occupation allemande qui m’ont laissé un goût amer.

Actuellement, la ville change à vue d’oeil, suite aux grands travaux

qu’on y pratique tout azimut. Il me reste donc des impressions mitigées,

soutenues par des sentiments strindbergiens d’amour-haine. Les dégâts

subis par cette ville au cours de ma vie sont incalculables et dus

principalement aux forces immobilières, financières et politiques sans

vision d’ensemble, bref , sans la justification visionnaire d’un

Hausssmann. Heureusement, il y a l’Escaut et en tant que dinosaure

scaldien, je sais que je ne pourrais pas vivre dans une ville sans

fleuve. Pas besoin de le voir pour le savoir.

 

 

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Rêveries nocturnes en FM

Posté par traverse le 1 juillet 2013

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A l’écoute! Radio Panik mardi 2 juillet…à 00h00, 105.4fm

 » Rêveries nocturnes »: avec Lauren Herzfeld, Eric Piette et invité: Daniel Simon…

Lectures de textes et d’inédits…Dialogues…

Il est tard… Vos yeux se ferment, votre esprit, alangui, réclame une histoire, des voix qui l’accompagnent jusqu’à l’orée du sommeil… Entre fictions et fantasmes, laissez-vous porter. La nuit ne peut que bien commencer, avec Rêveries Nocturnes,

bonne écoute

(Sur Internet: http://www.radiopanik.org/spip/-Reveries-nocturnes- )

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