La confusion des débats

Posté par traverse le 29 mars 2010

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Ca y est, après la Vache folle, le Réchauffement de la Planète (voire), c’est le Voile…
Pas celui de Marie, non. Celui des femmes musulmanes qui tiennent à leur liberté de le porter n’importe où, n’importe quand. Et ce n’est pas une mince affaire, c’est une question qui excite les tenants de la démocratie souvent si légers dans leur dialogue avec l’histoire, la mémoire des luttes, la réalité des sociétés.

Le Voile, ce n’est pas une question de stylisme ou d’élégance non plus. Certaines le portent avec piercing, string et autres fariboles vestimentaires. D’autres s’en enveloppent comme pour se prémunir d’un contact impur avec le reste du monde. Dans le nouement dudit foulard, des règles subtiles nous disent à quelle tendance le voile fait référence.

Vous me direz qu’on s’en fiche ? Evidemment, la mode, c’est une question privée. Mais il ne s’agit pas de ça, voyons, il s’agit d’une question ESSENTIELLE dans notre monde de tOOOléérance (tiens, le tollé est rance ?). Il s’agit d’une question fondamentale alors qu’on pensait s’être débarrassé de ces signes religieux encombrants (…et prescrits, c’est ça le problème) en Europe il y a quelques dizaines d’années.

Mais non, on aime ça chez nous les débats vides, les prises d’otages morales « au nom du respect et de la liberté », on aime ça, le dialogue de cultures quand il s’agit de perdre son temps à côté de situations sociales lourdes : décrochage scolaire, fermetures d’entreprises, augmentation du coût de la santé, fatigue devant des délits commis avec une allégresse cynique et barbare et finissant régulièrement par…rien, rien du tout, voyons, pas de vagues.

La question démographique, les agressions systématiques à la vie privée par le Global numérique…ça ne compte pas, voyons, la question des questions c’est celle du Voile, du foulard, de la liberté religieuse, oh pardon, je ne sais plus ce qu’il faut dire, je ne sais plus ce que l’on peut dire, puisque la réalité est telle que dans la société de communication il faut surtout ne rien dire.

En fait, il n’y a probablement pas grand chose à dire si ce n’est « Mamzelle, sachez que votre liberté, la mienne, passeront toujours après les termes du Contrat social, que vos états d’âme, littéralement ne comptent pas plus que les miens dans la balance, que vous confondez la liberté avec l’hystérie de la liberté à tout prix, renvoyant ainsi l’équilibre social durement établi en matière de limites entre la sphère privée dans l’Espace public à une sorte de consumérisme du « c’est mon droit »… ».

Et votre liberté individuelle, vos états d’âme, les miens, ceux de mon voisin ont un espace pour être pris en compte : l’espace politique qui fait fi du religieux, qui tente de garder à distance les tenants du religieux. Mais aujourd’hui, les tenants du tout religieux le voient d’un mauvais œil. Nous sommes devant la montée des intégrismes naturels au nom des la liberté d’expression, et c’est le comble. Nous sommes aussi devenus une société de l’irresponsabilité, une société du « on » quand il s’agit de responsabilité et du « je » quand il s’agit du jouir.

L’avortement est remis fondamentalement en cause, le Créationnisme gagne dans toutes les écoles, des étudiants affirment que la laïcité est une « croyance comme une autre ». La confusion des genres intellectuels, l’agressivité verbale, la menace physique sont devenus la norme. Et je vois peu, tous religieux confondus, de manifestations pour cette absolue nécessité de la séparation des genres et de la reconnaissance que des systèmes marchent peu ou prou en fonction du niveau d’émancipation de ceux qui y vivent.

Cette émancipation devient un terme obsolète : elle n’existe ni dans le rapport à la consommation, ni dans la relation au monde du travail (le management nettoie le sang des murs, comme l’écrivait Jean-Pierre Le Goff, mais c’est le même qu’au 19ème siècle : violent et pervers), ni dans la sphère de l’éducation familiale (toute matière éducationnelle et morale, la hiérarchie des valeurs émancipatrices ont subi un transfert massif de l’aire familiale (familles multiples sans référents) à l’école, croulant sous les rendez-vous ratés (entre le savoir et l’épanouissement dans le travail, entre les relations de transmissions, entre les enseignants et les enseignés, entre l’Institution et les comportements privés (GSM en classe, rackets, porno langage, effritement des nuances relationnelles, cécité devant l’autre, …)

Olala quel sujet, le Voile ! Voilà un sujet majeur alors que la régression de l’inculture pseudo théologique s’installe dans les écoles devant des enseignants otages de la pression, des insultes, des anathèmes et des dénonciations pour discrimination des étudiants censés étudier pour se préparer à une vie active.

Et les débats culcul la praline se déclinent d’écoles en écoles, les mêmes nunuches s’appuient sur des vides culturels pour affirmer ou infirmer la même chose, « C’est dans l’Coran, ma Sœur, c’est pas dans l’Coran, mon Fère, j’te jure c’est dans l’Coran, ma sœur ! ». Et des animateurs, des profs, des invités en remettent une couche. Chacun a droit à l’expression, c’est entendu mais malheureusement entendu comme tel. Faudrait avoir un appui à son avis, mais ça, m’sieurs, dames, ce n’est pas nécessaire.

Ce qui est important c’est que ces dames voilées et ces messieurs « dévoilés » (bien sûr, le port du Voile est un choix librement consenti par chacune …blablabla…Là, faudrait arrêter de prendre les citoyens pour des chicons…) s’expriment, et réclament, et opposent, et s’indignent et… Chacun a un avis, comme une bouche, des bras, un cul et beaucoup de vent qui circule dans tout ça.(1)Et chacun d’y aller du pour ou du contre mais toujours de la même façon : un peu de philo, un peu de « moi je pense », un peu de « je déclare », un peu de « respect » , un peu de « dialogue », un peu d’interdit et d’outrance, un peu de silence et le tour est joué.

Moi, la liberté, je veux ! Allons, Mesdames et Messieurs les Politiques, courageux et probes, conscients de la régression que suppose l’acceptation de tels comportements, dites-le net, vous ne savez plus que faire pour rester neutres alors que ces demoiselles ne le sont en rien. La trouille est aux commandes, le déni de débordement nous pète en pleine face, on rase les murs et on attend qu’une solution miracle nous vienne toute cuite sur un plateau.

Mais sont-ce ces demoiselles ou ces dames qui poussent le bouchon trop loin ou y a-t-il « derrière » elles des pouvoirs cachés ? Certes, la religion, le religieux considérés comme valeurs refuges et identitaires semblent le dernier refuge des citoyens qui se sentent solitaires et non solidaires (en Europe, Rien n’a été prévu, conçu, construit pour régler et réglementer les immigrations sollicitées par l’Europe, sauf des discours et des affirmations allant de concert avec les menaces et les ostracismes).

A peine vous interrogez-vous sur la question démographique des migrations, à peine êtes-vous ressenti comme un partisan des extrêmes. Ce serait intéressant de (re)lire Hannah Arendt à propos de ces façons de censure que la classe moyenne met en place à son endroit et des outils qu’elles inventent pour fustiger et exclure celles et ceux qui osent s’interroger sur les diverses dimensions des questions liées aux sursauts totalitaires.

Les flux migratoires (qui ont toujours existé et qui, personnellement, ne m’inquiètent en rien) sont ressentis, étant donné la question du nombre (liée, entre autres, aux perceptions territoriales), comme des situations historiques aux conséquences collatérales. La question peut et doit être posée, quitte à l’épuiser par l’étude du réel, sinon elle sera logée ou cachée dans d’autres choix dont l’extrême droite n’est qu’un des avatars.

Interroger, c’est ne pas souscrire au Discours lénifiant global. C’est ne pas Croire, c’est ne pas être obligé d’« aimer » l’autre. J’avoue n’aimer que les gens aimables à mon sens et ne pas m’inquiéter par ailleurs de vivre avec celles et ceux que je « n’aime pas ». La culture est faite pour le « vivre côte à côte » et non le « vivre ensemble » (dans une galère, on vit ensemble dans la seule loi du Tyran). Sachant que la Loi, issue du Débat politique est là pour nous protéger les uns et les autres, nous qui ne nous aimons pas suffisamment que pour être frères ou sœurs. Voisins suffit et la Loi est construite pour cette fonction. Le juridique corrigé par le religieux, voilà de quoi je vois venir les ombres les plus épaisses.

Ce n’est donc ni le Voile, ni quoi que ce soit de religieux qui soit inquiétant mais la façon dont le débat porté par les partisans du « tout religieux » parviennent de façon perverse à en déplacer sans cesse l’enjeu. Par la façon dont nous avons la Trouille de répondre NON et de le replacer ce Débat, cette Dispute, comme l’écrivaient les philosophes des Lumières, dans des espaces qui échappent au prurit du « C’est mon droit », par la façon dont la moindre question renvoie celui qui la pose à des positions que la socio-culture (un peu de tout et le tour est joué) diabolise de slogans à l’emporte-pièce. Propagande et culpabilité, voilà les armes qui font avorter les débats légitimes mais politiquement incorrects.

Je me souviens que dans les films de Fellini, des gamins soulevaient les soutanes des curés en s’en moquant. La calotte était ridicule, ça puait la contemption et le pipi mental… Fellini soulignait un peu avant sa mort qu’il ne pourrait plus, dans l’état actuel de l’Europe, construire les films qu’il avait réalisés des années 50 aux années 80. Impossible, plus de pognon pour ça, plus de producteurs pour payer un artiste qui montrait des gosses allant dans des bordels comme on va au cinéma (souvent, c’était mitoyen dans l’Italie qu’il nous racontait)).

J’aimerais qu’on puisse voir un gamin d’aujourd’hui relever les cottes du Nikab et faire un doigt d’honneur à la dame offusquée. Liberté de création voyons, gaillardise bien européenne. Mais non, ma grande, nenni mon grand, ça c’est fini, c’est un manque de respect coupable de flagellation et d’amputation. C’est au minimum des emmerdes sans nom. Ca s’appelle la régression au nom de Dieu.com.

Et ça n’en finit pas de bavarder au nom de la liberté alors que la tolérance est toute autre, c’est une façon de combattre et non d’accepter, une façon d’enfoncer les forteresses de bêtise (pas celle du voile, mais celle du débat autour de la …chose).

Le seul voile qui nous bouche la vue de l’avenir aujourd’hui, le pur, le vrai, le grand, c’est celui-là : le voile de la méconnaissance, de l’inculture et de la frustration. On venait d’en finir auprès des siècles de luttes, de sacrifices pour que la Cité ne soit plus empestée de ces effluves religieuses et des pestilences des potentats de la « banlieue Dieu » et hop, c’est r’parti pour un Tour. Et pas n’importe lequel, c’est le Tour de « je me tire dans le pied et j’aime ça ».

Parce que le Voile de quelques femmes issues d’une autre culture, d’un autre temps ont ce besoin-là de reconnaissance narcissique, sociale, culturelle et que nous souffrons de ne pouvoir dire non à ce « besoin » ou à cette culture-là » au risque d’être mal aimés? Non, il me semble que la perversité vient du fait que tout simplement nous confondons des femmes libres ou instrumentées avec des citoyennes libres de parler et de se battre pour leurs idées tout en respectant la Loi du Politique.

Ca ne me regarde que faiblement de régresser au nom d’un plus de liberté qui se masque sous la forme d’une nouvelle Tutelle, par contre ça me regarde beaucoup de me battre pour que des systèmes soient émancipatoires et combattent ceux qui ne le sont pas) à moins de rêver, comme beaucoup me semble le faire de parler à la place de, de s’occuper avec tant d’attention des états d’âme, de se complaire dans la schizophrénie culturelle (je fais une chose dans un état de relative liberté et au nom de celle-ci, je soutiens celles et ceux qui veulent sa régression.)

Le débat a lieu. Il est capital puisqu’il touche la tête des femmes qui déclarent dès la puberté, que c’est « ma liberté ». Il y en a même une, complètement « nikabée » qui déclarait récemment sur une chaîne française que « ma liberté passe avant la Loi ». Aï, aïe, aïe, surtout ne rien dire. Surtout pas, vous êtes foutu alors pour trois générations au nom de :
- racisme
- xénophobie
- irrespect
- inculture
- intolérance
- provocation
- nationalisme
- perversité
- aveuglement
- incompréhension
- irréalisme
- idéalisme
- fascisme
- imbécillité
- régression
- choc des civilisations
- …
- (ou de toute injure qui assimile par exemple un anti-islamisme à l’antisémitisme…avec la légèreté que suppose une cécité rédhibitoire sur la question de l’histoire des Génocides)

Je ne pense pas non plus qu’il s’agisse d’ostraciser de quelque manière que ce soit les femmes « issues de l’immigration », ce serait une faute de débat car à l’instant il me serait répondu, et c’est là que l’on se fait flinguer à vue : « Mais elles sont françaises, belges ou syldaves cher Monsieur…». Non, il s’agit tout simplement de rappeler avec une extrême fermeté alors qu’il semble, dans la population que des limites d’intolérance ont été dépassées, que l’Individu n’est pas libre, qu’il est assujetti à un Contrat social.

Relisons Montesquieu et ne jetons pas le voile sur cette question centrale : comment allons-nous définir un Contrat du vivre ensemble qui ne soit fondé sur la Reconnaissance individuelle mais sur l’égalité des droits et responsabilités dans un Etat laïque helléno-judéo-chrétien qui a déjà eu tant de mal à se dispenser des folies confusionnelles ou intégristes depuis un siècle ? Vous aimez la régression, alors votez l’émotion identitaire. Vous aimez la démocratie, alors combattez les communautarismes, les identités définies dans le repli. Mais pour cela il faudrait à ce fameux Etat propose plus qu’un discours socio-cul aux migrants, et ensuite, aux citoyens de tous ordres.

Il faudrait que l’Europe affirme des valeurs partageables par tous et toujours passées par le Débat public d’où le religieux serait systématiquement renvoyé à une part intime de chacune et de chacun et jamais considéré comme le Tout sur lequel le reste s’appuie.

Il s’agirait d’inclure et non d’exclure, tout simplement, et de construire une éducation validée par des valeurs émancipatrices de chacune et de chacun.

Le système qui veut la liberté de chacune et de chacun au-delà de la Loi est nocif et ne fonctionne pas. Il suffit de lire l’histoire.

Je viens chez toi et je suis chez moi en respectant les Lois de chez Nous.

En tout état de cause, que dire, que faire dans ces conditions de flottement, comme on dit d’une roue qu’elle est voilée quand elle ne tourne plus rond ?

Débattre ? Certainement mais sans cette peur qui sidère nombre de nos contemporains (la peur d’une quelconque dénonciation au nom d’un racisme ou autre déviance supposée dès lors qu’on défend avec certitude et fondement ses valeurs de liberté et de laïcité).

Rions aussi devant la légèreté des menaces et la peur si facile de ces mêmes contemporains qui jouent les Bouvard et Pécuchet de la tolérance fondante (comme le fondant au chocolat : légèrement croustillant sur le dessus et fondant et mou à l’intérieur) : ils essayent de faire avec le Voile, comme on fera ensuite avec la confusion des valeurs et des genres.

Flaubert, décidément, un magnifique spécialiste de notre bêtise se régalerait de ce fondant débat.

(1) Boudu sauvé des eaux, de Jean Renoir (Michel Simon, interprète Boudu et dit « Ce qui est terrible, c’est que tout le monde a ses raisons… »)

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La semaine du récit de vie à la Maison du Livre

Posté par traverse le 29 mars 2010

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Ateliers d’écriture – La semaine du récit de vie à la Maison du Livre, Saint-Gilles

du 12 au 16 avril de 14h à 18h

En cinq après-midi, nous allons travailler à partir d’éléments biographiques puisés dans le patrimoine photographique familial de chaque participant. Ecrire des récits, fléchis par la fiction, arrimés aux fantômes que la photographie révèle, construire des séquences biographiques ou fictionnelles à partir de ce matériau, voilà le projet de ces cinq rendez-vous. Le principe est simple : une photo par jour, un récit par jour et cinq séquences comme une main ouverte sur des temps mélangés.

CONFIDENCES(c’est le nom de la soirée) : A la fin de la semaine, le 16 avril à partir de 19h, chaque participant (e) et nos invités (celles et ceux que vous connaissez, des « anciens » d’autres ateliers, des auteurs désireux de venir lire (maximum 7 minutes par texte et participant (e)…) liront à micro ouvert…. Une occasion de confronter des approches d’écriture et de lectures en public des récits de l’intime…

Renseignements: www.lamaisondulivre.be 02/5431220 – Prix : 100 euros, acompte de 50 euros

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Deux ateliers de fictions en été

Posté par traverse le 25 mars 2010

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Adultes : du 2 au 6 août de 14h à 17h.

Fictions brèves et récits à partir d’extraits de films de l’histoire du cinéma à la Bibliothèque 1001 pages, 1, Place de la Reine -Schaerbeek avec Daniel Simon et Christian Van Tuijcom.

PAF 110 euros payables en plusieurs fois.

Jeunes adultes et Ados, « Je fais mon cinéma » :

Du 5 au 9 juillet, 14h à 17h. Avec Jacques Deglas, Christian Van Tuijcom et Daniel Simon à la Bibliothèque Sésame, Schaerbeek

Ecrire de l’image, du mouvement, des récits, un scénario pour passer à la réalisation et au dépôt sur Internet, voilà l’objet de l’Atelier.

Ecrire une situation, créer des personnages, établir un scénario, apprendre à le critiquer, puis à la réaliser et à le diffuser sur le Net, ce sera notre Rencontre de l’été avec les Jeunes adultes et les Ados intéressés.

En cinq après-midis de 14 h à 17h, trois animateurs expérimentés (écriture, voix, images, Net) accompagneront celles et ceux qui souhaitent devenir les auteurs de leur premier film court.

Une projection des œuvres réalisées aura lieu dans le cadre de la Bibliothèque Sésame par la suite.

Organisation Traverse asbl avec Sésame (Bibliothèques de Schaerbeek)

A partir de 15 ans.

Aucune expérience requise et tout le matériel sera offert par les organisateurs.

Droit d’inscription : 110 euros payables en plusieurs fois au compte 068-2144376-24 de Traverse asbl

Renseignements/inscriptions : Daniel Simon – 86/14 avenue Paul Deschanel – 1030
02.216.15.10 ou 0477.76.36.22 daniel.simon@skynet.be

A l’initiative de M. Georges Verzin, Echevin de l’Instruction publique, de la culture et des bibliothèques

Site : www.traverse.be (Cliquez sur Avanti! Et vous arriverez à la page Ados et Jeunes adultes)

Clip de Jacques Deglas à propos de l’atelier d’été

http://www.youtube.com/watch?v=qFc5ENPiGv0

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Journal d’une génération (qui connut le politique et fond dans l’émotion)

Posté par traverse le 24 mars 2010

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L’éternité, c’est quoi?
C’est la mer allée avec le soleil.

A. Rimbaud.

Toute génération connaît son point limite, celle des années soixante atteint sa maturité fatidique en l’an 2000. De sombres histoires d’Etats, des abandons ou des alliances nouvelles donnaient aux tyrans des airs d’humanité retrouvée. Hasan II accueillait le vieux Mobutu malade qui mourut dans le Royaume du Maroc moqué et trahi par la plupart de ceux qui l’avaient soutenu. On payait au Congo libéré par Kabila (père) un poulet en millions de « prostates ». C’était le nom donné par les Kinois aux Zaïres dévalués qu’on payait alors par liasses tombant en morceaux. Le Mur était définitivement en fragments (recyclés en souvenirs et en œuvres d’art) et avait entraîné avec lui des pans entiers de l’Histoire et des hommes. Des cultures s’étaient défaites d’un coup, le socialisme et le marxisme en avaient pris définitivement dans l’aile et la morale, celle que les naïfs assoiffés de pureté attendaient de l’Est ou d’Orient, nous prenait de court par son cynisme et son archaïsme violent.

L’armoire à secrets attendue était vide et ce qui en sortit ne fut qu’un bref moment de réjouissance presque ancienne : des hommes se gratifiaient de nouvelles reconnaissances et des frontières tombaient pour en laisser apparaître d’autres, lointaines et floues, celles de la pauvreté morale de tous, du désespoir de chacun et du vide d’idées fortes et porteuses d’espérances. La jouissance du libéralisme s’instilla au cœur de chaque mouvement humain, de chaque comportement. La fête, la jouissance, le plaisir, l’accomplissement effréné de soi devenaient les vertus cardinales de toute société démocratique.

Les effets collatéraux de l’antique « jouir sans entraves » (68 était refroidi et passé aux célébrations) se faisaient sentir au plus profond : les élites, même issues du travail et de l’ascenseur social ou culturel, étaient suspectes de tout, les pouvoirs confondus avec les plus nécessaires autorités et les médiocraties de tous bords trouvaient dans la socio-culture et la médiatisation perpétuelle des alliés de poids. Par la proximité des institutions culturelles dévouées au lisse et au contentement des fragiles marges intérieures de la classe des consommateurs et par notre sidération devant les dispositifs de réalité mis en place systématiquement (du plus bas, au plus haut, jusqu’à celui du Corps du Prince, de l’Elu, du Manager, de l’Intellectuel, de l’Artiste, de l’Expert,…), les épines tombaient une à une des roses auxquelles rêvaient encore la plupart d’entre nous.

Un lourd passé rentrait à nouveau dans l’Histoire en faisant ressurgir un présent tragique : les pauvres arrivaient en masse et les oasis où ils pensaient se reposer se tarissaient à vue d’œil. Des débats tonnaient un peu partout à propos des conditions de parcage des envahisseurs légitimes. La présence des plus démunis de la terre sur le sol des démocraties marquait le temps d’un nouveau désordre : celui qui devrait donner naissance à des valeurs de réconciliation humaine, à des rédemptions tant attendues chez l’Homme blanc. Mais les pauvres ne sont jamais ceux que l’on connaît, ils sont d’un autre ordre ceux qui nous déterminent à agir : ce sont des inconnus, des Gaspards arrivés dans un grand trouble dans nos villes bruyantes et qui posaient leur silence et leur besoin de consolation sur la table des Chevaliers du droit, de l’égalité, de la fraternité et de la liberté qui était déjà si encombrée des Dossiers infinis que les mêmes Chevaliers ne parvenaient à traiter dans l’esprit des Lois de la reconnaissance universelle.

Ce qui arriva alors, ce fut l’annonce d’une limite au passé sous la forme d’un Bug immense et rédempteur, un Tabula rasa qu’on espérait en secret. Les temps numériques allaient renvoyer les anciennes inquiétudes à l’an Mil et on en sortirait enrichis d’une terrible découverte : les temps avaient changé. Il ne se passa rien. La fête fut lourde à digérer et l’Europe, à cet endroit précis en profita pour frapper du poing le front de chacun en y laissant l’empreinte de l’Euro. C’était notre victoire, celle qui transformait les anciens chaos en monnaie d’espoir et d’entreprises communes.

Et pendant ce temps, les pauvres ne cessaient de s’agripper aux trains d’atterrissage des avions, de se réfugier dans les soutes des navires et des camions transporteurs…Des familles entières arrivaient dispersées et vivaient dans des conditions de clandestinité qui ne cessaient de moudre dans le cœur des hommes, des arrivants et des accueillants, ce qu’il y avait de plus ancien : l’évidence d’être chez soi et le rêve de se porter en dehors des enfers vers ce qui apparaît comme un lieu de bénédiction. Les uns et les autres se sont regardés sans se comprendre et ils ne pouvaient vraiment se parler car ils ne pouvaient se comprendre. Alors ils échangèrent des phrases rituelles : le nombre de viols, les violences de tous ordres passées dans les récits attendus, des catastrophes sans fin parfois incontrôlables. En face, en balbutiant presque, c’étaient des programmes, des urgences, des discours, des aides coordonnées, des emplâtres, des drames, des impasses, des colères rentrées.

(à suivre)

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Notules de Foire du Livre

Posté par traverse le 8 mars 2010

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Tu veux voir quelque chose de spécial ?
- Non, tu sais, je vois comme ça…

Peu de religieux à la Foire, si ce n’est devant certains auteurs où les files sont impatientes et silencieuses. Pas de voiles ni de cornettes. Le numérique serait-il une hypostase d’un dieu caché que l’on honore surtout en privé ?

Les éditeurs sont heureux : du monde, des achats, de l’intérêt et des débats (où le politique fait la foule).

Pas d’alternatif cette année : tout dans le même sac. Pour et contre au même étal.

Des profs en visite et des enfants, des jeunes qui courent. C’est congé.

Les fumeurs dans le froid dehors en regardant la neige tomber silencieusement dans de fins tourbillons.

Difficile de s’asseoir pour partager un avis. Alors on marche en parlant devant des auteurs et des éditeurs qui regardent, parfois las, le flux du public. Un bord à bord toujours sous la garde muette des titres et des collections où on lit l’évidence d’un métier : attirer le lecteur n’est pas une mince affaire. La fatigue est là : chaleur et bruits, la Foire, quoi.

Des personnes et des femmes handicapées avancent imperturbables et fendent les flots de leurs chaises silencieuses.

Les poupons au plus bas, ils vont dans des poussettes à hauteur des mollets qui flânent.

On trinque : du vin, des apéritifs, des boissons régionales. Le livre est un gourmand : il appelle d’autres plaisirs aux agapes.

Des retrouvailles, des surprises, des têtes oubliées et des sourires soudain. La rencontre est le lien que le livre provoque dans la tribu des lecteurs.

Ceux qui lisent des livres qui les renvoient à ce qu’ils savent et connaissent déjà ; les autres qui choisissent des lectures qui les perdent et les envoient dans ce qu’ils ne connaissaient pas. Les deux sont des lecteurs amoureux. Et pour des raisons pas si éloignées, chacun prend du temps de lecture sur l’obligé.

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Rencontres avec Abdellatif Laâbi/Espace Magh

Posté par traverse le 27 février 2010

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Abdellatif Laâbi, prix Goncourt de la Poésie 2009, et son épouse Jocelyne sont les invités de l’Espace Magh du 2 au 6 mars 2010.

Figure majeure de la littérature contemporaine, Abdellatif Laâbi est poète, certes, mais aussi romancier, homme de théâtre, essayiste et traducteur.

Son engagement politique contre un régime oppressif lui vaut huit ans d’emprisonnement dans les geôles d’Hassan II. Accompagné par l’amour et la présence de sa femme Jocelyne, Abdellatif sort de prison aussi révolté qu’il y est entré– révolte contre les inégalités qui marquent la vie de son pays. Après cette épreuve, la famille s’en ira en « exil » vers la France et Paris…

Son oeuvre se construit autour d’une parole lyrique, sauvage et riche, resserrée et accessible. Une poésie orale, vive, mêlant dérision, autodérision, humour et « ironie tendre », qui touche le lecteur au plus profond. Sa poésie est intimement liée à la vie, sur laquelle il pose un regard passionné. L’amour en est un des moteurs.
littérature

Soirée-rencontre avec Abdellatif Laâbi Animée par Jean-Luc Wauthier

MA 2/3 Entrée libre
19.00 Projection d’une émission de la télévision marocaine consacrée au poète.
20.00 Rencontre littéraire autour de son oeuvre.
21.00 Mini-récital de poésie de et par le poète lui-même. Respiration musicale avec Marie-Ève Ronveaux, violoncelliste.

De l’exil et de la mémoire…


Rencontre avec des jeunes autour de l’oeuvre du poète

ME 3/3 | 17.00

Dans le cadre d’un atelier d’écriture sur la mémoire de l’exil, mené depuis septembre 2009 au Foyer des Jeunes des Marolles, un groupe d’adolescents rencontrera Abdellatif Laâbi. Lorsqu’un poète parle à des jeunes du quartier de son expérience
de l’exil, de la mémoire, de l’engagement…
Lectures croisées par Hassiba Halabi et Mohamed Fawaz

JE 4/3 Entrée libre

18.30 Des lettres d’amour, des lettres de prison. Des lettres qui s’entrecroisent. Celles du quotidien, celles du rêve, celles du poète et de sa bien-aimée… Ces lectures, portées par deux jeunes comédiens pleins de talents, ont été choisies par Hamadi avec la bénédiction d’Abdellatif et de Jocelyne Laâbi.

20.30 Projection du film Le Soleil se meurt, d’après un texte d’Abdellatif Laâbi.
Nocturne de la Poésie
Foire du Livre de Bruxelles

VE 5/3 | 19.00

Abdellatif Laâbi, prix Goncourt de la Poésie 2009, est invité à ouvrir la Nocturne de la Poésie à la Foire du Livre de Bruxelles.

JEUNE PUBLIC

Lounja-la-gazelle JEUNE PUBLIC (à partir de 8 ans)

Au départ des contes de Jocelyne Laâbi
ME
3/3 | 15.00 8 € (adultes) 5 € (enfants)
SA
6/3 | 18.00 8 € (adultes) 5 € (enfants)

Moufadhel Adhoum – oud | Alexandre Furnelle – basse Christine Andrien – récit

Elle est belle, elle est aimée. Par son cousin. Ils sont beaux, ils sont frères, ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau et ils sont aimés. Par leur mère. Génie, ogre à 7 têtes et autre ogresse se coupent en quatre pour les contrarier. Il faudra s’armer de moult courage et surmonter de nombreuses aventures étranges pour enfin retrouver la douceur et l’amour.
L’homme qui troquait et Les ruses du hérisson

Dessin animé et théâtre d’ombres

SA
6/3 | 16.00 Entrée libre

En clôture des ateliers menés au départ des histoires de Jocelyne Laâbi auprès d’enfants de 3e maternelle de l’École Catteau-Horta et de l’École de la Marolle, de la Ville de Bruxelles, nous vous proposons le dessin animé et le spectacle en théâtre d’ombres que les enfants ont réalisés à partir des contes L’homme qui troquait et Les ruses du hérisson, sous la direction attentive de Milena Bochet (réalisatrice) et de Roxane Ca’Zorzi (conteuse). Avec le soutien de Mesdames Hankenne, Schoemaker, Bovagnet et Doyen, institutrices.

« Totalement étrangère à toute poésie “poétique”, cette oeuvre est avant tout poésie car elle est vie écrite autant que vie vécue, au point qu’il reste malaisé de discerner l’une de l’autre. »

Jean-Luc Wauthier

Rue du Poinçon, 17 1000 Bruxelles 02 274 05 10 info@espacemagh.be www.espacemagh.be editeur responsable Mohamed El Boubsi – Hamadi / Rue du Poinçon, 17 / 1000 Bruxelles

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« Des écrivains du monde pour Haïti »

Posté par traverse le 20 février 2010

Recueil de textes, photographies et dessins inédits
Un livre vendu au bénéfice intégral des actions éducatives, culturelles et artistiques de
l’ONG FOKAL à Port-au-Prince
Un instrument de suivi par des témoins et des artistes et des écrivains pour que Haïti ne sombre
pas à nouveau dans l’oubli, une fois l’urgence passée.
Une présentation du livre aura lieu au Centre Culturel Le Botanique http://www.botanique.be
Rue Royale 236 1210 Bruxelles le dimanche 21 février à 16h00,
dans le cadre de Ewa-Ayiti, «Une oeuvre pour les artistes»

http://www.ewa-ayiti.be


Journée de solidarité avec les artistes Haïtiens.

«Des écrivains du monde» ont été sollicités pour évoquer, le séisme qui a frappé Haïti, dans des textes littéraires inédits.
Une première édition de ce recueil sera disponible à la Foire du livre de Bruxelles dés le 3 mars 2010 et au prochain Salon du Livre de Paris à partir du 26 mars 2010.

Le livre sera également accessible en librairie, et par souscription ou directement par email aux Editions du Banc d’Arguin : jfm.levallois@wanadoo.fr ou contact@éditions-banc-darguin.fr
Cette nouvelle maison d’édition créée et animée par Jean-François Mouriot assure gratuitement
l’édition et l’impression numérique de ce recueil permettant ainsi que l’intégralité des produits de la vente soient versés à des actions concrètes menées sur place dans le domaine éducatif, culturel et artistique.

Les fonds recueillis en 2010, seront versés à l’ONG FOKAL 1 choisie en concertation avec
la Direction générale des Relations bilatérales de la Communauté Française de Belgique, Wallonie-
Bruxelles International2 .

Pour permettre à cette mobilisation d’écrivains et de lecteurs solidaires de se développer
dans les années à venir, un «Espace de Solidarité» sera ouvert. Il sera accessible dans la webradio littéraire «Espace Livres3» . Ce nouvel « Espace de solidarité » accueillera au fil des mois de nouveaux textes, lus par leurs auteurs ou par des comédiens, accompagnés de musiques originales.

1« l’ONG FOKAL de Port-au-Prince gère d’importants projets sociaux qui lui sont confiés notamment par l’Union européenne. FOKAL est aussi le foyer haïtien
le plus important de la ville sur le plan culturel, bien équipé (salle de spectacles, bibliothèque,… le tout a heureusement résisté au tremblement de terre) ; il
est respecté et fréquenté par tous les artistes. »
Le site de FOKAL (Fondation Connaissance et Liberté) est : http://www.fokal.org

2 Wallonie-Bruxelles International (WBI) tél : 32.2.421.83.75 courriel : c.favart@wbi.be site : www.wbi.be
Compte bancaire spécifique : BE70 1325 9001 0625 BIC : BNAGBEBB Centre culturel du Brabant wallon – EWA Ayiti»

3http/:// www.demandezlz programme.be / – Epace-Livres

Un nouveau recueil de ces textes, accompagnés d’un bilan des actions entreprises grâce aux
fonds récoltés par la première édition, sera publié le 12 janvier 2011, date anniversaire du
tremblement de terre.

Au moment de publier ce communiqué, les écrivains et artistes ayant contribué à la réalisation
de cet ouvrage sont :

Yasmina Khadra
Philippe Robert-Jones
Eduardo Manet
Jan Baetens
Colette Nys-Mazure
Patrick Roegiers
Julos Beaucarne
Anatole Atlas
Françoise Lison Leroy
Alain Coëffard
Yoka Lié
Jehanne Sosson
Hermine Bokhorst
Evelyne Guzy
Jacqueline De Clercq
Dominique Grand (photographe)
Benjamin Spark (artiste peintre)
Chantal Boedts
Huguette de Broqueville
Jean Jauniaux
Jean-Luc Outers
François Nugues
Voltaire
Alain Delcroix
Dominique Berthelot
Chantal Boedt
Daniel Simon
Pascal Vrebos
Janine Boissard
jean Gennaro,….

Contact France :Jean-François Mouriot Editions du Banc d’Arguin – Paris
00 33 (0)1 47 30 98 23 contact@editions-banc-darguin.fr
OU jfm.levallois@wanadoo.fr

Contact Belgique:
Jean Jauniaux
ESPACE LIVRES Solidarité HAÏTI
00 32 478 43 49 37
jeanjauniaux@gmail.com

http://www.demandezleprogramme.be

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Flaubert ne sera pas à la Foire du Livre…

Posté par traverse le 11 février 2010

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Manuscrit de Flaubert

Publication du cinquième tome de sa Correspondance dans la Pléiade. L’auteur de «Bouvard et Pécuchet» traque la médiocrité de son temps… et du nôtre.

Prenons Flaubert le samedi 27 septembre 1878 dans le «Journal» d’Edmond de Concourt
:

«Flaubert, à la condition de lui abandonner les premiers rôles et de se laisser enrhumer par les fenêtres qu’il ouvre à tout moment, est un très agréable camarade. Il a une bonne gaieté et un rire d’enfant, qui sont contagieux; et dans le contact de la vie de tous les jours se développe en lui une grosse affectuosité qui n’est pas sans charme.» Ce Concourt ne comprend rien, cela va de soi, mais il nous donne une précieuse information sur l’ouverture des fenêtres. Flaubert étouffe, il suffoque, son «Bouvard et Pécuchet» lui donne un mal fou, c’est un bouquin infernal, atroce, qui le mène droit à la mort. «Mon but secret est d’abrutir tellement le lecteur qu’il en devienne fou. Mais mon but ne sera pas atteint, par la raison que le lecteur ne me lira pas. Il se sera endormi dès le commencement.» On n’a pas assez insisté, à mon avis, sur la découverte fondamentale de Flaubert, son trait de génie, sa passion, sa rage. Sartre a eu tort d’inventer pour lui le rôle d’«idiot de la famille», alors qu’il aura été le premier à sonder ce continent infini, la Bêtise. De ce point de vue, Flaubert, c’est Copernic, Galilée, Newton : avant lui, on ne savait pas que la Bêtise gouvernait le monde. «Je connais la Bêtise. Je l’étudié. C’est là l’ennemi. Et même il n’y a pas d’autre ennemi. Je m’acharne dessus dans la mesure de mes moyens. L’ouvrage que je fais pourrait avoir comme sous-titre : «Encyclopédie de la Bêtise humaine».»

Bêtise de la politique, bêtise de la littérature, bêtise de la critique, médiocrité gonflée à tout va, il faut dire que la fin du XIXe siècle se présente comme un condensé de tous les siècles, ce qui a le don de mettre Flaubert en fureur. Le pouvoir est bête, la religion est bête, l’ordre moral est insupportable, bourgeois ou socialistes sont aussi imbéciles les uns que les autres, et ce qui les unit tous, preuve suprême de la Bêtise, est une même haine de l’Art. «Qui aime l’Art aujourd’hui ? Personne, voilà ma conviction intime. Les plus habiles ne songent qu’à eux, qu’à leur succès, qu’à leurs éditions, qu’à leurs réclames ! Si vous saviez combien je suis écoeuré souvent par mes confrères ! Je parle des meilleurs.»

Il faut lire ici (ou relire) la grande lettre à Maupassant, de février 1880, elle est prophétique. Un programme de purification du passé est en cours sous le nom de moralité, mais en réalité (et nous en sommes là aujourd’hui) par la mise en place d’une conformité fanatique plate. Il faudra, dit Flaubert, supprimer tous les classiques grecs et romains, Aristophane, Horace, Virgile. Mais aussi Shakespeare, Goethe, Cervantes, Rabelais, Molière, La Fontaine, Voltaire, Rousseau. Après quoi, ajoute-t-il, «il faudra supprimer les livres d’histoire qui souillent l’imagination».

Flaubert voit loin : les idées reçues doivent remplacer la pensée, il y a, au fond de la bêtise, une «haine inconsciente du style», une «haine de la littérature» très mystérieuse, animale, qu’il s’agisse des gouvernements, des éditeurs, des rédacteurs en chef des journaux, des critiques «autorisés». La société devient une énorme «farce», où, dit-il, «les honneurs déshonorent, les titres dégradent, la fonction abrutit».

Renan se présente à l’Académie française ? Quelle «modestie» ! «Pourquoi, quand on est quelqu’un, vouloir être quelque chose ?» Savoir écrire et lire est un don, sans doute, mais aussi une malédiction : «Du moment que vous savez écrire, vous n’êtes «pas sérieux, et vos amis vous traitent comme un gamin.» Bref, l’être humain est en train de devenir irrespirable. En janvier 1880, vers la fin de son existence physique de saint halluciné, Flaubert écrit à Edma Roger des Genettes (sa correspondante préférée, avec Léonie Brainne et sa nièce Caroline, plutôt des femmes, donc) : «J’ai passé deux mois et demi absolument seul, pareil à l’ours des cavernes, et en somme parfaitement bien, puisque, ne voyant personne, je n’entendais pas dire de bêtises. L’insupportabïlité de la sottise humaine est devenue chez moi une maladie, et le mot est faible. Presque tous les humains ont le don de m’exaspérer, et je ne respire librement que dans le désert.» Simple question : que dirait Flaubert aujourd’hui ? Autre prophétie pleinement réalisée : «L’importance que l’on donne aux organes uro-génitaux m’étonne de plus en plus.»

Allons, bon : le sexe lui-même est en train de devenir Bête.

Philippe Sollers
Le Nouvel Observateur

La rage de Flaubert

«Correspondance, tome V», par Gustave Flaubert, Gallimard, la Pléiade, 1584 p., 55 euros (jusqu’au 31 mars 2008, 62 euros ensuite).

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C’est vraiment la Foire du livre! bientôt…

Posté par traverse le 11 février 2010

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Cette année, la Foire du Livre (du 4 au 8 mars à Tour et Taxis, 1200 Bxls) est centrée une fois encore sur l’enjeu du numérique, des développements d’interface entre édition papier et numérique (cela fait dix ans que ce sujet est au coeur des questions de l’édition)…L’échappée numérique, telle est la question.

Chacun y va de son idée, de sa stratégie, de ses commentaires. Il me semble que l’évidence est vive aujourd’hui: des pratiques de lectures sont en train de se modifier et des structurations de pensée également. Que ça me plaise ou nous, que ça vous inquiète ou non ne pèse en rien dans la balance de la conquête des marchés. La pratique du numérique a déjà sauvé de l’oubli des millions de textes rares, difficiles, incongrus, alternatifs, cette même pratique a fabriqué par ailleurs des illettrés (le recul nécessaire à la pensée et à la réflexion est barré par la vitesse du surf et de l’encombrement des informations. L’Ogre a perdu son nez et a la panse pleine. On verra si ses tripes sont en or…)

Le livre reste la machine de guerre de la pensée et du poétique irremplaçable et résiste à toutes les pannes d’électricité, de froid, de chaleur ou de virus. Mais sa matière est vite dégradée. Le numérique est l’enjeu prioritaire des marchands et nous cherchons tant de justifications pour tenter de montrer que cette machinerie-là a autant d’avantages démocratiques que l’autre. On peut sourire, mais cela devient inconvenant, de cette assertion que chaque jour la guerre des médias contredit…

Cela dit, le numérique a tant de filières géniales qu’il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas les reconnaître. Mais pourquoi vouloir à tous prix égaliser ces façon d’être au monde ou dans le monde? Le livre reste un objet, une idée, une icône impressionnants pour beaucoup (la mythologie du livre est élitiste, combattante, militante, provocante, populaire …mais certainement pas banale). Le Net mise sur sa transparence, sa banalité, presque sa trivialité. Il est évident. Le numérique ne disparaîtra pas, il est Le support et la pensée, Dieu est partout et il a un prénom, Google, Apple, Microsoft (il suffit de choisir sa théologie qui est toujours, dans ce domaine, monothéiste et intégriste…Tiens donc.)

Bref, la bataille sera rude et elle est déjà perdue pour les partisans du gagnant-gagnant….La vérité, probablement, est déjà sous nos yeux. L’inégalité culturelle est une réalité qui s’en va croissant et le Net a permis un formidable bond dans le néant comme dans la culture…That’s all folks!

Signatures des auteurs de la Collection Je:

irenacover1.jpg Michelle Dantine avec son récit Irena, matériau chair (Un des effets collatéraux de la Chute du Mur: la traite des êtres humains, les marchands de chair, la prostitution comme économie de base,…Un récit dur, incisif, âpre et d’une écriture finement maîtrisée).Michelle Dantine est née à Bruxelles en 1950. Après des études de communication, elle a exercé notamment en tant que correctrice et écrivain public. Elle participe à l’écriture au sein d’une troupe de théâtre action qui a pour but la sensibilisation du public à la problématique de la santé mentale. Elle prend régulièrement part à des ateliers d’écriture et de gospel. Elle pratique également la photographie argentique et travaille actuellement à un projet combinant écriture et photographie et qui a pour cadre les cimetières de Bruxelles.Irena, matériau chair est son premier livre.Michelle Dantine sera présente sur le stand Couleur Livres à plusieurs reprises mais vous pourrez la rencontrer pour une séance de dédicace le vendredi 5 mars de 15h à 16h)C'est vraiment la Foire du livre! bientôt... dans carnets pdf coverirena.pdf

arton537e55eb.jpg Je vous écoute de Daniel Simon (un opuscule sur la lecture, les bibliothèques, les ateliers d’écriture… (édition en juin 2009. Sortie officielle à la Foire.) Je serai présent sur le stand tous les jours sauf le vendredi, dédicaces le dimanche 7 mars de 17 à 19h.

et dans une nouvelle Collection, Je / Contrepoints(Une collection où réflexions et méditations sur des pratiques vont en contrepoints)

Guy Delhasse avec Quand Je éduque les autres. (Soir de tempête. Un bâtiment planqué dans un coin de colline. Je veille sur le sommeil de mineurs placés. Je se raconte, cherche au plus profond de lui les circonstances qui font qu’éduquer est bien devenu son métier. Il veut transmettre, ca c’est l’évidence mais transmettre quoi ? Qui est ce Je pour prétendre conjuguer le verbe éduquer avec un objet direct bizarrement nommé …Lautre ? Un charpentier charpente, un cuisinier cuisine. Et un éducateur éduque…. Surtout quand la tempête fait rage !)
Guy Delhasse est passionné par l’écriture dans différents domaines. Il est auteur de guides littéraires et d’ouvrages pointus dans le domaine de la chanson française. Educateur professionnel depuis plus de 30 ans, il a publié « Quatre saisons d’un éducateur spécialisé » en 1994 et en 2004. Il prépare le troisième et dernier tome pour 2014… Dédicaces le dimanche 7 mars de 17 h à 19 h.

Stand : 134
Coordonnées :
Rue Lebeau, 4
6000 Charleroi
Belgique
Tél. : 0032 71 32 63 22
Fax : 0032 71 32 63 22
Adresse e-mail : secretariat@couleurlivres.be

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Un clip de Jacques Deglas.Lectures de textes d’ateliers

Posté par traverse le 24 janvier 2010

Et un clip de Jacques Deglas…Cliquez sur PRInternational

http://www.youtube.com/user/PRInternational

Et vous arrivez à Traverse. Sera sur Blogs et cie bientôt.

MERCI aux lectrices et lecteurs…et aux bibliothécaires de la Bibliothèque Sésame…

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Monique Phoba, réalisatrice, documentariste et poète/RD Congo

Posté par traverse le 28 décembre 2009

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« LA POÉSIE ME PERMET DE SOUFFLER UN PEU ET DE REPRENDRE DU COURAGE »

entretien de Tanella Boni avec Monique Mbeka Phoba,mars 2009
MONIQUE MBEKA PHOBA, CONNUE COMME REALISATRICE DE DOCUMENTAIRES, PUBLIE SON PREMIER RECUEIL DE POEMES, YEMADJA*.

Vous êtes réalisatrice de documentaires depuis 18 ans. En poésie, il s’agit de votre premier recueil, même si quelques-uns de vos poèmes ont déjà été publiés par Pius Ngandu Nkashama, dans une anthologie (1). Comment s’est fait ce passage d’un art à l’autre et je suppose que l’image et le mot ont toujours cheminé ensemble ?

J’ai écrit très jeune, encouragée par mon père, qui avait une dévotion pour la littérature et, singulièrement, pour la poésie. Il a fait tant et si bien que j’ai commencé très tôt, pour lui faire plaisir, à bricoler de petits textes vers 9 ans, qualifiés indûment de poésies. Mais, j’ai persévéré et il y a eu une époque où je pondais littéralement des poèmes, au point, à la fin de mes études secondaires, de trier les meilleurs pour en faire un recueil d’une centaine de pages dénommé : « Effervescences ».

Malheureusement, il n’a pas trouvé preneur dans une maison d’édition, c’est d’ailleurs à ce moment-là que Pius Ngandu Nkashama, qui l’avait lu et apprécié, a pioché quelques œuvres pour les inclure dans son anthologie de la poésie zaïroise. Finalement, un peu découragée, j’ai trouvé un autre terrain d’expression dans le domaine de l’audiovisuel (la radio, plus précisément) pendant 5 ans, puis dans le documentaire, depuis 18 ans.

Mes poèmes sont des textes que j’écrivais pour moi, au fil des années, sans souci de publication. Je retrouvais parfois, des années après, des gribouillis au milieu de mes scenarii de documentaires, écrits et presque aussitôt après oubliés. Je le faisais entre les moments où je me pressais les méninges pour rédiger mes scenarii de documentaires. La poésie était quelque chose qui me ressourçait, me délassait, me permettait de souffler et de reprendre courage… Ce n’est pas évident pour moi de voir ces textes publiés. A priori, c’était des petites choses pour moi et mes intimes, conservées dans les marges de ma vie. Ce qu’ils révèlent est apparemment perturbateur, beaucoup des gens qui me connaissent par ailleurs, disent que c’est extrêmement surprenant de me découvrir auteur de tels textes, si passionnés, si désinhibés… Que ça ne correspond pas à l’image qu’ils se faisaient de moi.

Mais, la documentariste et la poétesse sont deux facettes de moi et je ne pense pas qu’elles soient contradictoires.

Paul Emond, un de mes professeurs, écrivain de théâtre belge, m’a décrit qu’il était (je le cite) « admiratif de ta grande sobriété et du ressenti des mots qui forment le poème, admiratif aussi de l’assemblage si simple et en même temps très subtil de ces mots ».

Et c’est exactement cela : j’écrivais pour moi et je n’avais pas besoin de m’épater moi-même. Écrire, c’est comme une autre respiration.

Ce recueil a un titre évocateur, Yemadja, divinité marine que l’on retrouve aussi bien sur les côtes africaines (Golfe du Bénin) qu’à Cuba mais aussi ailleurs en Amérique latine, au Brésil, au Venezuela. Qui est Yemadja et pourquoi avoir choisi le nom d’une divinité pour un recueil de poèmes ?

J’ai vécu au Bénin entre 1995 et 2007 et j’avais des amis dans le milieu littéraire, à qui, incidemment, j’ai fait lire de vieux poèmes. Je n’en écrivais plus tellement, peut-être un ou deux valables par an. Un metteur en scène béninois, Hermas Gbaguidi, a décidé d’en assembler quelques-uns et d’en faire une mise en scène pour le théâtre : « Départs / Chœurs de femmes » : cela a été l’embryon de « Yemadja ». À partir de ce moment-là, j’ai recommencé à écrire des poésies à la même cadence que lorsque j’étais adolescente : c’était très gai. Quand Hermas Gbaguidi venait me voir pour me tenir informée de l’avancement de la pièce, à chaque fois il repartait avec une nouvelle cargaison de poèmes. Il m’a fait vraiment un très grand cadeau. Quand la pièce a été créée, j’en ai écrit encore un certain nombre. Et puis, l’idée m’est venue de les proposer pour l’édition. Mais, ce projet a encore beaucoup traîné jusqu’à ce que je rencontre Bienvenu Mongaba Sene, alors que j’avais quitté le Bénin et étais revenue à Bruxelles. Ce professeur de sciences d’origine congolaise, qui travaille en Belgique, a décidé de monter une maison d’édition pour publier la nouvelle génération des auteurs congolais : les éditions Mabiki. J’ai adoré ce volontarisme et nous avons coédité le recueil ensemble. Il faut dire que j’ai été encouragée par un de mes frères qui trouvait inadmissible de voir ces poèmes dormir dans un tiroir et ne m’aurait pas laissée tergiverser plus longtemps.

Ce recueil, composé de quelques longs poèmes peut se lire comme un appel au voyage autour des éléments cosmiques, du soleil, de la Terre-mère mais surtout de la mer. La dernière partie s’intitule « rivages »… Et vous prenez la peine d’expliquer, à la fin du recueil, l’univers de « Yemadja ».

Je n’ai pas vraiment eu, durant mon séjour au Bénin, la démarche d’essayer d’en savoir plus sur le vodoun. Je trouve que tout le monde se précipite, que ça devient une sorte de piège à touristes, avec un côté voyeur. J’ai été attirée par cette divinité, Yemadja, parce que j’ai développé une véritable intimité avec la mer, durant mon séjour au Bénin. Très souvent, même en n’y allant pas, je me voyais dans la mer et ressentais le besoin de la mer. Et le fait que Yemadja serait à l’origine des amours difficiles de ses adeptes est une histoire qui m’a complètement fascinée. Mais, encore une fois, je n’ai pas fait de recherches particulières et n’ai pas eu le désir d’un engagement plus formel envers cette divinité. Cependant, j’ai fait de Yemadja une sorte de marraine de tout mon vécu béninois, du fait d’avoir écrit là-bas, d’y avoir fait des films, d’y avoir organisé un festival, d’y avoir fait des rencontres, qui resteront extrêmement importantes, d’y avoir eu tellement de projets, de rêves, exagérés bien sûr, comme tous les rêves…Yemadja, c’est aussi un titre qui me permet de dire au revoir à ce pays, au revoir à ma jeunesse et à toute son ardeur amoureuse. Car j’entre maintenant dans mon âge mûr, je commence une autre étape de ma vie.

Mais il s’agit aussi de poèmes d’amour, de cheminement ensemble (p.67) de fusion parfois ou de séparation ?

Poèmes de voyage un peu, mais plutôt poèmes d’amour, de fusion, de ruptures, de solitude, c’est plutôt cela. Il y a l’amour, la passion, le ressenti et le partage et, à côté, la certitude de la solitude et de la mort.

Vous n’oubliez pas de célébrer, en passant, des personnages historiques comme Lumumba, Nkrumah et Sankara notamment dans le poème « Indépendances ».

Les indépendances sont une sorte de constante dans mes films, dans mes écrits, une antienne : qu’avons-nous fait de notre indépendance, de tous ces rêves, de toute cette joie, de cet investissement, de ce sentiment d’invulnérabilité et de puissance, qu’avaient tous ces gens, et que l’on perçoit encore dans les photos, dans les textes… Le plus célèbre étant le discours de Lumumba. Où dorment, cassés et reniés « 7 fois avant le chant du coq », nos héros, des gens comme Lumumba, Cabral, Sankara, qui nous faisaient vibrer, nous réclamaient notre courage, notre investissement, notre passion… De passage à Ouagadougou, en vacances, en 1986, j’ai un jour envoyé un courrier à Sankara, pour lui demander une interview pour ma radio estudiantine : et il m’a écrit pour accepter. Cette interview reste un des plus beaux souvenirs de ma vie. Qui aurait aujourd’hui cette générosité, cette attention aux autres, parmi nos dirigeants ? J’avoue que je ne me retrouve pas dans cette époque de calculs, cette suprématie du système libéral qui nous a conquis jusqu’aux os et qui est le piège dans lequel nous nous délitons. Ce n’est pas ce que mon père m’a appris et, malédiction ou pas, je reste fidèle à son « rêve d’indépendance », qui est d’ailleurs le titre d’un de mes films. Cette obsession qui était la sienne est devenue la mienne. Et cela, d’autant plus qu’il est mort et que je suis héritière de sa douleur d’avoir vécu l’échec de sa génération.

Daniel Simon, votre préfacier, dit, à propos de votre poésie, qu’il s’agit d’une « tentative de reconstruction du monde, d’un monde plus beau et plus juste ». Qu’est-ce que la poésie, pour vous ?

Tenter de se créer un monde plus beau et plus juste, un monde habillé de vos mots, c’est l’éternelle magie du poème, cette scansion, cet émerveillement de mots s’enfantant l’un l’autre, bijoux de lumière.
Mais, tout cela, sans être dupe : ce n’est qu’un poème…

Filer le temps entre deux doigts

Certains gagnent leur vie en la rêvant, ils passent d’une incertitude majeure, celle de vivre, d’exister, à une béatitude banale, à la portée de tous : vivre ici et maintenant en n’ignorant rien du temps qui passe.

Monique Phoba semble de ces anges-là, elle saisit le temps, cette coulée invisible d’éternité entre ses doigts et des papillons s’envolent pour se poser au hasard des rencontres entre les pages de son cahier. Peu à peu, les papillons s’apaisent et les poèmes se mettent à vibriller….
J’ai été plus d’une fois touché au plus profond en lisant ces textes d’amour et de tentative de reconstruction du monde, d’un monde plus beau et juste, bien sûr, que celui dont nous avons hérité dans une malédiction incommensurable. Nous savons où la grâce se loge et nous n’y avons que si rarement accès…

C’est la vertu du poème de nous y emmener de temps en temps, quand les vers sont délivrés de toute afféterie, que la musique ne se donne pas à entendre comme unique et exemplaire mais au contraire, dans la résonance de tout ce qui précède, de tout ce qui est advenu avant nous…
Monique Phoba nous donne ici, dans son recueil Yemadia, une majestueuse accolade, elle bat le rythme des accords, elle peaufine ce qui pourrait nous rassembler, elle vise au cœur de notre incertitude et ce sont des mots simples qui nous rassérènent alors, des mots qui ne se paient pas de fausses élégances, des mots passés au fil des désirs exacerbés et des attentes si longues que la vie est soudain trop courte.

C’est une cinéaste, une auteure, une poétesse, une femme attentive à ce qui sourd de la bouche des vivants quand ils ne sont sûrs de rien, quand ils sont un peu perdus dans le brouillards des vies qui s’effritent, c’est une nourricière qui nous offre matière à sustenter notre faim irréfragable d’amour.
« J’ai des livres que je ne lis pas/Ils me tombent des mains/Le monde est ardu à explorer/Et pourtant je suis libre/J’ai du temps je suis jeune (…) » Les vers sonnent juste, ils ne tambourinent pas de terribles mélopées, ils se posent dans des évidences contiguës au mystère. Ils se déplient dans des échos d’Histoire (l’ombre de Lumumba set présente), dans des reconnaissances familiales, dans des désirs insatisfaits qui se concentrent en un vocable et en un continent, l’Afrique.

Monique Phoba explore ce qui nous manque tous, les lieux de l’origine, les traces d’un bonheur volatile, les preuves d’une filiation irrémédiable.
Un livre que j’aimerais poser sur ma table comme la photo d’un être cher que l’on rêve de retrouver encore et encore, jusqu’à la fin.

Daniel Simon
Octobre 2008

EXTRAIT DE « RIVAGES », YEMADJA (P.71)

Peut-être baisser les armes
Et nous rendre la mer…
La mer et ses gestes chauds
L’écharpe de ses vagues au cou
La mer et sa complainte débordante
Autour du ventre
La mer et son grain de sable
Et son perpétuel questionnement d’écume
La mer et sa grotte de suppositions
Dans son alambic verdâtre
La mer et son goût d’écume et de vent
Dans lequel on n’est plus rien
La mer et son tambour battant de gouttelettes
Sur le rivage qui n’en peut mais
La mer et son adieu chuchoté de coquillage
A la voix de Yemadja


1. Pius Ngandu Nkashama, La terre à vivre, La poésie du Congo-Kinshasa, Paris, L’Harmattan, coll.Poètes des cinq continents, 1994.

Yemadja, Bruxelles, éditions Mabiki, février 2009, 73 pages
disponible aux éditions MABIKI, chez Bienvenu MONGABA, email : editionsmabiki@ yahoo.fr

http://www.africultures.com/php/

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2010 Odyssée de l’espèce…

Posté par traverse le 27 décembre 2009

Le jeu de mot est facile, déjà vu, déjà fait, déjà annoncé mais quand même, il nous renvoie à la pensée de Paul Virilio qui nous invite à penser à l’accéléraration de l’Histoire vers l’Evenement, puis vers l’Actualité fondée sur l’émotion accélérée, c’est-à-dire l’Accident, et enfin sur l’avénement prochain du Micro-temps qui acompagnera nécessairement le temps des nanotechnologies. Il est le penseur de la Catastrophe (fonde l’Université du Désastre) et non pas le philosophe catastrophiste. Penser la Catastrophe, c’est une façon d’y faire face et non de la souhaiter…

Comme le dit Hannah Arendt, « Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une médaille. »

Paul Virilio Philosophe

Urbaniste, il est né en 1932 à Paris d’un père italien et d’une mère bretonne. Il est un enfant de la guerre, et c’est à partir de son expérience de la guerre qu’il a commencé à penser, adulte, le monde autour de lui. Depuis trente ans, il s’intéresse à l’accélération de la vitesse du monde, où il percoit la possibilité du désastre. Il a théorisé la place de l’accident et de la catastrophe dans le monde moderne. Il est l’auteur d’une vingtaine d’essais, dont le dernier s’intitule Le Futurisme de l’instant – Stop-Eject. Il a également monté deux grandes expositions à la Fondation Cartier.

http://www.arte.tv/fr/2394340.html

Emission du jeudi 3 juin 2009 /ce-soir-ou-jamais.france3.fr/

La bande son de l’émission complète.

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Découverte d’un Blog littéraire sur www.mabiblio.be

Posté par traverse le 14 décembre 2009

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Le Blog des Bibliothèques de Schaerbeek est riche en filigrane numérique de la même inventivité et énergie que développe ce secteur dans la commune où la plus belle bibliothèque de la Communuaté française vient d’être ouverte….SESAME (Boulevard Lambermont, 200).

C’est une…caverne d’Ali Baba en matières de médias, de livres, de possibilités d’accueil, de lectures de formations, de rencontres d’ateliers,…
J’y ai rencontré, justement, un Blog qui peut être une magnifique ressource pour les passionnés ou amateurs de littératures… http://textespretextes.lalibreblogs.be/

Allez-y faire une tour… Ça vaut le déplacement et c’est très spécifiquement une présence sur le Net qui montre à quel point le livre, la littérature sur ce Medium peut (re)prendre sa place en mettant le texte en avant. La télévision vit cette difficulté: le corps de l’écrivain, ses sourires ses impasses, ses coups de gueule, son sens du spectacle font la une. Mais comment filmer un texte? Alors c’est le corps de l’auteur qui recouvre le texte. Et le spectacle continue.
Mais que peut faire un média qui est de plus en plus concurrencé par des pratiques d’information et de création qui échappent aux rendez-vous télévisuels du prime-time ou des heures de la nuit… culturelle (éternelle justification)?

Le Net impose d’emblée une autre voie: la matière littéraire et textuelle fait la une et le corps est plutôt anecdotique. Tant mieux.

Nous pérparons quelques rendez-vous en cette matière bientôt au printemps avec des écoles, les bibliothèques et l’Echevinat de Georges Verzin (Bibliothèques, Instruction Publique, Culture) et l’asbl Traverse. A suivre…

Le Blog Textes & prétextes- Notes et lectures d’une Bruxelloise – Tania
indique d’emblée: « Pas un jour sans lire. »
« Livre: la substance vitale dont on se nourrit. » Claude Lévi-Strauss

De Blog à Blog, voici le billet que je lui envoie..

Madame,

Merci pour votre engagement passionné et documenté sur ce Blog. Il s’agit, et nous le savons, dans l’édition, dans la littérature, dans les réseaux bibliothèques des vrais relais critiques de la littérature. La presse papier fait ce qu’elle dit pouvoir faire, c’est-à-dire peu. Elle est débordée d’offres de services de presse, vit un manque de place disponible ou volontairement consacrée à la critique. Les journaux ouverts à cette question se comptent sur les doigts d’une main, les professionnels en la matière qui se haussent au-delà du copier-coller de la quatrième de couverture sont rares et tellement précieux…Les Blogs font aussi en cette matière partie de la révolution du passage de l’édition au numérique; CE QUI N’EXCLUT EN RIEN LE PAPIER MAIS QUI ADDITIONNE LES OUTILS INTERNET AU SECTEUR. Vous faites un travail utile, revigorant pour nous tous, que je relaierai avec plaisir.
DS

Quant à Sésame, nous nous y retrouverons jeudi soir pour une lecture publique des textes des auteurs des ateliers d’écriture mais aussi d’invités et de toute personne qui souhaite présenter ses textes. (film et son: Jacques Deglas). Animation: Daniel Simon et l’équipe des bibliothèques.

Vous êtes les bienvenus et vous serez particulièrement attendus, si vous le pouvez…

« Les ateliers se font entendre »

    Les auteurs participants aux ateliers d’écriture du mercredi (1001 pages), et ceux des ateliers que j’ ai la chance d’animer, les auteurs amis, les invités de toutes sortes et qualités, lisent ou font lire leurs textes lors d’une soirée où vous êtes invité ( e )s à écouter, à partager vos expériences, et à dire haut vos textes lors d’un micro ouvert.

    Vous pouvez aussi les faire lire par un(e) de nos lecteurs(trices) en nous les envoyant par avance à traverse@skynet.be.

    Les lectures seront enregistrées et feront l’objet de podcasts sur les sites des bibliothèques et de Traverse asbl.

    Soirée ouverte à chacun et chacun, micro ouvert à tous.

    Le Jeudi 17 décembre à partir de 19h, Bibliothèque Sésame, 200 Boulevard Lambermont (complexe Kinetix) Schaerbeek

    Réservations: Traverse asbl (0477/76.36.22 – 02/216.15.10

    http://textespretextes.lalibreblogs.be/

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Cinq ans d’édition COULEUR LIVRES

Posté par traverse le 9 décembre 2009

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• “Couleur livres au cœur de l’actualité”
• Venez fêter avec nous nos 5 années d’édition à Charleroi.
Couleur livres organise deux Journées Portes Ouvertes,
les 11 et 12 décembre 2009.
Pour en savoir plus : Portes Ouvertes

Cinq années d’édition à Charleroi

Cela fait 6 nouvelles collections, 127 nouveaux livres
parus à Charleroi et diffusés partout en Francophonie, et surtout…
une foule d’amitiés et de partenariats…

Venez les découvrir lors de nos “journées portes ouvertes”
Rue Lebeau, du 11 et 12 décembre et recevez votre livre gratuit.

Trois conférences-débats ponctueront ces festivités :

Philippe Béague : Halte à la sinistrose, revenons à l’humain !
le vendredi 11 à 17h30
Plus d’informations : Philippe Béague

* * *
Yves de Wasseige : Noël de crise, quelle crise ?
le samedi 12 à 11h00
Plus d’informations : Yves de Wasseige

* * *
Daniel Simon : La vie de récits en récits…
le samedi 12 à 15h00
Plus d’informations : Daniel Simon

Et n’oubliez pas :
Le cadeau utile, ce n’est pas celui qui fait oublier la crise,
c’est celui qui donne les clés pour la comprendre
et ensemble la résoudre.

Plus d’informations : portes ouvertes

Couleur livres
Rue Lebeau 4
6000 Charleroi

Tél : 0032 71 326322
Courriel : couleurlivres@skynet.be
Site : www.couleurlivres.be

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Comment priver un enfant de son père/2

Posté par traverse le 25 novembre 2009

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Ce livre fort,dérangeant, marqué par une volonté de rationalité courageuse et sobre, était tombé dans ma boîte il y a quelques mois. J’en avais fait une lecture marquée par la mise à plat de nouvelles stratégies dans la guerre des parentalités, des désirs déconfits ou de je ne sais quelle terrible vengeance à l’oeuvre…Ce n’était pas la guerre contre « un » père mais contre « le » père qui frappait dans ces affaires. Père à abattre, mâle à détruire, nom à gommer, tout semble bon quand la guerre perverse a lieu.

L’auteur, Marcello Sereno, a connu et connaît ce tunnel qu’il ne peut traverser que porté, dit-il, par sa volonté de justice, sa soif d’éclaircissement et ses proches, si proches.

L’émission de Martine Cornil ouvre la réflexion.

Ce vendredi 27 novembre, de 10 h à 11h30, dans son émission de radio « Tout autre chose », sur la Première (RTBF),

Martine Cornil évoquera le livre de Marcello Sereno, Comment priver un enfant de son père, Un dysfonctionnement ordinaire de la justice. (Ed. Jeunesse et Droit, 2009) et en lira des extraits.

Participera notamment à l’émission le psychologue Yves-Hiram Haesevoets.

Ci-dessous, la thématique du jour, telle qu’elle est présentée sur le site de la RTBF.

Pour ceux qui n’auraient pas l’occasion de l’écouter en direct,

l’émission est bien sûr podcastable sur le site de la RTBF.

QUELLE PAROLE POUR L’ENFANT DEVANT LA JUSTICE ?

Présentation : Martine Cornil

En cas de divorce, de séparation des parents, ou dans des cas plus graves comme la maltraitance ou les abus sexuels, quelle place donner à la parole de l’enfant ? Il existe toujours un mouvement de balancier entre croire et discréditer la parole de l’enfant. La vigilance reste donc de mise étant donné que d’une part, les adultes abuseurs, peuvent tenter de déstabiliser l’enfant, de le faire passer pour un menteur, d’exercer des pressions et que d’autre part, il reste des théories tenaces autour de  » l’enfant pervers polymorphe, menteur confondant ses rêves et la réalité « . Légalement, que vaut la parole d’un enfant en justice ? Quel est son poids ? Existe-t-il des outils scientifiques d’évaluations des témoignages ?

Ces questions et d’autres seront posées aux spécialistes en studio

http://www.lapremiere.be/rtbf_2000/splash_screens/premiere_splash.html

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CENT MILLE MILLIARDS DE QUENEAU à la Maison du livre

Posté par traverse le 15 novembre 2009

>CENT MILLE MILLIARDS DE QUENEAU *

Voilà une exposition hors du commun, faite avec la dextérité que l’on reconnaît régulièrement aux organisateurs et aux artisans des événements de La Maison… Elle accueille le visiteur dans des embranchements de l’univers Queneau qui résonnent tous dans la même grave jonglerie des idées et des images, des pensées et des poèmes apparemment loufoques…

Un Queneau « lègué » tout entier, au défunt André Blavier et à la bibliothèque de Verviers. Ce Queneau en Wallonie s’y retrouve à sa pataphysicienne place…Il nous convainc aussi d’une évidence, son talent a bousculé, enivré les faibles, éreinté les forts et il se moquait bien des jérémiades de son temps. L’adopter aujourd’hui est rafraîchissant et tonique.

Jusqu’en janvier, allez vous frotter à la galaxie Queneau…

Vernissage le 12 novembre à 18h30
L’exposition est visible : du 13 novembre 2009 au 31 janvier 2010
les mercredis de 14h à 19h, les jeudis et vendredis de 14h à 17h
et les samedis de 10h à 13h ou sur rendez-vous.
Entrée libre.

Dans le cadre de l’exposition :

Oulipo-session, un concert de Carabosse * Queneau et l’étranger * Le queneauticien et le pédagogue * Levé de coude avec l’OuBreCPo *Goûter jeux de langue * Exercices de style, Texticules et autres queneauderies * Soirée jeux de langue * Queneau ou l’honneur du langage * Queneau, ses enfants, leurs queneries * Abécédaire de Queneau et le cinéma * En partenariat avec la Cinematek : Arithmétique – Le Chant du Styrène – Zazie dans le métro – Le dimanche de la vie – Landru * Stage d’écriture : C’est en écrivant que l’on devient écriveron

http://www.lamaisondulivre.be/evenements.htm#queneau

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« Mille milliards de poèmes » , la machine littéraire d’après Queneau par Robert Kaiser

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Nous n’irons plus à l’Amour Fou, les lauriers sont coupés….

Posté par traverse le 15 novembre 2009

(en réaction, en suite, en écho,…à mon texte déposé ici en septembre, « A l’amour fou« …Merci à Isabelle Telerman)

…L’adolescente hyper mûre que j’étais y fêta la fin de ses humanités, avec quelques autres rhétoriciens à la recherche de la gloire.
Nous accompagna ce soir-là un professeur de français qui enseignait dans la section moderne et qui ne côtoyait pas directement la crème gréco-latine dont nous faisions partie.
Mais la nuit, tous les chats sont gris et les petites heures effacent les disparités pour faire place aux confidences de conversations plus profondes, là où la différence générationnelle s’estompe et devient un vrai lieu d’échange.
Les professeurs de français restent des modèles inégalés en matière d’identification.
Celui-ci était un homme raffiné, à la silhouette mince, habillé d’un manteau gris de facture classique- malheureusement déjà marié et inscrit dans une relation plutôt épanouissante, ce qui chez moi reformulait dans une énième version les traces anciennes d’un Œdipe incomplètement résolu.
Avec lui, nous avons parlé des nouveaux philosophes-il n’y a pas de nouvelle philosophie, disait-il- et de livres bien sûr, surtout de ceux que nous n’avions pas lus.
A cette époque bénie où fumer dans un café était aussi naturel que se laver les dents- aujourd’hui, tout adulte placé dans une situation similaire oscillerait entre l’incitation à la débauche et la non-assistance à personne en danger-, j’ai grillé l’un après l’autre des petits cigarillos au tabac amer qui me piquait la langue en fin de nuit. Mais la féminité naissante est à la recherche de confirmation et fumer permettait de se projeter de profil, la cigarette entre les lèvres, tandis que le pouce allumait d’un mouvement sec la flamme d’un briquet, ou d’animer la main d’un mouvement gracieux, ce qui symbolisait l’autonomie réelle, en puisant dans le réservoir des identités multiples offertes au cinéma.
Je me souviens d’ être rentrée à l’heure où il est trop tard pour aller se coucher . J’ai rebondi dans la journée naissante avec l’impulsion d’une balle de tennis et n’ai conservé de cette nuit blanche aucune autre stigmate qu’une sensibilité linguale à chaque gorgée de café.
Plus tard, dans une tranche de vie où j’étais convaincue de le rencontrer, je suis retournée à l’Amour Fou, face à un jeune ténébreux torturé par un hypothétique avenir littéraire et dont les postures inspirées me réduisaient à un état de sidération peu productif.
Depuis, j’ai appris que l’amour n’est pas cette acidité du manque célébrée par les Romantiques, pas plus que la négation du lien au profit d’une liberté farouchement préservée, encore moins des conflits tumultueux qui masquent l’absence d’intimité.
Plus récemment -ce qui signifie dans un temps encore si proche et pourtant déjà éloigné-, j’ai rejoint un homme à l’Amour Fou, avec la fraîcheur d’une jeune fille qui s’échappe de l’autorité paternelle.
Je m’étais laissé séduire par sa présence discrète et par le contenu poétique de ses petits mots. Un soir, il m’avait délicatement débarrassé de mes vêtements. Transgressant la règle la plus élémentaire de protection, je ne m’étais pas résolue à rompre le charme de l’instant en sortant d’un tiroir une petit boite plate, que j’aurais tendue avec un sourire embarrassé qui aurait signifié : sers-toi….
Aussi me suis-je rendue le lendemain matin à la pharmacie la plus proche. Au comptoir, j’ai commandé le plus naturellement du monde une pilule du lendemain que, de retour à la maison, j’ai avalée sans délai.
Au fur et à mesure que s’écoulait la matinée, j’ai ressenti la fatigue occasionnée par la dose exorbitante d’hormones que je m’étais infligée. Les yeux rivés sur l’horloge, j’ai guetté minute par minute la survenue potentielle d’une déferlante nauséeuse qui aurait définitivement compromis le traitement.
Midi a sonné et avec lui s’est envolé tout risque d’effet secondaire.
Je me suis rendue au rendez-vous et je me suis attablée face à cet homme que je découvrais, dans cet endroit qui n’avait conservé du passé que le nom, décoré de toiles monochromes et éclairé par la majesté d’une suspension baroque, focalisant le regard dès l’entrée.
Comme une jeune femme qui attend un heureux événement, j’ai été incapable d’avaler quoi que ce soit
Mon convive commanda une salade périgourdine, qu’il mangea de bon appétit. A plusieurs reprises, il interrompit le récit de sa vie antérieure pour me demander si je me sentais bien.
Aujourd’hui, lorsque nous évoquons lui et moi nos débuts, il me voue une reconnaissance éternelle de nous avoir épargné les soucis inutiles d’une grossesse non désirée et il reconnaît volontiers de ne pas avoir anticipé grand-chose. En effet, si à mon âge procréer ne serait plus raisonnable- nous avions chacun déjà fait des enfants…-, la probabilité de tomber enceinte est toutefois loin d’être nulle.
Aussi, à chaque jour passé ensemble, il me bénit d’avoir jeté les bases d’un avenir à deux.

Isabelle Telerman.
5 novembre 2009

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La longueur du court

Posté par traverse le 15 novembre 2009

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Entretien avec Jacqueline de Clercq à la Librairie Au Fil des pages, La Hulpe, 10 octobre, (organisation Plumes Croisées)

La lecture ici même de l’excellent, Comment écrire un texte long ? est à l’origine de ces lignes. Et tant qu’à jouer les pro-longations paradoxales, salut l’oxymore…

Dans les Leçons américaines , Italo Calvino écrit, « je rêve d’immenses cosmologies, de sagas et d’épopées encloses dans les limites d’une épigramme ». Ah ! ces écrivains, d’incorrigibles rêveurs… Souhaiter faire tenir dans une pièce de huit à dix vers, l’histoire de la création du monde, voire de l’univers, les récits fondateurs de l’humanité et les incommensurables épisodes de l’aventure humaine… est-ce bien jouable ?

Comme une seule gorgée de vin suffit à savoir si le breuvage est long en bouche, certains textes très brefs entretiennent un rapport similaire avec la durée de l’effet produit par la dégustation d’un bon vin. Ces petits textes-là sont… longs à l’oreille, ils s’y installent durablement, sans doute parce que le lecteur le veut bien et quelque part, avec sa complicité, mais aussi parce qu’ils appartiennent à une temporalité littéraire particulière au sein du « temps du texte » ou « temps de la métamorphose » comme l’écrit Maurice Blanchot. « Cet autre temps, cette autre navigation qui est le passage du chant réel au chant imaginaire, chant énigmatique qui est toujours à distance et qui désigne cette distance comme un espace à parcourir et le lieu où il conduit comme le point où chanter cessera d’être un leurre » .
Chanter sera d’autant moins un leurre, et le vœu de Calvino d’autant moins irréaliste, que la métamorphose par la médiation de l’imaginaire sera initiée comme par défaut, au sens où le langage informatique utilise cette expression, c’est-à-dire comme si un logiciel ad hoc téléchargé dans le programme de l’ordinateur en assurait automatiquement le « traitement ». Bonjour le rêve analogique !…

Il n’en demeure pas moins que l’écriture de la forme brève – nouvelle, aphorisme, poème court en vers ou en prose, mythe, conte, fable, etc. –, du fait même de son format, induit une condensation, une densité et une économie d’expression qui loin d’enfermer le récit dans les limites typographiques du texte, tout à l’inverse l’ouvrent en creusant entre les lignes, et parfois même entre les mots, des propositions d’échappées qui pour être implicites n’en sont pas moins bien réelles. Ce sont ces chemins de traverse présents en creux qui portent les longues durées de ces courts récits narratifs. C’est parce que le conte ne perd pas de temps, préférant aller toujours à l’essentiel que décrire par le menu détail les tenants et les aboutissants de l’histoire, qu’il booste l’imaginaire du lecteur et le tient en haleine. En cela, les formes de la fiction brève s’apparentent, sinon à la poésie proprement dite, du moins à l’écriture poétique pour laquelle le suggérer exprime un idéal.

Un très grand nombre d’écrivains pratiquent ce type d’écriture. Si je devais n’en citer qu’un, je choisirais Jorge-Luis Borges, passé maître dans l’art du raccourci, et parmi ses innombrables nouvelles, je prendrais La Demeure d’Astérion . Ou comment, en quatre pages, Astérion/Borges nous « raconte » le mythe du labyrinthe, le combat de Thésée contre le Minotaure, le rôle de sa sœur Ariane, l’état de la thalassocratie minoenne, l’architecture palatiale de la Crète antique… juste en nous faisant visiter sa maison et, comment, cerise sur le gâteau, il termine par une chute qui relance à l’infini le récit. Du très grand art !

Jacqueline De Clercq

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Les « lettres » de Jacqueline De Clercq méritent bien une histoire !

Bruxelloise, Jacqueline De Clercq « raconte » la langue et la développe dans une passionnante intrigue édifiée aux sources mêmes de la légende et du vécu. Quinze Histoires de lettres qui associent la fiction littéraire et la réalité dans un même projet de vie.
Dans un recueil de fictions brèves, l’auteur de Madame B. et du Dit d’Ariane nous apprend, non sans humour et avec quel esprit !, que le choix des signes n’est jamais innocent et que le bonheur d’être s’inscrit naturellement dans les rayons d’une bibliothèque ! Certains ont peut-être oublié que l’écrit procède d’une disposition « naturelle » qui est bien davantage qu’une représentation du monde… Nourrie d’une vaste culture, Jacqueline De Clercq possède aussi les clés de sa diffusion. Aucune lourdeur dans tout ceci, rien que le récit du monde, la fiction du naturel humain, instruit par les chicanes de l’existence. L’auteur prête sa vois aux personnages d’un autre temps, avec le naturel d’une femme érudite que rien ne viendra distraire, surtout pas le passage du temps.
Le scribe de la tombe est une petite merveille de délicatesse et de profondeur : « J’aime ces heures où nous étions réunis dans la salle de séjour, assis sur les nattes qui couvrent le sol, voyageant sur la barque que nous offrait Neferhotep. » Ce que nous savions déjà (ou ce que nous devinions), Jacqueline De Clercq nous l’apprend, avec une telle sûreté de ton que notre ingénuité intellectuelle s’accorde à sa voix ! De fait, nous écoutons « la voix » autant que « le récit », sans doute parce que ses modulations sont pour nous des chemins de traverse. Rien n’a dépassé le charme du « conteur » et, à dire vrai, la personnalité même des interprètes ravaude des pans entiers de notre sensibilité : Parce qu’il fut modelé dans l’argile, Adam est appelé l’homme de la terre ou le glébeux. Issu de la poussière du sol, il y retournera lorsque chassé du paradis pour faute grave, il deviendra mortel ainsi que sa descendance. » Cet extrait issu de Dans l’écart d’une lettre, nous confronte à notre précarité, certes, mais il nous ramène à un « soulignement » en bas de page, sorte de didascalie qui conforte l’intensité de notre vie intérieure : en hébreu, âdamâ désigne l’argile, la terre, la poussière. La curiosité du lecteur est aussi attisée par des observations sémantiques pointues et accrocheuses : Selon qu’il est utilisé au singulier ou au pluriel, le mot « aménité » ne signifie pas du tout la même chose, mieux, son sens se retourne comme un gant, l’envers n’ayant plus rien en commun avec l’endroit. » Dans Les arbres des Livres, l’auteur nous passionne quand il évoque la relation entre l’arbre et les dieux : « En se référant de la sorte à l’arbre, les Ecritures prolongent un usage en vigueur chez les Anciens. En Grèce, puis à Rome, chaque dieu était déjà associé à un arbre sacré : à Jupiter, le chêne, à Apollon, le laurier, à Minerve l’olivier, à Hercule, le peuplier… si bien que les panthéons antiques étaient à l’image d’un jardin ou d’une forêt. » Avec Les cailloux du Petit Poucet, c’est une lecture très contemporaine du conte qui nous est ici proposée comme origine de la langue des rap, slam, texto, graf et autre tag de la culture urbaine. Dans Le corps écrit, De Clercq fait un inventaire brillant et amusé des outils stylistiques du less is more qu’elle affectionne : « …je me mis à naviguer sur l’océan des tropes dont les noms tarabiscotés, « apocope », « tmèse », « ellipse », « litote », « oxymore » ou « hypozeuxe » m’ont toujours paru aussi magiques, et difficiles à retenir, que les personnages de Tolkien, peut-être en raison de leur ressemblance… »
Entre Umberto Eco pour qui une œuvre qui « suggère » se réalise en se chargeant chaque fois de l’apport émotif de l’interprète (le lecteur) et Roland Barthes qui précise le sens tremblé et le sens fermé, Jacqueline De Clercq attise la réflexion, l’exhibe avec finesse et l’introduit dans un cadre fictionnel évocateur…
Un véritable joyau !

Michel Joiret, in LE NON-DIT, n° 85, octobre 2009

HISTOIRES DE LETTRES Fictions brèves,
Jacqueline De Clercq
Paris, éd. L’Harmattan, 2009, 153 p.

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Jodi, toute la nuit dans Indications

Posté par traverse le 6 novembre 2009

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Voici un article de Carmelo Virone… qu’il m’autorise à déjà faire circuler
- Aujourd’hui même ?
- A partir de 15h 17 !
- Je triche un peu ? A peine seulement ?
avec les mentions d’usage… écrit pour le site de la revue Indications
www.indications.be

ddl
alias VbD

Je dis toute la vie

Didier de Lannoy s’était fait connaître en 1998 par un premier roman peu banal, Le cul de ma femme mariée (éditions Quorum). Il s’agissait d’une sorte de lettre ouverte à la compagne aimée et désirée, portée par une écriture inventive, carnavalesque, jubilatoire. Pas d’intrigue dans ce texte, mais l’aventure d’un langage qui se cherchait : « Mais c’est difficile de t’écrire aujourd’hui (disait le narrateur de ce livre). Tout a toujours été dit, par tout le monde et de toutes les façons possibles. Tout a toujours été lu et je dois te trouver une place à toi toute seule dans cet embouteillage grotesque. »

Parmi les procédés d’écriture mis au point par de Lannoy figurait un certain art du collage, de la citation, qui – pour le dire vite – lui permettait, par une série de télescopages, de faire voir l’inanité des langages dominants et bien-pensants.

Un second roman a paru en juin 2009 chez Couleur Livres, Jodi toute la nuit, également d’une grande audace formelle. A commencer par l’organisation du texte sur la page : lorsqu’on ouvre le livre, en effet, passée la préface de Jean Bofane, on découvre deux colonnes de phrases, deux discours qui se déroulent en parallèle. Le premier évoque l’histoire de Jimmy, Ch’immy plutôt, car tous les sons (s) et (j) sont remplacés dans cette partie de récit par la chuintante (ch) : « Lui, ch’était un pauv’ type, ch’était un type foutu, y n’avait pas été ac’hez malin pour tenir un ch’tylo et pour faire des études. Et puis y ch’piquait, y ch’piquait vachement. Il était accro. Complètement accro. » A droite, le texte présente le personnage d’Elridge, chanteur dans un cabaret. L’essentiel de la colonne est consacré aux paroles de la chanson qu’il est en train d’interpréter sur la scène. Cette co-présence spatiale suggère que, pour ces deux personnages, le temps est simultané.

Le dispositif se prolonge tout au long du livre, entrecoupé de passages de texte suivi, ce qui rend malaisée toute tentative de résumé. Se pose aussi, au début du moins, la question du sens de la lecture, puisque notre perception d’un texte en prose est inéluctablement linéaire : par quel bout commencer ? Mais bien vite, on se laisse prendre par cette polyphonie et on entre dans la nuit de New York, dans le cabaret où travaillent Eldridge, Jodi, Linda, dans la rue où Jimmy marche vers son destin, et le texte bruisse de tous les bruits de la ville.

Les itinéraires de ces personnages convergeront dans un fait divers violent et tragique. Mais au-delà de son intrigue, la grande force de ce roman tient dans sa langue – dans ses langues, devrait-on dire, parce que des mots anglais se mêlent régulièrement au français mais aussi, parce que, comme le précédent roman, Jodi, toute la nuit procède par citations de fragments discursifs issus d’horizons différents. Ainsi, par exemple, pour désigner les exclus de la société de consommation, qui errent dans la nuit, l’auteur écrit-il : « Les personnes dans ce genre-là ne cherchent pas à intégrer un groupe industriel disposant d’une expertise mondialement reconnue et d’atouts déterminants dans un secteur en pleine expansion marqué par une évolution rapide. » Un passage où l’on reconnaît aisément le style des offres d’emploi pour jeunes cadres dynamiques telles qu’en publient tous les journaux. Ailleurs on trouve un décalque des poncifs politiques de l’extrême droite américaine ou encore une paraphrase de l’Apocalypse, adaptée au goût du jour, qui rappelle les propos des conservateurs religieux : «… tandis que des épidémies et des sécheresses et des famines et des cyclones et des tremblements de terre s’abattront sur tous les continents et que des tornades frapperont le Kansas et le Missouri et que des vents souffleront à plus de 250 km/h… »

Le travail et les jeux linguistiques ne se limitent pas à ce dialogisme intertextuel, mais portent sur la substance même de la langue : notamment, avec des altérations phoniques, comme on l’a vu dans le passage sur Jimmy/Ch’immy, ou des altérations lexicales, comme dans cet autre extrait où le découpage arbitraire des mots, les lacérations du vocabulaire se font le reflet des blessures et déchirures dont souffrent les personnes : « Insom. Niaques. Trem. Pés jusqu’aux. Os. S’abritant de. La pluie sous. Des cou. Vercles de pou. Belles Squat. Tant les tom. Bes des bour. Ges dans les cime. Tières fri. Qués bu. Tant contre. Les croix se pren. Nant les pieds dans les cou. Ronnes mor. Tuaires cra. Chant à la fi. Gure des mé. Decins-flics des psy. Chologues-fonc. Tionnaires et. Des ébou. Eurs sociaux. »

Dans tous ces discours en mosaïque se font entendre l’arrogante brutalité des oppresseurs et les grondements de révolte de ceux qui n’ont plus rien à perdre aujourd’hui, mais aussi les paroles fragiles et poignantes de divers personnages dont Jodi, qui parle de la difficulté de vivre quand on est pauvre, de sa quête d’amour ou de la violence faite aux femmes.

C’est une des gageures de ce roman : réussir à mener à bien une passionnante entreprise expérimentale tout en créant des personnages dont on se sente proche, car le blues qui imprègne leur sang est aussi le nôtre.

Carmelo Virone.

Didier de Lannoy, Jodi toute la nuit, Charleroi, Couleur Livres, collection Je, 2009. 128 p., 13 €. Préface de In Koli Jean Bofane.

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Pas de soucis

Posté par traverse le 5 novembre 2009

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Il y a une dizaine d’années j’animais une suite d’Ateliers d’écriture dramatique autour des « Scènes d’amour et de guerre » au Maroc, en Tunisie, au Congo RDC, en France, en Belgique, au Portugal, et en Roumanie. Je cherchais , dans ce projet, à relier les visions de la guerre et de l’amour qui se projetaient dans le théâtre contemporain de ces pays. A chaque fois, les scènes de guerre étaient plus puissantes que les scènes d’amour. Je croyais y déceler un signe de ce qui s’imposait peu à peu où que j’aille, l’ »homme en guerre » (1) était le nouveau personnage du vingt et unième siècle à venir.

Nous y sommes, comme si l’époque avait produit la forme inversée d’un romantisme résurgent: la version ancienne de l’amour et de ses tensions existentielles (la mort et le suicide(2) comme esthétique d’une vie) deviendrait celle de l’homme ou de la femme bardé(e)s de guerre et de discours guerriers. Ils sont dans des rêves d’amour et d’extase, alliant sacrifice et joie jusqu’à la dispersion organique finale dans des explosions plus médiatiques d’heure en heure.

Ces hommes en guerre, ce sont aussi les travailleurs désespérés séquestrant, enlevant, menaçant, disposant bombes et discours où une caméra est plantée et cherchant désespérément à occuper le vrai théâtre des opérations, celui du plateau de télévision ou le flux perpétuel du Net.

Andy Warhol annonçait avec une prescience qui n’était pas son moindre talent que chacun serait un jour célèbre un quart d’heure. Aujourd’hui, le quart d’heure a rétréci. Il occupe fugacement les lèvres du narrateur, du présentateur, du journaliste pendant quelques secondes, le temps de dire, d’annoncer, de révéler, de comptabiliser, d’énoncer sur le plateau ou dans la vidéo placée sur la Toile, la colère, la guerre personnelle, la frustration, le sentiment de déni et le besoin de justice de chacune et chacun. Ces quelques secondes sont chassées par d’autres secondes annonçant les mêmes extases, les mêmes événements, les mêmes catastrophes qu’il y a quelques secondes.

La célébrité, ma foi, est de plus en plus courte et la mort n’y trouve pas son compte. Peut-être faut-il dès lors, consciemment entraîner un maximum de vivants (appelés dans ce cas, victimes…) dans sa propre perte, pour faire poids, pour augmenter sa mise? Peut-être.

Dans tous les cas, l’homme en guerre rôde, dans les écoles, dans les entreprises, dans les banques, dans la Bourse, dans les médias, dans la politique, mais probablement plus encore dans les insatisfactions, les frustrations qui grondent et qui font que des jeunes enfants déjà, entièrement reliés à l’impuissance volontaire de leurs parents (le nombre ici est indéfini et toujours variable) et tremblants de provoquer la colère de leur progéniture, connaissent le pire, le dégoût de soi. Ces enfants sont nés dans la guerre la plus intime, la guerre contre soi, celle qui avance chaque jour et enfonce un peu plus la lame dans les chairs, comme pour y chercher une limite toujours repoussée dans le dehors et intimement reconnue dans le dedans: celle des côtes, du coeur ou enfin, de l’expire final.

Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle, le « pas de soucis » journalier nous est asséné à chaque occasion. Est-ce un « no trouble » mal intégré ou une sorte d’incantation permanente, comme ces religieux qui égrènent leur chapelet infiniment dans un acte réflexe? Ou une façon de garder la distance, celle du « rien à dire, tout à communiquer »? Je ne sais. Mais chaque jour, je les compte. Hier douze, avant-hier, dix-huit, la semaine passé, quarante-cinq en quelques jours, etc…Je suis donc entouré d’une sollicitude infinie. Je suis heureux.

Bien sûr, j’ai tenté d’expliquer que le souci de soi était la première position à tenir, que nous étions reliés au souci de soi dans la question philosophique de base ou dans la morale quotidienne, que je ne supportais pas que l’on interfère ainsi dans mes préoccupations et que les soucis que j’avais ou que je me créais m’appartenaient en propre, que c’était plutôt, à mon sens, un acte de liberté et d’attention, en tout cas, un sentiment de lien de soi et aux autres. Rien à faire, pas de soucis revenait, revient…Et mon souci grandissait.

« Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés ». Dans « Les animaux malades de la peste », La Fontaine, à lire et relire chaque jour, nous met en garde et peut-être qu’écrivant ce billet, je lui donne raison…N’empêche, ces hommes en guerre et la Catastrophe (Paul Virilio, Université de la Catastrophe) annoncée à chaque instant ne semblent finalement que de virtuels ennuis, la réalité, elle, aime à se la jouer « protégée » par une antienne jouant de l’innocence générale: « pas de soucis ».

1.Franck Venaille, L’homme en guerre.
2.Goethe, Les souffrances du jeune Werther

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Le rire et les larmes de l’Atelier

Posté par traverse le 4 novembre 2009

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« Les Funérailles de Mona Lisa » de Yan Pei-Ming
Le fameux regard à travers les coulures de peinture
Salon Denon au Louvre

Je ne peins pas l’être, je peins le passage,
Montaigne.

Des larmes parfois viennent dans le cours d’un Atelier : larmes versées, larmes retenues, larmes avalées, larmes en brume, larmes effacées, larmes reniflées, larmes de chacune et de chacun passées par les yeux d’un(e) seul(e), soudain, alors que son texte est lu dans l’Atelier. Ces larmes viennent parfois, effleurant le visage de tous, dans le silence de cet instant où la vie de l’auteur et de son texte font collision dans ce qui est entendu et qui n’était pas, croyait-elle, croyait-il, énoncé aussi clairement. Notre oreille a entendu, l’auteur, dans la distance de l’écoute de son texte lu par l’autre y reconnaît soudain un affleurement d’autre chose de plus enfoui.

Les larmes circulent à la surface de la plupart des grands textes de la littérature et nous renvoient alors à notre source intime que le texte dénonce dans un éclair. Le texte a déplacé notre curseur de perception, notre conscience d’être au monde, à l’insu de notre attentive retenue.

Des larmes, on pourrait faire une histoire collective qui irait des larmes sur soi aux larmes pour ou sur les autres (ce qui n’est évidemment pas la même chose), des larmes confuses qui noient joie et conscience de cette joie fugace qui aura disparu quand les larmes seront sèches et aussi les larmes officielles qui resserrent le clan, larmes qui nous trahissent, qui disent ce que le langage ne dit pas tout en faisant éclater un récit secret à l’entendement de tous…

Les larmes dans l’Atelier viennent donc rarement et durent très peu de temps dès lors que l’auteur est accueilli dans ce moment rare et que l’animatrice ou l’animateur referme cet instant de la meilleure façon, celle qu’il a prévue (à ces larmes soudaines, il faut se préparer bien avant l’Atelier et ne pas les craindre, ni les amplifier en entourant l’auteur d’une sollicitude qu’il refuse si souvent à l’instant qu’on lui manifeste hors propos, celui de la rigueur, du texte, de la loi de l’Atelier) et qui convient à chacun et à tous. En général, j’ai à l’esprit qu’au théâtre, les larmes, chaque soir, lavent le théâtre pour qu’on puisse encore y jouer à neuf, chaque lendemain. Je dis donc simplement « Ne vous inquiétez pas, cela nettoie l’Atelier … » et des rires alors viennent, qui chassent ces larmes intruses et toujours prêtes à se faire entendre.

Le propre des larmes, c’est qu’elles font remonter une voix de l’intérieur, une voix accompagnée d’un texte inouï qui échappe à la maîtrise ou à la régulation du genre. Hommes et femmes y participent mais dans des circonstances et des théâtralités diverses. Cette théâtralité n’est pas jouée mais elle s’organise cependant dans une sidérante vitesse. A peine entrevues, à peine distraites par le silence, le visage qui se baisse et se relève vite comme débarrassé d’une ombre ancienne qui vient de s’échapper un peu.

Tout le reste est dans le texte et ce face à face avec l’auteur qui vient de passer sous la herse invisible des larmes nous est confié. A nous alors d’y revenir à l’instant, de remettre en jeu le texte, rien que le texte et de laisser un moment l’auteur se refaire un présent d’écoute pendant le temps du commentaire du texte, rien que de son texte, dans la ferme douceur de la pudeur.

Et le rire, déjà nommé ici ? Pas d’Atelier sans rires, et sans rire pas d’écriture me semble-t-il. De ce rire qui explore bruyamment ou pointe distinctement le bref instant du texte où l’écriture va enfin au bout de sa logique, qui n’est la plupart du temps en rien l’enjeu conscient de l’auteur et de son texte, il est souvent question dans l’Atelier. Bien sûr, nous rions, nous, lecteurs et auditeurs du texte, nous savons à l’instant ce qui fait vérité ou sincérité dans le flux des phrases. Vulgarité ou science savante n’y peuvent rien, le rire vient quand le texte bascule tout-à-coup dans une évidence qui déplace entièrement l’écoute ou la lecture dans une relation à sa propre histoire.

Le texte fait irruption en nous à l’endroit le plus vif, souvent le moins glorieux, très souvent trivial mais cette banalité apparente gronde sourdement des choses vues et tues qui nous relient. Et des rires souvent viennent redonner énergie à l’ensemble : à la lecture, à l’Atelier tout entier, à ce qui nous tient là, le soir souvent, assemblés pendant que dehors il vente, il pleut ou lorsque le soleil nous reproche ce labeur volontaire, cet Atelier librement rejoint.

Les rires sont probablement ce qui me retient depuis si longtemps dans l’aventure des Ateliers. Toute la gamme des rires. Sauf un, celui du mépris, jamais entendu dans aucun Atelier et pourtant ce ne sont pas des endroits de vertu particuliers. Alors qu’à l’école, oui, souvent, et pas uniquement des élèves…Ce rire nourri dans l’Atelier est probablement l’antidote aux usures, à l’ennui soudain, à la fatigue, au trop plein d’émotions, à la joie d’apprendre, à l’éblouissement du faire, du refaire et soudain, ça tient à l’oreille de tous

Des larmes comme des glossolalies de reconnaissance, des rires comme bannières déployées dans l’assemblée du travail et de l’invention : de tout, avec le texte pour faire entendre dans le premier temps de l’Atelier, celui de l’écoute et de la lecture, cet endroit où nous déclarons malhabilement où nous rêvons d’aller confusément.

Cf. L’Histoire des larmes, spectacle de Jan Fabre

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/LHistoire-des-larmes/

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Comment écrire un texte long?

Posté par traverse le 3 novembre 2009

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« Le projet de toute vie est de trouver une forme »
Hölderlin.

« Comment écrire un texte long? » Souvent cette question m’est posée dans l’Atelier d’écriture. Ou encore: « Je parviens à écrire des textes courts et pas des longs, comment faire pour gagner de l’ampleur? »…

En souriant, on pourrait répondre qu’en mettant bout à bout des textes courts, cela en fait un long. Comme la vie, jour après jour, empile lentement le temps, puis soudain, la forme se dessine : vague ou nette, en suspens ou rectiligne, en à-coups ou circulaire,…Le dessein et le dessin se confondent enfin. Mais il faut attendre assez longtemps avant de s’en apercevoir…C’est le seul inconvénient du système: attendre et voir, cela prend du temps. Pourtant, cela me semble être la vraie réponse. Arrêtons de rebondir, de courir derrière la bonne idée, de cumuler les bonnes idées (ce qui aujourd’hui après plus d’un siècle d’Instruction publique ne semble pas un inconvénient majeur…) mais laisser venir la bonne situation, celle qui s’impose d’elle-même, sans en référer aux discours généralistes, bénis-oui-oui qui tirent vers les bonnes intentions ou les sentiments d’agrément. Surtout ne pas aller dans des endroits râpeux, difficiles, voire ignobles, surtout ne pas aller vers ses souvenirs singuliers !

Nous sommes régis par l’universalité, et donc, l’individu, quoiqu’on dise a mauvaise presse. Je ne suis pas sans savoir que les récits de l’intime, ceux du moi, (journaux, récits de vie,…) passent aussi par cette machine à réguler: chacun son cancer, sa détresse, sa violence, ses abandons et ses amours mortes. Et le bonheur est chose rare et difficile à écrire hors les niaiseries des « petits moments »…Ce bonheur, probablement aussi passe par des gorges difficiles, des embûches violentes. De plaisir nous pouvons parler puisqu’il est passé sur la place publique, mais de bonheur ou de ce manque de bonheur, de ce rêve de bonheur, comment en évoquer l’obsédante présence ? Donc, consentement au contentement.

Comment donc écrire un texte long et pourquoi ce désir répété? La plupart des participants aux ateliers d’écriture ne fondent pas de grands espoirs littéraires ou d’éternité. Ils ne sombrent pas non plus dans la niaise croyance de ceux qui ne connaissent pas le mouvement interne d’un Atelier d’écriture (je ne peux parler que de ceux que j’ai fréquentés et de ceux que j’anime, bien sûr. Bien que j’aie une idée relativement précise sur les stratégies générales des Ateliers) qui est de croire en une quelconque génération d’écrivains issus des « écrivants » (quel terme étrange, comme celui d’ « apprenant »…Travaillant régulièrement avec des personnes âgées, je leur ai soufflé récemment que c’était probablement des « oubliants » et ils ont ri de ces néologismes qui ne sont pas éloignés de l’écho des « méprisants »…).

Non, ils savent qu’ils viennent en Ateliers pour avancer au coude à coude, épaule contre épaule, le désir ranimé par les échéances et les fusées de l’Atelier. Ils viennent pour ne pas céder au lent glissement de la procrastination : demain, j‘écrirai, ma vie est un roman, etc.…Ils écrivent pour mettre de l’ordre dans leur chaos qui est celui de tout être et ils écrivent aussi pour y créer la joie (je n’ai pas encore céder ici au mot « plaisir ») de se constituer une colonne vertébrale plus solide, plus consciente, plus responsable. Certains viennent aussi avec le désir de se mettre à jour avec eux-mêmes et ne prennent pas leur besoin d’écrire pour une hypothétique thérapie ou un quelconque rendez-vous masturbatoire. Elles et ils écrivent pour renoncer pour s’éloigner, pour se retirer dans des endroits difficilement accessibles à la paresse de l’âme (ou de ce que vous voudrez bien entendre ici : estime de soi (pour le développement personnel), spiritualité, conscience, « être au monde »,…)

Les auteurs participants aux Ateliers (on est auteur d’un crime, pourquoi pas d’un texte, même si malhabile, ou rare, ou unique ?) sont livrés à eux-mêmes si ce n’est qu’ils sont accompagnés par l’animatrice ou l’animateur et surtout par les autres auteurs participants au même rendez-vous. Alors, pourquoi veulent-ils écrire un texte long si souvent ? Je me suis souvent interrogé sur la difficulté à clôturer un texte, à le déployer dans son espace nécessaire, à le disposer dans un temps qui convienne autant à l’auteur qu’au texte, qu’au lecteur. Et ce temps probablement est un temps indissociable de l’histoire intime de l’auteur, de sa capacité à imaginer la fin d’une histoire (la fin de son histoire ?), de ceinturer le temps et de le projeter, transformé par l’écriture, dans l’espace d’un texte.

Alors pourquoi des textes courts ? Par paresse ? Je ne pense pas, trop d’exemples de courts textes prouvent le contraire. Par manque d’imagination ? Qui prétend encore qu’il faille de l’imagination pour écrire ? Par manque de cette puissance de chacune et de chacun qui nous assaille si souvent, cette puissance d’être au monde et de voir et de regarder, et d’entendre et d’écouter le monde en nous et autour de nous ? Peut-être, par à-coups, par vagues, sommes-nous tantôt absents, tantôt présents ? Et ces Ateliers forcent la reconnaissance de cette obligation de présence…

Et si les textes courts n’étaient pas tout simplement issus d’un souffle court, d’un sentiment de temps court, de longues absences au monde, de trop longues et lourdes « vaisselles » ? De la peur, simplement à descendre dans la langue qui est toujours, quoiqu’on dise ou pense, une des formes de la Chambre de Barbe-Bleue ? Peut-être.
Mais sûrement que des traces de toutes ces contingences existent en nous et nous animent ou nous agissent, contre le texte, pour le vide, pour l’absence, contre l’écrit, pour le vague et l’innomé…

Les textes longs (« Ecrire un roman ? Un travail de bœuf », Flaubert) supposent que l’auteur puisse accomplir un travail à long terme sur son propre temps. Qu’il le scrute sans se laisser séduire par le temps des autres, qu’il cesse de rebondir et qu’il s’immobilise, ou flotte dans le temps du texte, qu’il s’immerge dans le récit plus qu’il ne voudra se déployer dans les accidents de la vie. Vivre en apnée, littéralement, dans le temps du texte, tout en continuant sa course (ralentie) dans le temps de la vie. C’est ici que ça semble coincer : la vie et le texte seraient en opposition ? Je ne le pense évidemment pas. La vie doit entrer dans le texte et non être séparée du texte. Je pense plutôt que pour écrire un texte long, en tout cas, c’est ce que j’observe dans le mouvement des littératures et des oralités, il s’agit de faire entrer l’état de la vie dans le projet du texte.

Nous connaissons le corps du texte, le corps dans le texte, le texte dans le corps avec assez d’évidence aujourd’hui (Rimbaud, Artaud, Blanchot,…mais aussi les poètes comme Izoard, Verheggen, Maulpoix,…nous y conduisent sans cesse avec Barthes en ombre tutélaire). Dans cette avancée accélérée vers le micro-temps (Paul Virilio), il nous faut de plus en plus durement arracher du temps au flux de la vitesse et de l’inachèvement. L’écriture participe de cet arrachement et de cette avancée dans un temps plus dilaté qui est le temps de l’intime et du récit.

Ecrire un texte long, c’est donc aussi accepter de vivre une longue histoire, comme on vivrait une longue histoire d’amour, sans guetter le marché du désir tout autour de soi, et ainsi renoncer à ce plaisir mille fois répétable qui est de tomber amoureux, de vivre le saisissement de l’état amoureux, de se laisser envahir par la surprise d’un texte nouveau, et donc, court.

Les textes longs obéissent probablement à des lois internes qui ont plus à voir avec « l’être ici » de chacune et chacun qu’avec sa capacité à raconter de longues histoires, techniquement s’entend. Cette présence de l’auteur dans le texte long a à voir, me semble-t-il, avec la mort qui rôde dans chaque texte et qui nous renvoie à sa conscience répétée, ravivée. Cette mort qui traîne n’est pas sidérante ou invalidante, au contraire, elle donne un nom à cette angoisse, qui, par le passage au concret du texte
fait plaisir chez tant et tant sans que le bonheur d’avoir franchi une fois encore la ligne soit nommé. Etrange. Etrange cette obsession de la sémantique amoureuse dans les textes sur l’écriture : plaisir, désir, jouir,…Je ne nie pas ce surgissement inouï qui vient en nous soudain, mais je pense que cette marche lente dans le sens que le texte nous indique peu à, peu, avec ou non notre accord, fait la matière première d’un texte long et renvoie à la question du bonheur contenu plus que du plaisir révélé.

L’auteur dispose alors peu à peu de son temps dans le temps du récit (Merci Duras…) et les situations s’imprègnent du temps du narrateur comme l’auteur s’imprègne du temps du récit. Il quitte provisoirement son temps intime pour entrer naturellement dans la durée de l’écrit.Les deux temps s’imbriquent alors sans pourtant se confondre, c’est le temps de l’écrit.

Les Ateliers d’écriture, à mon sens, peuvent soutenir cet arrachement à la rapidité, sans ignorer les vertus de la vitesse d’écriture qui peut, paradoxalement, être un des moteurs de l’ampleur du récit : inscrire en filigrane dans le texte les mouvements de désir chaotique ou de fatigue éprouvée de l’auteur et donc, l’enrichir d’une matière temporelle nécessaire à son épaisseur et à son ampleur.

(Suite à un Atelier, octobre 2009)

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Des nouvelles de Jodi de DDL?

Posté par traverse le 4 octobre 2009

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« Les temps vont vite, les corps s’usent et les âmes tombent…Cela se passe à NY USA, cela pourrait se passer dans une autre mégalopole où le monde bascule. C’est histoire de quelques
heures de la nuit de deux personnes, Jodi, la jeune serveuse de bar et Elridge, le chanteur de blues. C’est presque un roman, une façon de balancer son temps comme on tenterait de dévoiler un secret. Un thriller politico-érotique où le dérapage est la règle. Des personnages typés et des réinventions du genre. Avec quelques noms-clefs. Pour surfer. Sur fond de bière et de whisky, de blues, de hip-hop et de l’électricité que produisent les villes tendues. Jodi, c’est une histoire d’aujourd’hui traversée d’une pudeur qui conduit à une émotion forte. C’est un conte noir et un roman de fées, une parodie et une tragédie. C’est surtout un livre qui peut se lire comme on chantonne, parfois, dans la nuit des bars, en regardant le jour qui se lève et qu’on hésite à rentrer chez soi. C’est là que Jodi nous attend… »

Didier de Lannoy, Jodi, toute la nuit

Vient de paraître dans JE, la collection des Récits

ISBN 978-2-87003-518-4 / juin 2009
128 pages / format 14*21 cm / 13 euros

www.couleurlivres.be

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Paru dans le magazine C4

 » (…) l’été 2009 nous réservait un pur chef-d’ouvre ! Depuis le Cul de
ma femme mariée, paru il y a quelques années, on attendait impatiemment un
nouvel ovni de DIDIER DE LANNOY. Eh bien, le voici : Jodi, toute la nuit,
publié par Couleur livres, Collection « je » (4, rue Lebeau, 6000 Charleroi).
En quatrième de couverture, Gauthier de Villers nous met l’eau à la bouche :
C’est un livre sur la liberté des opprimés et des hors de compte, leur
liberté par le geste et la parole, dans l’amour, la haine, la révolte, la
violence.

Et c’est un livre sur la liberté de l’écriture, qui met la
littérature hors de ses gonds, mais prend le lecteur dans ses rêts. Que
celui qui trouve ailleurs ce style, ce ton, cet univers… le signale à
l’éditeur. Peu de chance que ça arrive, car l’ami DDL malmène (pour notre
plus grand bonheur) la langue comme personne.

Son préfacier, In Koli Jean Bofane, nous prévient : « Les psychologues, philologues
et autres philosophes courront le risque de se casser les dents à l’analyse
de Jodi,toute la nuit. Les chirurgiens des nerfs, le médecin légiste, les spécialistes en
urologie, eux, auront du mal à discerner le rôle exact tenu par l
es hémisphères du cerveau, par les ventricules du cour ou les spermatophores
dans l’élaboration de cette narration. » Quant à l’auteur lui-même, il
annonce la couleur en exergue du chapitre premier : Ceci est l’histoire de
Jodi. Thriller politico-érotique étatsunien, virtuel et mystique ? Pulp
magazine en noir et blanc, snuff-movie ou BD japonaise ? Avec quelques
noms-clefs. Pour surfer. Sur fond de bière et de whisky, de blues et de
sundama, de hip-hop et de house, de crack et d’ecstasy, de trash music et de
gangsta rap. Entre tout et rien, amour et perversité, clip et farce, puzzle
et jeu de piste, manifeste et mascarade, cuistrerie et piraterie, collage et
façadisme, branlette et muflerie, érotisme juvénile et délinquance sénile,
stéréotypes et chausse-trapes, enchaînements funestes et contradictions
grossières, aphasie et logorrhée, chewing-gum et pied de nez, lieux communs
et faux-semblants, outrance belge et brosse à dent chinoise, désuétude et
prémonition, conte noir et roman de fées, parodie et tragédie, cartoon et
wildlive, strip-tease amateur et apparition mariale. Ces aventures sont
censées se passer à New York City, United States of America mais pourraient
aussi bien être arrivées ailleurs.

Disons, pour faire simple, que l’ambiance délétère de la mégalopole en question
est plutôt celle de Gotham City qu’aucun Batman ne sillonnerait pour la nettoyer.
C’est le récit de quelques heures de la nuit de deux personnes
(Jodi, serveuse de bar et Elridge, chanteur de blues) qui ne se connaissent
pas vraiment même si elles bossent ensemble, quelques nuits par semaine,
dans le même rade. Autour d’eux, gravite toute une faune interlope de paumés,
de clodos, de tapineuses boucanées, de flics-nervis, d’alcoolos ou junkies, de glandeurs ou
fourgueurs, car il existe un « sud » dans tous les pays du monde et, à
l’intérieur de chaque ville, il y a toujours des gens qui habitent « de
l’autre côté du rail », de l’autoroute ou de l’aéroport… dans les mauvais
quartiers (alors que « le capitalisme en crise s’éploie sur tous les
continents comme une pieuvre affamée, avide de sucer et de gober les ultimes
moelles et les humeurs extrêmes »).

Le chapitre 5 (opinion d’un PDG) serait à faire analyser dans tous les établissements d’enseignement. Plus loin, le monologue de l’héroïne, racontant sa putain de vie à Manya
(alias Man), le voyageur (celui qui vient de quelque part ailleurs), l’en-cas de Jodi pour
une nuit seulement, puis sa description de ce que pourrait être le bonheur
pourraient bien vous secouer de larmes. Il y a du Céline et du Joyce chez
Didier de Lannoy, qui nous balance ici dans les gencives un bouquin qu’on
n’est pas prêt d’oublier et qu’on a d’ailleurs envie de relire tout de suite
une fois digéré le choc de l’anti happy-end. (…) »

André Stas

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La femme …en bilingue au Centre culturel arabe

Posté par traverse le 4 octobre 2009

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Le 24 octobre dès 20h30 au Centre culturel arabe (Rue de l’alliance,2, 1200 Bruxelles) dans le cadre de la semaine culturelle annuelle, je vous invite à une soirée de lectures en arabe et français de poèmes au thème assez libre et de préférence lié à la femme. J’ai le plaisir d’y être invité grâce aussi au partenariat de la Maison internationale de la poésie.

Vous serez encore, alors que les nuages passent sur vos têtes et que vous nettoyez vos âmes pour les vendre, vous serez encore, alors que le Couchant se défait des murmures, vous serez encore hésitant dans le soleil qui tombe en vous comme on réchauffe la mort qui vient en soufflant sur ses mains, vous serez encore à cet instant dans des vertus de pacotille toutes enrubannées du sucre des désirs, vous serez dans le sinistre et dans le droit sans connaître de la bête son dos ou son poitrail, vous serez comme on marche sur une planche tout au milieu des mers et vous ne distinguez alors plus rien qui vous assure, vous êtes soit une ombre soit un corps qui se tend mais rien ne fait obstacle à cette lame qui refroidit si près et qui sera bientôt sur vous, ce couteau si glacé qu’il ne vous inquiète plus dans le sommeil qui vient et que vous appelez, vous serez cette chose perdue, ce ballot sans destin qui roule sans à-coups et vient buter là, au bord des palissades construites patiemment entre là et ici, vous serez étonné de ne plus rien comprendre et de ne distinguer ni le jour ni la nuit, vous serez où vous rêviez d’être, éloigné des secousses du Nord, des morsures et des écartèlements, les yeux encore fermés d’avoir tant attendu, la peau dans l’étirement des blancheurs maghrébines et des femmes soudaines au corps tout embrouillé de vent, vous serez peut-être dehors ou peut-être dedans, les chants sont doux et furieux à la fois, les bouches se défont dans des baisers de fontaines glacées, les lames un court instant ne vont plus vers vos tempes, vous êtes délié des promesses anciennes et vos pantalons tombent, vos chemises s’envolent, vos souliers s’écornent, le ballot se dégonfle et ici, dans le Maghrib puissant, puant et sans vergogne, votre sablier peine à compter son temps, vous êtes en l’Occident des arabies funestes, vous arrivez sur des terres de bombances, de joies et de misères, vous n’ êtes plus qu’une ombre dans l’armoire des ombres et vous ouvrez la bouche pour chanter et pour mordre, à pleine voix dans le tempo des sauterelles et des lapins sauvages, vos lèvres sont aux lèvres des déserts, alors vous êtes en cet endroit du bleu où les lames viennent enfin dans des vols de moineaux par-dessus l’olivier.

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La maison de mes parents

Posté par traverse le 1 octobre 2009

« Interdit de mémoire » de Ana Fernandez, vient de paraître chez Luc Pire. Ce 24 septembre avait lieu une rencontre autour du premier roman de l’auteur argentine, hantée par la question de l’exil. Un premier opus fort qui interroge les chassés-croisés entre la génération des parents et celle des enfants rentrés au pays pour comprendre…Deux exils, en somme, qui se dévoilent dans la rencontre…

Dans l’entretien que j’avais le plaisir de mener avec elle, Ana Fernandez a clôturé par cette magnifique formule: « L’Argentine, mon pays d’origine, c’est comme la Maison de mes parents, la Belgique, c’est ma maison. Mais je suis toujours chez moi dans la maison de mes parents… »

Pierre Ergo, son traducteur et adaptateur de l’espagnol au français, poète lui aussi, a témoigné de la langue subtile de l’auteur. Il nous a lu un poème,Ithaque de Constantin Cavafis qui reliait dans le sillage lointain d’Ulysse, les trois générations présentes dans la salle…

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Rencontre avec Jacqueline De Clercq

Posté par traverse le 14 septembre 2009

L’asbl Plumes croisées a le plaisir de vous convier à une rencontre avec Jacqueline De Clercq à l’occasion de la présentation de ses deux derniers livres, Le dit d’Ariane – irruption dans le mythe pour le plier aux exigences du vécu et du réel d’aujourd’hui – et, Histoires de lettres - ces lettres qui, combinées entre elles, fondent le sens et racontent des histoires.

La rencontre sera animée par Daniel Simon qui s’entretiendra avec l’auteur, le samedi 10 octobre à 15h00, à la librairie Au Fil des Pages, rue des Combattants, 106, La Hulpe. http://www.plumescroisees.be  

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L’éducation des masses intermédiaires…

Posté par traverse le 12 septembre 2009

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« Nous marchons à une révolution générale. Si la transformation qui s’opère suit sa pente et ne rencontre aucun obstace, si la raison populaire continue son développement progressif, si l’éducation des masses intermédiaires ne souffre point d’interruption, les nations se nivelleront dans une égale liberté; si cette transformation est arrêtée les nations se nivelleront dans un égal despotisme. Ce despotisme durera peu, à cause de l’âge avancé des lumières, mais il sera rude et une longue dissolution sociale le suivra (…) »

Chateaubriand, De la Restauration et de la Monarchie  élective, in Mémoires d’Outre-Tombe, Tome 3, Livre de Poche, Paris, 1973, page 265. Chateaubriand écrit et publie ce texte en 1849…

Nous reparlerons ici de l’éducation des masses intermédiaires,à propos de l’école, bien sûr, de l’épuisement de beaucoup d’enseignants livrés sans formations adéquates à l’affrontement, plus qu’à l’instruction (et non encore à l’éducation…) de populations de jeunes biberonnés à la sur-consommation la plus infantile, au surf émotionnel, aux ruptures de savoirs et de reconnaisances culturelles, décentrés, confondant leur identité avec la nécessité de la Loi, émiettés socialement, souffrants et sous l’emprise d’une violence relationnelle, verbale, physique et symbolique annonciatrice d’un désastre que nous entrevoyons…très souvent dans la sidération .

Nous reparlerons aussi des discours vides d’une grande partie de la socio-culture aveuglée par sa haine de ce qu’elle nomme depuis trente ans l’élitisme et qui fonde, entre autres, la médiocratie et la rupture progressive du Contrat social.

Mais roule, ma poule, y à rien à voir. Faut pas exagérer, quand même, le MRAX veille, les bien-pensants de l’inertie roucoulent et des espaces de non-droits commencent à piquer le paysage…

Une lecture conseillée donc, dans la périphérie de ces questions.. 

L’élite artiste excellence et singularité en régime démocratique de Nathalie Heinich, éditions Gallimard, 2005.

La sociologue Nathalie Heinich est connue pour ses nombreux travaux sur la sociologie de l’art, qui mettent souvent à mal beaucoup d’idées reçues sur le monde de l’art et des artistes. Ici, elle s’intéresse à la place de l’artiste au sein du régime démocratique français. Depuis la Révolution, les créateurs qui forment la catégorie des artistes sont à la fois hors normes, en marge et aussi prestigieux que les membres les plus éminents de la société, malgré l’absence de naissance, fortune ou pouvoir. Pour Nathalie Heinich, la société contemporaine aurait trouvé, dans la singularité  artiste, une solution de compromis pour un élitisme démocratiquement acceptable.

(cité dans l’agenda de la Province de Namur, Emmène Mois, déc. 2006, N°117.)

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Jodi, une rencontre et quelques questions

Posté par traverse le 12 septembre 2009

10 septembre, 20h, la Maison du Livre (www.lamaisondulivre.be) ouvre sa saison littéraire avec Didier de Lannoy (Jodi, toute lanuit), Alain Brézault (La noce des blancs cassés, Fayard noir), Violaine de Villers (documenrariste, création radio de Jodi avec Yolande Moreau…), In Koli Jean Bofane (Mathématiques congolaises, Actes sud), Gauthiers de Villers (RDC : De la guerre aux élections. L’ascension de Joseph Kabila et la naissance de la Troisième République, co-édité par L’Harmattan et le Musée royal de l’Afrique Centrale, 2009.) et Carmelo Virone qui animait la soirée.

 Joëlle Baumerder (Directrice de la Maison du Livre) et Pierre Bertrand, (Directeur des éditions Couleur Livres) accueillaient et reliaient…La salle se remplit, des retrouvailles ont lieu (Eddy Devolder, Gérard Adam, Mohamed Belmaïzi, ….)…

La rencontre balance entre plaisanteries, gravités déguisées sous des bougonneries à la DDL, des oppositions qui se disent dans la question de la légitimité d’un écrivain d’écrire sur ce qui ne serait pas sa matière d’origine..DDL se défend d’écrire à propos du Congo, pour des questions de légitimité, justement…malgré 27 ans de présence à Kin, des engagements privés fondamentaux et une écoute absolue de la vie congolaise…

Où commence donc la légitimité? Des avis contradictoires s’expriment à propos de la liberté de l’écrivain, de son jeu hors cadre, de ses ruses du dehors …

Et encore la question de ce qui est publiable ou impubliable….Remarque: tout est publiable mais où sont les relais vers les lecteurs? Qui a dit, dans le fond: où sont les lecteurs de ces « impubliables »?…

Des interventions remarquées, des rires, des rapprochements entre l’écriture de DDL et celle de Rabelais…Carmelo nous lit un extrait de Rabelais où la joie des provocations, des listes, des inventaires, des libertés langagières, la jouissance du dit sont, comme chaque fois, inaltérables.

Vive Rabelais, antidote contre les Tristes, les Obscurs, les Rapiécés, les Empêcheurs, les Neutres et les Barbares….

Et ceci, aussi, que je vous livre, extrait du dossier presse…

Quand j’ai lu Le cul de ma femme mariée, j’ai été intrigué, amusé, émoustillé même…Qui avait le culot d’écrire un « bazar » pareil ? 

Qui pouvait faire un roman avec des notes en bas de page qui prenaient presque la totalité de l’espace de la plupart des pages ? Qui pouvait aussi bien « balancer » la médiocrité de son temps et rehausser d’une pudique noblesse le débat presque toujours perdu à propos de nos relations réelles, fantasmatiques, rêvées, subies, honnies, amoureuse, flamboyantes, espérées, repoussées,…avec le Congo et ses illustres citoyens ? 

Didier de Lannoy était un inconnu au bataillon pour moi. Je ne connaissais ni son nom, ni sa tribu (elle existe bel et bien), ni Ana, son égérie (ça ne se dit plus, je sais Didier, je sais, Ana), sa femme, son amour, sa complice …qui est à l’origine (et à la fin) de bien des textes de notre auteur… J’ai eu le loisir de faire alors « un papier » dans la presse pour défendre, saluer, admirer cet ovni. Près de 10 ans plus tard, j’ai le bonheur de l’éditer, le bougre. La boucle est bouclée. Et cela reste, avec Jodi, toute la nuit, un exercice d’admiration…  Cela dit, ce « presque un roman » dont DDL affuble son récit nous a permis d’élargir la collection Je (des récits de vie) à des textes qui se risquent à la frontière du biographique et qui mêlent les genres ou qui sautent par-dessus et bousculent les catégories pour en faire éclore d’autres.  Je devient donc la Collection des récits. 

Carmelo Virone dans un geste historique faisant référence, brandit Le cul de ma femme mariée (épuisé, dit-il…)

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Violaine de Villers, Alain Brézault, Gauthier de Villers, In Koli Jean Bofane, Didier de Lannoy

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…la foule se rue pour acheter Jodi, toute la nuit…Faites comme eux… 10092009381.jpg

Photo DS, retouches photoshop A.Brézault.

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Jacques Deglas, l’ami vidéaste a filmé la rencontre bientôt visible sur ce Blog…

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Jodi, toute la nuit de Didier de Lannoy

Posté par traverse le 1 septembre 2009

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Et la première grande sortie de « Jodi, toute la nuit« , le 10 septembre, à la Maison du Livre, comment ça va se passer ?

Jodi est bien née. Elle a été « montrée à la famille » et « déclarée à la commune » le 30 juin dernier. La première grande sortie de Jodi dans le monde aura lieu le 10 septembre à la Maison du Livre, à partir de 20 heures, 24-28, rue de Rome à 1060, Bruxelles

Cliquez sur : http://www.lamaisondulivre.be/rencontres.htm

Jodi y:

- présentera ses amis, parrains et souteneurs : In Koli Jean Bofane, Alain Brezault, Gauthier de Villers;

- fera entendre sa voix: celle de Yolande Moreau dans une adaptation radiophonique réalisée par Violaine de Villers (coproduction RTBF-Across Stickos).

Le maître de cérémonie sera Carmelo Virone.

Tchim Tabaro ne pourra pas venir de Guinée Bissau (où il apprend le portugais « avec des dames » ?) mais Ya Nze (Anastase Nzeza Bilakila, mon premier éditeur) et Freddy Tsimba débarqueront de Kinshasa, Jan Hintjens de Hingene, Bernard et Arantxa de Malvoisin et de Barcelona, Kankwenda Mbaya de Montréal et j’espère bien que Claire Prost et Olivier Le Brun pourront effectuer le déplacement de Paris à Bruxelles … Venez donc ! Aussi ! Tous ! D’où vous pouvez !Entrée libre

Jodi toute la nuit, paru chez Couleur livres  http://traverse.unblog.fr/dernieres-nouvelles-deditions est signé par Didier de Lannoy (alias Vié ba Diamba) et préfacé par In Koli Jean Bofane (alias Fossoyeur Jones) 

 Quoi encore ?qu’on vous explique comment l’amour a cessé d’être fou ? et qu’on vous raconte la triste histoire de Mandy et du PDG ?et qu’on vous donne aussi quelques nouvelles de Vieux Jésus et de plusieurs autres (fouteurs et infoutus) de la même bande ? Cliquez sur: http://www.joditoutelanuit.com 

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Gérard Adam, de r’tour!

Posté par traverse le 30 août 2009

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Roman, 2009 En couverture : photo de Gérard Adam. 762 pages. ISBN: 978-2-930333-27-4  30 EUR

C’est au rendez-vous d’un roman-fleuve que Gérard Adam nous invite dans ce Qôta Nîh où l’auteur tresse des chapitres sans cesse relancés par la méditation des personnages, les croisements de lieux et de temps…L’inspiration est au rendez-vous, le foisonnement ne manque pas, l’audace se pose comme une évidence et une nécessité pour l’auteur (…cf.La littérature à l’estomac de Benjamin Perret).

Il fait claquer, dans des chapitres où la seule liberté de raconter compte, le silence honteux de la plupart qui ne savent comment accueillir et en même temps critiquer, interroger, mettre en débat l’Islam, ses impasses et ses provocations et un catholicisme de plus en plus en déserrance, comme attiré par le vide et comme soucieux de se remplir encore des illusions que l’on croyait d’un autre temps. Vatican n’a de cesse, semble-t-il, dans un projet d’extrème radicalité, de pousser hors l’Eglise les croyants de bonne volonté. L’auteur nous permet également d’accompagner l’éblouissement de certains, de rencontrer la foi des autres, de renvoyer le croire au penser, de ne pas se laisser enfermer dans le silence des compromis infinis.

Dans le roman, cet Islam si controversé, attaquant les musulmans dans leur chair et leur devenir, n’est jamais nommé. Il se transforme en une religion, des situations, une sémantique imaginaires. Cela permet de s’approcher au plus près de la vie qui surgit de tout cet univers romanesque encore plus volontiers et d’entendre des personnages qui ne nous prennent pas pour les béni-oui-oui du dialogue (forcément entre monothéismes excités et dans l’exclusion d’un libre-penser) ou des enfants de choeur de la parole vide que signifie souvent la nébuleuse interculturelle.

Mais ce roman, c’est aussi une histoire d’amour, une suite de réflexions sur l’art de la médecine, une avancée dans la matière des chairs qui se décomposent sous le souffle déléthère des intégrismes, une balade dans un monde en paradoxe permanent et qui se découvre fasciné par l’hypothèse tangible de sa disparition…

DS

                                                          °°°

Les éditions MEO sont heureuses de vous présenter leur dernière parution : Qôta Nîh . Un roman de Gérard Adam, avec lequel  l’auteur met un terme à huit années de silence qu’il s’était volontairement imposées.

Qôta-Nîh, le “Pays des eaux”. Île où une civilisation originale fondée par les jumeaux mythiques Medvâm et Gamgô a longtemps coexisté en syncrétisme avec deux religions importées.
Qôta-Nîh, devenue île paradisiaque pour touristes fortunés.
 

Qôta-Nîh, emportée par l’épidémie intégriste qui infecte le monde. Sur les “Bâqi”, pentes abruptes au pied de falaises, se sont réfugiés les survivants de la folie assassine qui a empoisonné les eaux de la lagune. Parmi eux, le “qîvar” Deïrnér, chef des thérapeutes et référent spirituel du peuple qôtanér. Deïrnér, qui commue en rêveries ce qu’il n’ose plus considérer comme une méditation. Deïnér, enlevé avec celle qui deviendra sa disciple pour prodiguer ses soins au chef des “fanatiques” réfugiés dans les grottes de la montagne.Bien loin, en Occident, Bruno traîne une jeunesse aussi dorée que désabusée à la fac de Droit, s’encanaille dans un bistrot minable, décoche sa verve sur tout ce qui passe à sa portée.

Jusqu’au jour où l’amour le sidère. Au jour où un attentat fomenté par des intégristes, lui aussi, l’emporte dans un noir tourbillon.Trait d’union entre les deux, Jean, philosophe désenchanté, ami de l’un et demi-oncle de l’autre, venu achever ses jours et chercher la sérénité à Qôta-Nîh, le paradis sur terre où il a vécu son enfance. Jean dont “les cahiers”, après sa mort, ont abouti entre les mains de Bruno. Des cahiers qui nous apprennent tout de Qôta-Nîh, sa langue, sa culture, sa légende fondatrice, sa marche forcée vers le modernisme et les événements qui l’ont fait basculer dans l’horreur. Jean, dont le destin a peut-être déterminé celui de Qôta-Nih dans le “Gôn”, cette matrice des univers, d’où tout provient et où tout revient.

http://www.youtube.com/watch?v=yrcm4Pq8kLo

http://www.mode-est-ouest.eu

Ecrivain et médecin militaire, Gérard Adam a publié une dizaine de romans et recueils de nouvelles, ainsi qu’un carnet de route sur son expérience de casque bleu durant la guerre de Bosnie. Son premier roman, L’Arbre blanc dans la Foêt noire  (1988), a obtenu le prix NCR-AT&T. Il a été finaliste du prix Rossel en 1991 avec  La Lumière de l’Archange , ainsi que, à deux reprises, du Prix international de la nouvelle  Radio-France Internationale . En 2001, mal l’aise devant la dérive mercantile-people d’une édition française en rapide mutation vers le book-bizness, il avait décidé de prendre du recul et de ne plus publier, tout en continuant à écrire.

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« Interdit de mémoire » de Ana Fernandez

Posté par traverse le 30 août 2009

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Photo,Jean-Claude Legros

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« Fragments de mémoire » avait été  publié il y a deux ans à Buenos-Aires et aujourdd’hui, « Interdit de mémoire » (Luc Pire, septembre 2009) sera présenté au public le 25 septembre ( Centro Gallego, ubicado en la Rue Volgaert 4, 1060 Bruselas, a las 19.30h ).

Depuis plus de 20 ans, je connais Ana Fernadez…Poète, prosatrice, nouvelliste, romancière, elle a dû quitter l’Argentine en 1978 et n’a cessé de manifester sa présence dans la mémoire éffilochée des exilés d’une époque où la guerre était froide et les dictatures ordinaires

Elle m’a demandé une préface, nos temps donc se relient ici…

Elle vient de me communiquer le programme de la soirée….

Literatura 1.

El día 25 de septiembre será presentada la versión en francés del nuevo libro de Ana Fernández. Su primera novela, Fragmentos de una memoria, llevará en su versión traducida el título Interdit de mémoire. El tema central del libro es el exilio, elemento autobiográfico, ya que la autora debió dejar la Argentina en 1978, para instalarse en Bélgica. La historia se interpreta como un manifiesto contra el olvido e intenta (en las palabras de la autora) llenar un vacío en la memoria colectiva.

Ana Fernández recibió en 1965 el Premio para la Poesía del Fondo Nacional de las Artes, así como el segundo Premio Poesía de las Ediciones Nuevo Ser en 2002.

La presentación tendrá lugar en el Centro Gallego, ubicado en la Rue Volgaert 4, 1060 Bruselas, a las 19.30h, precedida por una introducción a cargo de Daniel Simon.

Cine 2.

Durante los meses septiembre y octubre será proyectada en el centro Flagey la película Tango del director español Carlos Saura. Esta producción de 1998 relata la trama de un triángulo amoroso. Las fechas de proyección y los horarios podrán ser consultados en el sitio www.flagey.be.

Danza 3.

La Maison du Peuple en Saint Gilles será el escenario de una noche de tango organizada por la pareja “Gisela y Sergio” el día 12 de septiembre de las 20.30h a la 1.30h. Más información podrá ser consultada en el sitio web: www.giselaysergio.com.

Música 4.

La pianista argentina Martha Argerich ofrecerá un concierto acompañada por la Real Orquesta Filarmónica, bajo la dirección de Charles Dutoit, el día 4 de septiembre en el Bozar (Palacio de las Belas Artes). La orquesta nos interpretará piezas de Enescu, Schumann y Elgar. 5. El día 17 de septiembre a las 20.30h se presentará en el centro cultural Zuiderspershuis en Amberes el conjunto musical francoargentino Flores Negras. Consta de 11 artistas mujeres que proponen una interpretación diferente para el tango. La cantante Debora Russ actuará con el acompañamiento de cuatro violines, tres bandoneones, un piano, un contrabajo y un violoncelo.

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Passe-grisaille par Cindy Detré

Posté par traverse le 4 juillet 2009

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(disponible chez l’éditeur www.couleurlivres.be ou chez l’auteur. ISBN 978-2-87003-531-3 / juin 2009 – 92 pages / format 10*14 cm / 7 euros frais de port comprris)

Dans le cadre de Je vous écoute, j’ai écrit la chanson Passe-grisaille  (musique d’André Bouchez !) qui a été créée superbement par Cindy Detré. Merci à elle et à lui.

Elle fait partie du film en montage bientôt disponible, Je vous écoute

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Lecture silencieuse…et Choeur parlé

Posté par traverse le 25 juin 2009

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Dans un passage bien connu des Confessions, Augustin raconte comment il surprit saint Ambroise en train de lire en silence. «Quand il lisait, ses yeux parcouraient la page et son cœur explorait les significations, mais sa voix restait silencieuse et sa langue immobile.» Augustin, au IVe siècle, avait l’habitude de lire comme avaient lu les anciens Grecs et Romains, à haute voix, de manière à s’y retrouver dans les chapelets de lettres juxtaposées sans ponctuation ni capitales.Il était possible, pour un lecteur expérimenté et pressé, de déchiffrer un texte en silence - Augustin en était capable, il nous le dit dans son récit de l’instant dramatique de sa conversion, lorsqu’il saisit un volume des Epîtres de saint Paul et lit «en silence» le verset prophétique qui l’enjoint de se revêtir du Christ «ainsi que d’une armure».

Mais la lecture à voix haute n’était pas seulement considérée comme normale; on la jugeait aussi indispensable à la pleine compréhension. Augustin pensait que la lecture devait être rendue présente; que, dans les limites de la page, les scripta, mots écrits, devaient devenir verba, mots parlés, afin d’accéder à l’existence.

Pour lui, le lecteur devait littéralement insuffler la vie au texte, en remplissant l’espace créé d’un langage animé.

(cité par Jean-Marie Delgrange)

Un Choeur parlé issu de l’aventure Je vous écoute s’est constitué dans l’asbl Traverse et va proposer la saison prochaine des ateliers de lecture à haute voix, un atelier Chant avec Cindy Detrée, des Explorations littéraires (6 par an) autour d’un oeuvre, d’un auteur, d’un courant littéraire. Chaque Rencontre sera filmée et implantée sur le Site des Bibliothèques de Schaerbeek et de Traverse asbl…

A suivre donc…

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Marginales…suite

Posté par traverse le 24 juin 2009

La Revue Marginales, dirigée par Jacques De Decker, et pendant dix ans magnifiquement éditée par Luce Wilquin, embarque dans une nouvelle aventure dès la fin juin…

Marginales  Trimestriel des idées et des lettres Dirigé par Jacques De Decker  L’air du temps: des écrivains réagissent à un thème d’actualité par des fictions inédites  Chantiers et fragments: textes inédits ou œuvres en cours d’écriture La rose des vents: premières traductions françaises inédites 

Communiqué :   Le prochain numéro de Marginales aura pour titre « Tous dans le rouge ! » et sortira de presse à la fin du mois de juin. Si vous souhaitez vous (ré-)abonner à la revue, merci de verser le montant de 30 € (4 numéros) au compte ING: 363-0537391-51 ou IBAN:  BE75363053739151 (pour les versements de l’étranger).

 Marginales sera également en vente au numéro (10 € )dans les (bonnes) librairies. Vous pouvez également l’obtenir en écrivant à l’adresse revue.marginales@gmail.com et en versant le montant correspondant au nombre d’exemplaires souhaités.  

La Webradio littéraire « Espace Livres » et Marginales :  Sur « Espace Livres », vous pourrez écouter et podcaster la lecture par leurs auteurs des textes publiés dans Marginales. Un clic sur http://www.demandezleprogramme.be/-MARGINALES- 

Au sommaire du prochain numéro : 

Editorial  Jacques De Decker L’air du temps 

KENAN GORGUN  La botte secrète du Père Noël, ISABELLE BARY  Arno, Sarah, Lilou, et… César, RENE SWENNEN La dernière réincarnation d’Alfred de Musset, MICHEL VOITURIER Tout rougissant rougissant tout, JEAN-BAPTISTE BARONIAN Rouge Bashung , GERARD ADAM  Le Maître du Mont Xîn, ALAIN BERTRAND  La poubelle et la télévision, CLAUDE JAVEAU Le rouge à la boutonnière et au front , ALAIN DARTEVELLE Sans cœur,ROSE-MARIE FRANCOIS  À côté du sujet, LILIANE SCHRAUWEN  La fin de Dieu, MONIQUE THOMASSETTIE La fine fleur du Dragon  ELLEN PUINEL Sur la place  YVES WELLENS Signe des temps, COLETTE NYS MAZURE Entre deux fleuves, JEAN-PIERRE ORBAN Perrier, c’est fou, JACQUELINE DE CLERCQ Monochromie  FRANCOISE LISON-LEROY Vert poison, JEAN-LOUIS LIPPERT Krasnij, JEHANNE SOSSON Babylibéralisme …,JEAN-LUC WART Le mur, HUGHETTE DE BROCQUEVILLE Ces merveilleux nuages, DANIEL SIMON N’entrez pas dans ce lieu  

Chantiers et fragments Le carnet d’Hubert Nyssen  Vignette de couverture  Roland Breucker 

Marginales  163, rue de la Victoire , 1060 Bruxelles  revue.marginales@gmail.com  http://www.demandezleprogramme.be/-MARGINALES- 

Abonnement : Par versement de 30 € pour 4 numéros au compte  ING:  363-0537391-51 ou IBAN:  BE75363053739151 (pour les versements de l’étranger)  Vous pouvez vous abonnez et consulter le site Espaces Livres où vous trouverez en podcasts des textes du prochaiun numéro lus par les auteurs…

« N’entrez pas dans ce lieu »

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J’ai le plaisir d’y être accueilli avec la lecture de « N’entrez pas dans ce lieu » que vous pouvez écouter en cliquant sur le lien suivant…http://www.demandezleprogramme.be/Un-texte-fort-lu-par-son-auteur?rtr=y  Sur « Espace Livres » vous pouvez écouter ou podcaster les interview  des auteurs que rencontre… Edmond Morrel. Récents entretiens avec Amin Maalouf, Ken Folett, Philippe Bouvard, Gisèle Halimi, Eduardo Manet, Didier Decoin, Eric Orsenna etc…Il suffit de cliquer sur:
http://www.demandezleprogramme.be/-Espace-Livres-

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Je vous écoute…

Posté par traverse le 7 juin 2009

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Belle Ouverture de la Bibliothèque Sésame le 6 juin avec les lectrices et lecteurs de l’équipe Traverse… (www.mabiblio.be). Merci à chacune et chacun…

Réalisation d’un film disponible sur cette expérience de lecture, Enregistrement de la chanson Passe-Grissaille (musique André Bouchez, Interpètre Cindy Detré),Publication d’un opuscule Je vous écoute…(www.couleurlivres.be)

Plus d’informations bientôt…

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Sésame va ouvrir à Schaerbeek/Je vous écoute

Posté par traverse le 23 avril 2009

Dans le cadre de l’ouverture de la bibliothèque Sésame nous proposons les 2 et 6 juin (18h) une performance « Je vous écoute »…Nous ferons entendre la voix des lectrices et lecteurs des bibliothèques dans un Choeur parlé-chanté; un livre et une video créés spécialement pour l’occasion.

Avec l’aide de la CFWB. Concept et cration Daniel Simon

 Si vous voulez participer, contactez-nous…

nov_2008-13[1].jpgMadame, Monsieur,

Présentée à la presse tout récemment, la future bibliothèque de Schaerbeek est encore un chantier mais prend petit à petit ses quartiers sur le site de Kinétix, au boulevard Lambermont.

” SESAME, bibliothèque interactive” sera inaugurée officiellement le 2 juin à 18h00.

Un week-end de fête et d’animations est prévu les 6 et 7 juin.

Nous serions très heureux de partager avec vous ces moments forts et c’est pourquoi nous nous permettons déjà de vous suggérer d’inscrire ces dates dans votre agenda.

Georges Verzin,
Echevin de l’Instruction publique, de la Culture et des Bibliothèques

Stéphane Dessicy, Directeur

& L’équipe des bibliothécaires

Futur centre névralgique du réseau des bibliothèques de Schaerbeek, la bibliothèque Sésame remplacera la bibliothèque de la chaussée de Helmet. Riche de ses 1200 mètres carrés, elle offrira bien plus que des livres. Au niveau des services : il y aura des espaces d’animation, un petit amphithéâtre, des ateliers, des espaces publics numériques et de formation. A cela s’ajoutent les services de l’asbl Ludocontact qui y installera sa Ludothèque et de l’asbl Bibla ” lire en classe ” : 15 000 livres disponibles en trente exemplaires pour les élèves des écoles. La commune espère encore conclure un accord avec la médiathèque pour récupérer les collections d’autres centres aujourd’hui menacés. Lire également l’article de la Libre Belgique http://www.lalibre.be/actu/bruxelles/article/483971/  – Visitez www.mabiblio.be SESAME, Bibliothèque interactive  Boulevard Lambermont 200 1030 SCHAERBEEK 

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Hunza/Legros

Posté par traverse le 20 avril 2009

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(l’auteur en cascade de glace récemment) 

Après Shimshal, déjà paru chez Glénat ,www.glenatlivres.com,  qui se passait dans les contreforts de l’Himalaya, voici Hunza, un thriller méditatif, une remontée dans l’âme de celles et ceux qui se savent perdus dans les vallées…

Il y a près de deux ans, Jean-Claude Legros publiat La dernière fois qui avait fait alors sensation (collection Je, www.couleurlivres.be ), …il persiste et signe ce très beau livre que je vous invite à découvrir…

  Les présentations des éditeurs : 07/03/2009 

Quinze ans après la disparition d’un couple de jeunes Belges, une voyante ressent leur présence au fond de la vallée interdite de Misgar, dans le pays Hunza, au nord du Pakistan. Azrar, militaire pakistanais, est chargé de surveiller les allées et venues dans cette région proche du Wakhan Corridor afghan, théâtre de nombreux trafics. Alpinistes familiers de ces contrées, Jeanne et Paul sont frappés par les visions de la médium. Dans sa description minutieuse des paysages et des modes de vie, ils retrouvent ce qu’ils ont connu lors de leurs séjours dans cette vallée. Ils décident de partir pour Misgar, où Azrar tue son ennui en noircissant les pages d’un cahier d’écolier. Une impossible quête  commence pour Jeanne et Paul, à la fois persuadés qu’ils retrouveront les deux disparus, et effrayés d’y parvenir. 

Jean-Claude Legros transforme une aventure personnelle en un roman où deux voix se répondent : celle d’Azrar, exilé volontaire dans son désert des Tartares, et celle de Paul,  traversé de doutes et de certitudes, qui raconte son parcours d’homme et de grimpeur, et son amour d’un pays où la montagne règne. Jean-Claude Legros est né en Belgique en 1950. Passionné de montagne et d’alpinisme, il participe à plusieurs expéditions nationales, notamment en Patagonie et au Pakistan. Dans ce pays, il tombe sous le charme de la vallée de la Hunza. Il n’aura de cesse d’y retourner, quinze années durant. Jardinier indépendant de profession, il aime aussi tondre les mots, jouer du sécateur dans les phrases, tronçonner des chapitres. Il a publié plusieurs ouvrages, dont Shimshal par-delà les montagnes, aux éditions Glénat. Il collabore régulièrement à des revues spécialisées :  Altitude, Vertical, Alpinisme et Randonnée, Cimes… 

Extrait

[Azrar] Les nuages s’enfonçaient dans le sol quand je suis né. Le brouillard était si dense que  personne n’y voyait rien. Quand Mère ressentit la douleur des premières contractions, Père sortit de notre cabane. «Je vais chercher la sorcière. Faites bouillir de l’eau.» J’étais le neuvième bébé nourri dans le ventre de Mère. Deux de mes aînés avaient disparu, emportés par la maladie des pauvres gens. Père se mit une bâche de plastique sur la tête, puis il partit. Nous ne l’avons jamais revu. Il prit avec lui la petite boîte à trésors et les quelques roupies qu’il possédait avec Mère. La sorcière ne vint pas et l’eau refroidit. Mes frères, et surtout mes soeurs, aidèrent maman. Elles ne savaient quels gestes faire. Je suis né dans l’affolement des unes et la lourde inquiétude des uns. Plus tard, quand je fus en âge d’entendre et de comprendre les mots, mes soeurs me racontèrent la pluie qui vida les nuages ce soir-là, et la peau de tambour que devint le toit de la cabane. De grosses gouttes martelaient la tôle. Le chameau du voisin poussait des cris de panse vide. Des chiens aboyaient. Je vagissais et pleurais comme un crocodile. L’orchestre de la vie jouait confusément des airs de cacophonie. Mère saigna beaucoup. Mes soeurs épongèrent. L’une s’occupa de moi, essayant de calmer mes hurlements de nouveau-né. Les autres se soucièrent de maman. Deux de mes frères partirent chercher de l’aide. Ils coururent longtemps : nos oncles et nos tantes vivaient à Pir Wadaï, le quartier des marchés et des autobus. Pendant quatre kilomètres, ils se faufilèrent entre les marchands de bambous, les camionnettes, les motos et les charrettes tirées par des hommes ou des chevaux. Abid, qui avait dix ans, et Ashrar, peut-être sept, s’égarèrent dans cet enchevêtrement de ruelles encombrées d’étals de légumes et de viandes. Nul ne les renseigna : à Pir Wadaï, chacun survit comme il le peut. L’autre est un rival. Quand ils rentrèrent chez nous, maman était morte, exsangue. Je vivais depuis trois heures.

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Les sons de l’image, les chuchotis de la mémoire

Posté par traverse le 18 avril 2009

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La semaine du Récit de vie à la Maison du Livre vient de se clôturer par les Confidences des auteurs…

La photographie et le Récit photographique…voilà la matière traitée…

Un glacis, une surface sensible, une image fantomatique, une icône apparemment inerte…

Comme si le cadrage excluait le son qui déborde, qui emmène hors du cadre, qui décentre le regard dans l’écoute…

Les sons de la photographie, des bruissements, des chuchotis et des clameurs rentrées dans les obscurcissements de la mémoire, des traînées sonores qui passent à travers l’image, des tressements, des tuilages, des enchevêtrements longtemps inouïs et qui surgissent par à-coups de la photo pourvu qu’on lui tende l’oreille.

Ces exercices d’écoute de la photographie font partie des approches systémiques du matériau photographique.

Il s’agit de préciser que la photo, l’image dont nous parlons, est posée devant soi, imprimée, arrachée à l’appareillage technologique qui produit ses propres bruits, qui détourne en permanence l’attention à la matière et renvoie aux flux de pixels instables, invalides en matière de concentration mentale.

Dans l’atelier d’écriture, c’est le moment où surgisenet les fantômes sonores de la matière photographique…

Ecrits biographiques et la photographie 

Rappel de quelques réflexions et consignes émergées lors de nos trois rendez-vous d’ateliers…   

1.   Ecrivez ce qui est dans le cadre du point de vue factuel. Pas encore d’interprétation. 

2.   Idem hors du cadre. (ce que vous voyez les yeux fermés) 

3.   Faites le récit fictionnel qui lie les deux corpus. 

4.   Pointer des moments et faites des « agrandissements »… 

5.   Quel est le bruit dans la photo (paroles, souvenirs subliminaux,…) 

6.   Quelle est la place du narrateur dans le récit ? 

7.   Comment va-t-il faire intrusion dans le récit ?  8.   Quelle est la circulation du récit dans la photographie ? 

9.   A quels moments reviennent dans notre vie les photos de notre vie ?  Ecrire est d’abord un exercice d’admiration, d’imitation, de perversion et enfin d’invention… 

Les bains de révélation des photos de noirs ne sont identiques à celui des photos de blancs…  Nous sommes vus comme les mêmes par les autres (ethnies, peuples, couleurs, générations, …). La photo semble faire la différence… 

Le souvenir est fractal : il prend dans le détail la forme de l’ensemble…  A quoi sert le récit ? Entre autres, à donner du mouvement à ce qui semble immobile dans la photo… 

Une photo est toujours, mentalement et subliminalement, précédée et suivie d’autres…Invisibles mais que le regardeur voit. (L’enchaînement des séquences que la photo raccourcit et qu’il concentre dans l’ellipse photographique)  Le « fantôme » (le membre –fantôme est aussi présent mentalement que le membre réel).   Qu’en est-il de la photo-prothèse ?  De quels lapsus la photo s’alourdit-elle ?  La photo ne vieillit pas, c’est nous qui la vieillissons pour être en accord de temps ?  La photo d’identité est la plus petite…  La première photo serait le suaire du Christ ? On sait que c’est une fiction mais l’image tient et devient icône… 

Toute photo emprunte à une certaine idée de la cosmogonie.  La photo révèle ce que nous voulons soustraire et ne pas laisser disparaître…  La photo peut faire choc autoscopique et renvoyer le sujet à une sorte de sidération que le récit dénoue.  Qui prenait la photo ? Où est-il, elle ? 

Des réf. Sur le sujet photo :  La chambre claire, R. Barthes.
Sur la photographie, Susan Sontag. 
Les films Blow up et Reporters d’Antonioni… 

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Confidences / lectures à la Maison du Livre

Posté par traverse le 8 avril 2009

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La semaine du Récit de vie se clôture par une lecture publique que nous avons décidé d’appeler Confidences… Des auteurs, des participants aux ateliers de la Maison du Livre ou d’ailleurs, sont invités à se retrouver dès le vendredi 17 avril à 19h30 à la Maison du Livre pour une  lecture publique des textes qu’ils choisiront de nous confier…en confidences… 

Micro ouvert, public attentif, temps de lecture court (environ 5 à 7 minutes), la soirée est aussi le prétexte à des échanges autour des textes entendus… 

La semaine du récit de vie 

                            à la Maison du Livre, Saint-Gilles 

Les récits biographiques  et la photographie du 14 au 17 avril de 14h à 18h 

En quatre après-midi, nous allons travailler à partir d’éléments biographiques puisés dans le patrimoine photographique familial de chaque participant.

Ecrire des récits, fléchis par la fiction, arrimés aux fantômes que la photographie révèle, construire des séquences biographiques ou fictionnelles à partir de ce matériau, voilà le projet de ces cinq rendez-vous.

Le principe est simple : une photo par jour, un récit par jour et cinq séquences comme une main ouverte sur des temps mélangés. 

A la fin de la semaine, le 17 avril à partir de 19h30, les photos et les récits seront exposés durant la soirée (début 19h30) où chaque participant (e) et nos invités (celles et ceux que vous connaissez, des « anciens » d’autres ateliers, des auteurs désireux de venir lire (maximum 7 minutes par texte et participant (e)…) liront à micro ouvert…. Une occasion de confronter des approches d’écriture et de lectures en public des récits de l’intime… 

Dates : Du 14 au 17 avril de 14h à 18h  Prix : 100 euros, acompte de 50 euros 

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Un atelier d’écriture après les guerres

Posté par traverse le 23 mars 2009

Opération retour

Quelques-uns des 1 600 textes écrits par des soldats de retour d’Irak et d’Afghanistan, mis en images de manière saisissante et commentés par leurs auteurs. Que ressent un soldat qui part pour son premier combat ? Quelles pensées lui traversent l’esprit la première fois qu’il doit tirer sur un autre homme ? Comment s’accommode-t-il de l’idée que ce jour puisse être son dernier ou qu’il a tué un innocent ? Le programme « Opération retour : (d)écrire l’expérience de la guerre » lancé par la fondation National Endowment for the Arts les a encouragés à rendre compte, dans des ateliers d’écriture, de ce qu’ils ont vécu. Sous forme d’essai ou de courriel, de roman ou de bande dessinée, de poème ou de journal, plus de 1 600 témoignages ont ainsi vu le jour. À partir de cette trame littéraire inédite, Richard E. Robbins a tissé un documentaire émouvant et fort. Il met des images sur les mots et donne la parole à leurs auteurs, ainsi qu’à quelques vétérans du Viêt-nam, auteurs d’ouvrages souvent dérangeants sur la véritable nature de la guerre. (Etats-Unis, 2007, 81mn) ZDF Réalisateur: Richard E. Robbins

Encore à voir à partir du lien suivant jusque ce jeudi 26 mars 2009.

http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2509168,scheduleId=2471648.html
Alors que la presse francophone souvent encore ironise à propos des ateliers d’écriture (« quelle idée de vouloir former des écrivains…! », bien que cela n’est jamais le projet des ateliers, c’est intéressant de constater à quel point cette activité qui se développe depuis plus de trente ans en nos contrées, quand elle est menée avec une ferme exigence, peut décaler pas mal de blocages de mémoire, désentraver et rendre à nouveau accessibles les souvenirs, comme les distances critiques…).

 

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L’Atelier d’été à Schaerbeek

Posté par traverse le 16 mars 2009

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L’Atelier d’été à Schaerbeek 

En juillet et août, des ateliers d’écriture dans les bibliothèques de Schaerbeek 

Bibliothèque 1001 pages (Place de la Reine, 1 – 1030 Schaerbeek) 

Ecrire des histoires : du polar au conte noir….du récit aux nouvelles 

Jouer, découvrir, inventer, tirer le fil, construire, reprendre, achever…et en refaire un autre…Ecrire en atelier, une façon de s’épauler pour se mettre à l’œuvre…  Chaque participant bénéficiera d’un entretien individuel à propos de son travail. Avec Daniel Simon, écrivain, éditeur et Christina Van Tuijcom, auteur, animateur d’atelier d’écriture, enseignant. 

Du 6 au 10 juillet de 14h à 17h. PAF : 100 euros.

« Ta vie, mode d’emploi »  Par l’écrit, le dessin et autres collages, réalisez votre portrait d’identité comme une posologie…ou un mode d’emploi 

Avec Christine  Mobers, scénographe, costumes designer, dessinatrice, auteure de spectacles biographiques  Pour tous. 

Du 17 au 21 août de 14h à 17h.  PAF : 100 euros. 

Bibliothèque Sésame (Boulevard Lambermont, 200 – 1030 Schaerbeek) 

Ecrire du son, des images, faire des films à placer sur le Net…  Pour adolescents et adultes.  Avec Daniel Simon et Christian Van Tuijcom, écriture et Jacques Deglas (son et images)  Un premier atelier de 5 jours (une expérience qui se renouvellera en 2009-2010)  Du 10 au 14 août de 14 à 18h.  PAF : 100 euros (adultes) – 50 euros (de 13 à 18 ans) 

Les Ateliers d’écriture de récits et nouvelles reprendront en octobre 2009 (10 séances le mercredi- 135 euros). Vous pouvez déjà vous inscrire. 

Renseignements/inscriptions :
Daniel Simon – 86/14 avenue Paul Deschanel – 1030
00.32.2.216.15.10 ou 00.32.477.76.36.22
traverse@skynet.behttp://traverse.unblog.fr. Tous les ateliers peuvent être payés en plusieurs fois au compte 068-2144376-24 de Traverse asbl. A l’initiative de Monsieur
Georges Verzin, Echevin de l’Instruction publique, de la culture et des bibliothèques et de Traverse asbl

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La semaine du récit de vie

Posté par traverse le 3 mars 2009

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Les récits biographiques et la photographie 

En quatre après-midi, nous allons travailler à partir d’éléments biographiques puisés dans le patrimoine photographique familial de chaque participant. Ecrire des récits, fléchis par la fiction, arrimés aux fantômes que la photographie révèle, construire des séquences biographiques ou fictionnelles à partir de ce matériau, voilà le projet de ces cinq rendez-vous. Le principe est simple : une photo par jour, un récit par jour et cinq séquences comme une main ouverte sur des temps mélangés.  A la fin de la semaine, le 17 avril à partir de 19h, les photos et les récits seront exposés durant la soirée (début 19h30) où chaque participant (e) et nos invités (celles et ceux que vous connaissez, des « anciens » d’autres ateliers, des auteurs désireux de venir lire (maximum 7 minutes par texte et participant (e)…) liront à micro ouvert…. Une occasion de confronter des approches d’écriture et de lectures en public des récits de l’intime… 

Animé par :
Daniel SIMON, écrivain, animateur d’ateliers d’écriture depuis une trentaine d’années en Europe et en Afrique, éditeur.

Dates : Du 14 au 17 avril de 14h à 18h Prix : 100 euros, acompte de 50 euros

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Revue Parenthèses N°2

Posté par traverse le 3 mars 2009

Après un premier numéro qui faisait le point sur l’état et le développement du secteur, nous ouvrons aujourd’hui une parenthèse consacrée aux ateliers d’écriture littéraire. Il nous semble en effet indispensable de redéfinir cette notion, de soulever quelques pistes de réflexion essentielles. Les pratiques chez nous ressemblent-elles au « creative writing » ?

Comment un atelier littéraire peut-il accompagner les participants dans la création ?  

Ce sont deux regards, complémentaires, qui composent le dossier : ceux de Claudine Tondreau et de Marie-Andrée Delhamende qui ont accepté de partager la réflexion que sus­citent en elles leurs pratiques respectives. Le portrait ajoute un point de vue encore sur cette thématique, celui de Hubert Haddad, écrivain animateur, auteur notamment du Nouveau magasin d’écriture. 

Parenthèse s’enrichit déjà d’une nouvelle rubrique, destinée à revenir sur le dossier du numéro précédent pour vous en communiquer « les suites ».

Pour inaugurer cette rubrique, deux participantes de la formation « animer un atelier d’écriture » proposée par Kalame et Indications fin 2008 en collaboration avec le Ministère de la Communauté française, évoquent pour vous ce qu’elles on retiré de ces trois journées. 

Bonne lecture, et rendez-vous en mai prochain pour la suite de l’exploration du secteur. Nous nous pencherons cette fois sur les rapports entre la pratique de l’écriture créative et le développement personnel. 

Editorial 3  

Dossier : Les ateliers littéraires  

1. L’atelier d’écriture littéraire :  

l’éveil, l’émoi, la puissance 5  

2. De la passion, de la fascination  

et du plaisir d’une animatrice 17  

Portrait  

Hubert Haddad 31


On étouffe ici ! Permettez que j’ouvre une parenthèse” Alphonse Allais

Kalame et Indications présenteront le deuxième numéro de la revue “Parenthèse”, consacré aux ateliers d’écriture littéraire, lundi 9 mars à 15h au Café Europa de la Foire du Livre.
Intitulée « Initier les jeunes à  la critique », cette rencontre présentera d’autres publications de Indications.
Une permanence « Kalame » se tiendra ensuite au stand « Espace Poésie » (Stand 118), où rencontres et échanges seront possibles.
Vous êtes cordialement invités à nous y rejoindre.
N’hésitez pas à faire circuler l’information.

Parenthèse #1 (nov 08) :
Dossier : Les ateliers d’écriture aujourd’hui, par Vincent Tholomé et Réjane Peigny
Portrait : Eva Kavian

Parenthèse #2 (mars 09) :
Dossier : Les ateliers d’écriture littéraire, par Claudine Tondreau et Marie-Andrée Delhamende
Portrait : Hubert Haddad

Pour obtenir la revue :
A la Foire (stand Espace Poésie – 118)
Chez votre libraire (la commander via CARAVELLE)
Par mail à revueparenthese@gmail.com précisez la formule souhaitée : #1, #2, abonnement etc.)
Par téléphone 02 218 58 02
Via le site de Indications : abonnement ou vente par N°

PRIX :
4 euros / N°
10 euros / 3 N°, frais de ports offerts

Contact presse : leroy.indications@yahoo.fr OU rejane@kalame.be

L’équipe de Parenthèse : Kalame : Pascale Fonteneau et Réjane Peigny – Indications : Thierry Leroy et Vincent Tholomé

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Actualités Foire du Livre…Collection Je

Posté par traverse le 1 mars 2009

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…notre Foire du Livre à Tour et Taxis Bruxelles 

du 5 au 9 mars 2009 Editions Couleur livres et Traverse asbl 

Vous comptiez y aller ? 

Je serai en permanence au stand des éditions  Couleur

Livres (Stand N° 117) les 5, 7, 8 mars où je présenterai les deux derniers ouvrages

parus dans la collection Je : 

Exil aux Marolles  de Inge Schneid 

Mais que s’est-il donc passé au cœur des Marolles au milieu de la deuxième guerre mondiale ? 

Comment certains ont-ils pu livrer le meilleur de l’homme en sauvant, protégeant, accueillant les plus faibles et d’autres, parmi ces faibles, qui soudain les dénonçaient à la Gestapo ?  L’histoire est connue : des salauds et des Justes cohabitent toujours au milieu de la Cité…En 1942, Inge Schneid a 12 ans, elle est juive et laïque, comme toute sa famille. Soixante ans plus tard, elle écrit, pour nous, pour les siens…Ce que la mémoire conserve et que le souvenir éclaire nous appartient définitivement comme une expérience intime. Ce récit est drôle, émouvant, fort, trépidant et enivré de soif de vivre et de rire… 

«  Je vivais une enfance heureuse entourée de nombreux oncles et cousins. Nous occupions une jolie maison entourée d’un jardin au bord du Danube où je faisais mes premières  brasses. Une famille chaleureuse. Que fallait-il de plus pour être heureux ? Tout bascule lors de l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne en 1938 par les nazis. Vite, la fuite et l’immigration en Belgique, l’hostilité de la population envers nous parce que nous parlons allemand, la langue de l’ennemis. Et toujours, l’angoisse, la misère au sein des Marolles, la mendicité, le Mont-de-piété étaient notre quotidien. C’était en 1942 au cœur de Bruxelles… »  L’auteur publie ici son premier récit. Elle est très active dans les ateliers d’écriture et prépare un deuxième livre à propos de sa vie en Afrique. 

Debout en bout  de Monique L 

C’est ainsi que, lentement, par paliers, je pris conscience d’avoir été la créatrice de mon Dieu-Père. D’avoir modelé une statue en fonction de mes besoins, mes désirs, mes projections (…) Tâtonnant pour chercher à toucher, voir, sentir encore cette idole que j’aimais tant, dont j’avais tant besoin, je ne faisais que la désagréger un peu plus, amas de pierres gisant à mes pieds (…)  Le choc fut terrifiant. 

Une enfance privée de père dans une famille dévote, une adolescence maladive, un viol, une soif d’absolu mêlée de fantaisie et de joie de vivre, déterminent la vocation de Monique L, religieuse et missionnaire. 

Jusqu’au jour où elle se révolte contre les indélicatesses qu’on l’oblige à commettre.  C’est la plongée dans les ténèbres, aux confins de la folie, mais où elle saura saisir toutes les mains qui la feront progresser sur un chemin de souffrance vers la liberté intérieure. Ce chemin de vie sans concession, sans jamais faillir à « une sincérité, une loyauté effrayantes », comme le lui dira un théologien, nous rappelle que toute institution peut être broyeuse d’humanité. 

Des auteurs de la collection Je (la collection des Récits de vie) seront  également régulièrement présents…Jean-Claude Legros, Claire Ruwet, Vincent De Raeve, Nicole Versailles,… 

Sur le stand 117, le samedi 7 mars de 16 à 17h, séances

dédicaces de Inge Schneid, Monique L, Daniel Simon…  Dimanche de 16 à 17h : Daniel Simon 

Et à la Maison du Livre, rue de Rome 1060 Saint-Gilles,  le samedi 7 mars de 12h à 13h

je participerai aux Donneurs (avec des écrivains belges, québécois,…)  Une rencontre d’écriture publique… Un auteur écrit pour vous, ce que vous souhaitez, et le tout est gratuit, car « ce qui n’est pas donné est perdu… » 

(Coordination Belgique- Québec, Jack Keguenne)

www.couleurlivres.be    Pour infos : 0477/763622     traverse@skynet.be 


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Le texte, la lecture, l’atelier…

Posté par traverse le 24 février 2009

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Dans l’atelier d’écriture, quelque chose se passe qui n’a lieu ni avant ni après la rencontre et le travail, une écoute attentive lors des lectures des textes écrits pour ou dans l’atelier, une écoute tendue bien au-delà du texte, du sens, de l’histoire, de la narration, quelque chose qui se loge dans les voix, dans les voix qui lisent et qui hésitent, profèrent ou murmurent. 

Dans ces voix, beaucoup de corps, de hors-de-soi, de présent rameuté par le passé que recèle chaque texte, un passé qui s’échappe par ces voix justement, saturées ou claires, tombant à l’intérieur ou projetées dans l’espace de l’atelier ; ces voix sont ce qui reste de présent dans cette momentanée disparition de chacune et chacun dans le temps de la lecture.   

Disparaître un temps pour laisser le texte faire sonner les harmoniques lointaines, faire entendre les résonances musicales qui font teinter les matières sonores de la langue, se retirer et laisser le texte prendre place au cœur de cette écoute collective. Ce n’est plus alors un récit que l’on entend mais la peur du récit, la joie du récit, la crainte et la jubilation de l’audace, le questionnement au cœur d’apparentes affirmations qui sont incrustées dans la matière du récit…  

La lecture du texte pose le récit dans une oralité qui dévoile d’emblée les fausses inventions, dégage les secrets subtils que l’on prononce dans le dédale et le sinueux.  Les voix sont la médiation d’un corps surexposé dans le texte et qui se délivre dans le simulacre du récit. Ces voix sont alors des flux de phonèmes que le récit articule dans l’intimité de l’atelier. 

Mais cette intimité est aussi un leurre, chacun y dénonce, par cette ouverture du récit dans la lecture, des tensions qui ne peuvent être prononcées dans la parole commune de l’intime mais plutôt dans la distance de la profération, de la projection ou d’une lecture qui trouve son énergie dans les mots et non dans les émotions effleurantes. La manducation des sons et des silences organise une écoute qui déplace l’oreille sans cesse du texte vers la lecture oralisée et du lecteur vers l’expérience intime de l’auditeur.   

Lire un texte en atelier, c’est aussi donner à entendre du matériau inouï et le livrer instantanément à l’insuffisance de l’écoute. Il est, dans le même temps, ouvert par la lecture et fermé par le lecteur si celui-ci s’interpose par des effets de voix, des intonations liquides et dispersées, des raideurs ou des lâchés dans les liaisons et les ruptures syntaxiques. Cette ouverture-fermeture s’apprend en atelier, chacun est un lecteur mais chacun doit décider de lire et non de sur-apparaître en lieu et place du texte qui se satisfait d’une langue nette et retenue, constituée de mots, de ponctuations, de silences, de reprises,…pour se déplier dans l’oreille de chacun.  

Cette oralisation continuelle, qui est le moteur des ateliers d’écriture, déplace souvent chaque texte vers des affects qui n’ont rien à voir avec l’écriture-même mais qui mettent en exergue les éléments de la représentation du récit et finissent par faire spectacle de l’écriture à un moment d’écoute qui ne devrait pas accueillir alors cette surexploitation des affects, émotions et contentements immédiats.   

Ce processus engage les auteurs participants à l’atelier à des exercices périlleux de mémoire et d’oubli conjoints… Le texte qui se fait et se défait dans l’écoute s’appuie sur la mémoire intime de chacun (à quoi me relie mon écoute, en quoi suis-je relié à ce texte lu ?) et simultanément sur la capacité d’oubli de l’auditeur qui cherchera à ne pas recouvrir l’écoute du texte de l’autre de ses propres réponses, de ses clichés, de ses rationnelles catégories, … Lecteurs et récits sont alors dans des jeux de points et contre-points qu’il s’agit peut à peu de refroidir jusqu’à la deuxième phase (habituellement) qui est la confrontation à la lecture individuelle du texte sans les voix et qui s’appelle joliment lecture silencieuse…    

Les lectures sont libres mais la plupart des auteurs ne se délient pas de leur texte à la lecture, ils se logent dedans, écrasent la phrase de la voix, font de l’affect le bénéfice premier du spectacle de la mise en voix, se diluent dans l’émotion et rétrécissent la distance entre le texte et le lecteur. 

Cette distance, justement, fait mystère, tension, étrangeté et rencontre de l’autre soi-même qui se fait entendre dans le dispositif du texte. Il y a souvent, trop souvent et ceci est presque toujours tu dans les ateliers, une subtile pygmalisation de l’auteur par son propre texte. 

Celui-ci tombe alors souvent en amour ou désamour de sa production, se joue ainsi un narcissisme émotionnel qui renvoie l’écriture au spectacle de l’écriture et la tension produite par une lecture franche, et qui pourrait éveiller l’auditeur-auteur à un sentiment d’étrangeté devant son propre écrit, à la simple mise en jeu des inflexions et des facilités vocales que le lecteur impose au texte.  

L’auteur s’écoute en auteur, aime tellement son texte, ne prend plus en compte ce qui devrait résister justement dans l’écriture à cette échappée par la séduction vocale. Lire soi-même son propre texte en atelier produit régulièrement plus de lissage hypnotique que de révélation.

Lire le texte d’un autre, par contre, c’est se confronter à un défi de mise en bouche qui vérifie à l’instant les stratégies internes du texte pour tenir et se tendre ou, par ailleurs, s’effondrer dans des facilités que cette distance dégage et met à jour. Il s’agit alors d’une première édition sonore du texte. Il s’agit enfin de détacher le texte de l’auteur dans la proximité de l’atelier et ne pas faire encore et encore de l’écriture cette petite musique qui réjouit les cœurs et fait tomber le sublime dans le kitsch des fausses inventions. 

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« Je vous écoute… « 

Posté par traverse le 22 février 2009

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Bibliothèques de Schaerbeek et Traverse asbl  

Lecture-performance à l’occasion de l’ouverture et de l’inauguration de la bibliothèque Sésame 

Chère lectrice, chère lecteur, L’ouverture d’une nouvelle bibliothèque est toujours une victoire sur l’ignorance et le défaitisme. La commune de Schaerbeek, sous l’impulsion de l’échevin de la culture, des bibliothèques et de l’Instruction publique Georges Verzin, nous convie aux fêtes d’inauguration de la nouvelle bibliothèque Sésame implantée dans le complexe Kinetix qui auront lieu les 15 et 16 mai. Cette inauguration sera l’occasion de créer de multiples rencontres avec le public. L’A.S.B.L Traverse a été mandatée pour créer une performance adaptée aux circonstances… 

Elle proposera un concert parlé de sentiments, de pensées, de réflexions, d’apostrophes adressés par les lecteurs à la Bibliothécaire.  Cette performance s’intitule « Je vous écoute… »  Un livre sera publié sous le même titre et diffusé dans les bibliothèques et lieux culturels de Schaerbeek dès la mi-mai. Cet évènement sera constitué donc de paroles mais aussi d’images (vidéo de Jacques Deglas) et de sons (piloté par Hamina Arar).  Dès la mi-mars, nous rencontrerons les personnes intéressées par ce projet et souhaitant y participer.  La réunion est prévue le 14 mars à 14h à la bibliothèque Mille et une pages (1, place de la Reine 1030 Schaerbeek). 

En quoi consiste notre appel à participation ? ·         Je souhaite faire partie du chœur des lectrices/lecteurs                                                                                      OUI/NON 

  • Je souhaite apporter ma contribution à l’organisation générale                                                                                                          OUI/NON 
  • Je souhaite « récolter » ou écrire ces phrases de lecteurs                                                                                                                                 OUI/NON
  • Je serais à la réunion du 14 mars                                                                                                                                                        OUI/NON 
  • Dans l’édition du livre « Je vous écoute… » nous souhaitons ponctuer les textes de photos de lectrices et lecteurs. (petit format identité). Je souhaite faire partie des portraits                                                                                                                                                                                        OUI/NON 
  • Je fais la suggestion suivante………………………………………………………….. 

La participation à l’évènement « Je vous écoute… » est volontaire et gratuite.  Les répétitions de « Je vous écoute… » auront lieu fin avril et début mai (trois répétitions).Elles auront lieu le 13 mai en soirée (19h) à la bibliothèque Sésame. En vous remerciant déjà pour votre collaboration et en nous réjouissant de nous rencontrer bientôt, bonnes lectures. 

Pour L’A.S.B.L Traverse,  Daniel Simon
 

Promoteurs du projet 
- Commune de Schaerbeek- Echevinat de l’Instruction publique, de la Culture et des Bibliothèques
- Bibliothèque locale Schaerbeek-Evere, Ch de Helmet 272 – 1030 Schaerbeek, reconnue et subsidiée par la Communauté Française
- Bibla – Asbl, Rue de la Ruche, 30 – 1030 Schaerbeek
Superviseur : Stéphane Dessicy, bibliothécaire dirigeant. Place de la Reine 1 – 1030 Schaerbeek
sdessicy@schaerbeek.irisnet.be 
     Site internet :http://www.mabiblio.be« www.mabiblio.be

La réalisation du projet est confiée à l’asbl Traverse.
http://traverse.unblog.fr  00.32.2.216.15.10      0477763622  

Avenue Paul Deschanel 86/14 1030 Schaerbeek 

Chaque participant recevra un exemplaire du livre et du DVD édités pour l’occasion. 

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Ecriture de voyage

Posté par traverse le 19 janvier 2009

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Et dans la même veine du voyage, le blog de Vincent Depaigne

http://geoperso.uniterre.com/

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Des récits grandeur nature

Posté par traverse le 7 janvier 2009

Médhy Attar est guide, voyageur, marcheur, skieur, alpiniste, professeur et bien d’autres choses encore…Toutes ces activités le ramènent régulièrement près du feu et des souvenirs. Il écrit de bien belles histoires et vous pouvez les découvrir en allant sur son site…ou en les commandant dans les bonnes librairies…

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L’appel des steppes

Médhy Attar nous peint une épopée aventureuse et rocambolesque vécue dans les immensités des steppes de Mongolie.  De là, jailliront des réflexions nées d’une confrontation sans artifices avec un peuple pour qui les notions de propriété privée et de «steak sous cellophane» sont aussi incompréhensibles que le serait l’inverse pour la plupart d’entres nous.

Le chant du troglodyte

Adrien a tout perdu.  Il n’a pas d’autre solution que de trouver refuge dans une cabane perdue au milieu des bois.  Mais rien ne l’y a préparé.  Il connaîtra la déchéance.  Mais très vite, la nature et les hommes qui connaissent son langage lui permettront de se retrouver et de faire naître en lui une mélodie où se conjuguent le chant des oiseaux et le doux murmure de la conscience.

Médhy Attar
Grandeur Nature asbl
grandeurnature@skynet.be
www.grandeurnatureasbl.be
+32.498.27.31.28

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Voeux 2009

Posté par traverse le 29 décembre 2008

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2008 s’éloigne et nous a laissés étonnés, épatés, effarés…

Que 2009 nous enthousiasme…. 

 

 

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Sauver l’école

Posté par traverse le 20 décembre 2008

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Dessins de Serge Goldwicht

L’école à brûler Daniel Simon 

 

 Aujourd’hui des jeunes, souvent des enfants, mettent le feu aux 

écoles, aux crèches, aux centres de jeunesse et de culture. Ils brûlent 

et saccagent ce qui devrait les accueillir et les accompagner vers 

l’émancipation sociale si ce n’est le bonheur. 

Daniel Simon se glisse peu à peu dans la peau d’un de ces enfants. 

Pour percevoir cette fureur plus que pour l’expliquer. Cette descente 

dans la colère d’une génération suit le fi l d’un récit qui met en scène 

et en jeu les objets, les relations, les signes, les symboles d’une école 

qu’il fréquente depuis cinquante ans. 

C’est à un inventaire joyeux et amoureux, nostalgique parfois, qu’il 

met la main. De l’élève au professeur qu’il est devenu, il y a aussi son 

approche de l’intérieur : il fait du théâtre dans les écoles, il forme 

des enseignants, il raconte des histoires, il présente ses livres et ceux 

des autres. 

Mille entrées pour raconter le péril d’une école sous haute tension 

aujourd’hui…

 

E(cole)P(arents)E(ducateurs) Mars – Mai 2009

 

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Revue de la Maison de la Francité n° 54

2e trimestre 2008    Brèves

Sauver l’école

Voici une approche toute personnelle de l’école à travers ses odeurs, ses bruits et ses cris par un auteur qui la fréquente depuis cinquante ans. De l’élève au professeur qu’il est devenu, Daniel Simon retrace la naissance de la colère d’une génération à l’égard de l’institution scolaire. Autrefois respecté, le métier de professeur aujourd’hui méprisé reste pourtant vital dans notre société. Teinté d’humour, de tendresse et d’espoir, un récit qui suscite la réflexion.

Daniel SIMON, L’école à brûler, Bruxelles,
Couleur livres, 2008, Collection Je.

L’école à brûler n’est pas un souhait ni une plainte nostalgique d’une école parfaite (qui n’a jamais existé) mais la tentative de description d’un processus de dégradation. La narration de cette maladie annoncée de l’école se nourrit de l’expérience de l’auteur et des épisodes d’une génération qui a vu peu à peu se dénouer les liens qui fondent le vivre ensemble 

La Carnet et les Instants, n° 152 (juin-septembre 2008)

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Merci Leoparleur… et son Grand Lustucru http://www.lastfm.fr/music/L%C3%A9oparleur

(si il y avait une musique de livre, ce serait pour L’école…, celle-ci…Régalez-vous…)

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